Schweyk dans la deuxième guerre mondiale de Bertolt Brecht
( Schweyk im zweiten Weltkrieg)
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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Dénonciation ironique de la guerre
Schweyk dans la seconde guerre mondiale
Schweyk vit à Prague et vivote comme il peut en faisant le commerce de chiens. Sa vie, ses amis, c'est le Calice, petite auberge un peu triste où se retrouvent les habitués du quartier pour discuter des rations de pain, de viande et débattre avec fougue sur cet Hitler qui fait tant parler de lui.
Schweyk est un être insaisissable, faussement idiot et réellement malin; Le SS Brettschneider en parle ainsi:
Les déclarations de schweyk au Calice ressemblaient à celles d'une personne débile qui sort des insanités de telle façon qu'on ne peut rien prouver contre lui.
Voilà tout le portrait de notre homme qui va ainsi traverser cette magnifique petite pièce en frollant l'exécution et en y échappant à chaque fois avec malice.
Schweyk ménage souvent la chèvre et le choux et c'est ainsi qu'il flatte l'honneur de la patrie et le devoir d'obéissance à l'ordre établit tout en le critiquant pour mieux dénoncer l'horreur infligée aux tchèques, le rationnement, les privations, le STO. cette dualité est permanente chez Schweyk, et d'ailleurs dans la scène 4 il se lance dans la géopolitique non sans humour:
Si nous voulons conquérir le monde, et pourquoi pas, nous devons travailler jusqu'à suer du sang. Nous devons tendre la main aux Japonais par de là les Indes....Le turc ne nous prépare pas d'insomnies, il déteste le Grec et dans la dernière phase l'anglais sera avec nous d'après ce que j'ai entendu......Toutes les guerres ont été menées pour du beurre, des lois ont été promulguées pour lui, des livres écrits mais notre Benes quand il était encore président, a eu un plan qui était super. Quand les nazis ont envahi les Sudètes, ce qui était insolent, vu que nos alliés avaient déjà rompu leur alliance, ils ont percé plus vite que prévu, alors le Benes nous a rassuré à la radio, il a dit: "J'ai un plan" C'est un plan qu'il a pas pu rater, parce qu'il avait un aéroplane dans lequel il est monté et part en douce.
Brecht se sert également en arrière plan de Baloun (éternel affamé), l'un des amis de Schweyk, pour faire un constat simple:
En temps de guerre, s'engager dans l'armée signifiait pour beaucoup qu'on allait pouvoir manger en profitant du rationnement prioritaire des soldats, ce qu'explique encore Schweyk au travers de son échange avec l'aumônier:
Faut vous concentrer et allonger le pas, régulier, sinon vous arriverez jamais à Stalingrad. Je ne suis pas contre la guerre, et je ne marche vers Stalingrad pour rigoler, j'y vais parce que, comme le disait déjà le cuistot Naczek pendant la première guerre mondiale: "Là où les balles sifflent se trouve la cantine"
J'ai vraiment apprécié cette nouvelle découverte de l'univers de Brecht, la façon dont il a su tirer partie des horreurs de la guerre en utilisant l'humour comme arme et le pragmatisme pour tenter de comprendre comment certains en sont arrivés à s'engager dans cette guerre.
Les éditions
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Schweyk dans la Deuxième Guerre mondiale [Texte imprimé] Bertolt Brecht trad. de Louis-Charles Sirjacq
de Brecht, Bertolt Sirjacq, Louis-Charles (Traducteur)
l'Arche / Scène ouverte.
ISBN : 9782851815934 ; 10,00 € ; 29/04/2005 ; 104 p. ; Poche
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