Un Pouvoir nommé Désir de Catherine Nay

Un Pouvoir nommé Désir de Catherine Nay

Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par TELEMAQUE, le 3 février 2007 (Inscrit le 9 février 2006, 76 ans)
La note : 7 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 535ème position).
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Les aventures du Petit Nicolas

On a un peu peur au début de ce livre de se retrouver devant l'exercice habituel de passage à la brosse à reluire auquel sont accoutumés les journalistes politiques. Le livre de Catherine Nay ratisse large dans le côté anecdotique, promo sur les plateaux de télé oblige...
L'inévitable parcours du Petit Nicolas, sensé expliquer, plutôt façon "people" le caractère bondissant du sujet par une enfance sans père, l'itinéraire d'une bête de politique, sans oublier Niko et Cécilia, c'est bien le côté "people" qu'on pouvait craindre.

La politique, le projet, c'est l'habituel oubli des journalistes politiques: de projet, point question, de vision politique, pas plus ; mais la politique politicienne alors là on est servi. Nous voilà en plein dans la Florence des Médicis, y'a du poignard dans les coulisses. C'est l'irrésistible ascension de Nicolas S. parti tout gamin à la conquête d'un appareil de pouvoir poussiéreux, sclérosé, chasse gardée de ses éléphants: le RPR. C'est la conquête de la Mairie de Neuilly, enlevée à la hussarde, la conquête de Cécilia, ravie à son mari J.M, c'est la prise de la place Beauveau poste avancé du premier flic de France, titre revendiqué. La politique politicienne, ses dessous, ses anecdotes voilà qui tient lieu de matière à ce livre, la politique spectacle, Shakespeare à poignards de théâtre. Cette politique qui fait la délectation des plumitifs de tout bord. Pas la vraie vie en quelque sorte. Les pièges les traquenards et le détail humain c'est plus vendeur.

Mais, au travers du portrait de l'homme pressé, l'homme qui court toujours après quelque chose (on le sait c'est le pouvoir), se dessine en filigrane quelqu’un d’autre. Toute cette agitation doit bien cacher quelque chose, mais quoi? C'est ce que Catherine Nay nous fait ressentir, en demi teinte, en catimini presque, avec une pudeur qui veut sans doute faire oublier le passage obligé de la brosse à reluire. C’est une posture, mais pas seulement une posture.

Et le portrait se précise. Il est "de droite, avant d'être libéral", et il ne veut pas "jouer petit bras" : ces définitions sont de lui. Il se réclame donc des valeurs de la droite, "travail, mérite, discipline, équité, famille", sans oublier ce zeste d'autoritarisme sans lequel il est difficile de gouverner la France ce pays bizarre toujours en train de hurler au fascisme en réclamant l'usage de la férule. Clémenceau, homme de gauche qui a su plusieurs fois dans des circonstances graves, voire tragiques, imposer de manière autoritaire les vues qui selon lui devaient sortir la France de l'ornière, et qui y a réussi. De Gaulle dont l'autoritarisme était une des cible préférée de ses adversaires, autoritarisme certes mais en aucun cas penchant à la dictature. Que l'on se rappelle son discours sur le quarteron de généraux, ou ce mot : « ce n'est pas à 76 ans que je vais commencer une carrière de dictateur ».

Ce sera la méthode Sarko. La pression dans le dialogue, la main de fer dans le gant de fer. Le ministre de l’Intérieur, ministre des Cultes, arrachera à l’Islam de France l’engagement de travailler ensemble à la mise en place d’un Conseil français du culte musulman. Le Mufti de Marseille évoquera la « main napoléonienne ». Sa filiation politique c’est le bonapartisme, ce mélange de croyance en l’Etat, d’autorité, de dirigisme, y compris en matière économique.
Libéral lui, Nicolas? Colbertiste vous voulez dire. Lorsqu' il empêche le rachat d'Aventis par un groupe suisse et que dans le plus pur style gaullien il explique:" Les Etats-Unis, champions du libéralisme, n'hésitent pas à prendre des mesures protectionnistes pour protéger leurs entreprises nationales. Et nous, que l'on soupçonne de protectionnisme, nous ne serions pas capables de retenir nos industriels sur le sol de France?"

"Il a donc voulu démontrer que le volontarisme et la démocratie marchent en couple" nous dit Catherine Nay, pour qui il n'est pas l'ultra-libéral que l'on soupçonne.

Autre exemple: pour éviter le rachat d'Alsthom par un groupe allemand, il est allé, ministre des finances, plaider le dossier à Bruxelles auprès de Romano Prodi, bien entendu hostile à une recapitalisation par l'Etat. " Vous voulez du sang sur les murs?" lui balance Nico. Alsthom sera recapitalisée par l'Etat, restera française. Il avait déjà dit au président d'Aventis, tenté par un rapprochement avec le suisse Novartis :" le gouvernement ne peut pas vous aider, mais il peut vous emmerder".
Où l’on voit que le style c'est l'homme et qu’il est souvent nuisible d’être trop policé pour être efficace. Le pragmatisme, quoi.
Sa faiblesse, qu'il reconnaît semble-t-il, est peut-être de parler trop vite et trop brutalement. Le Kärcher en est la démonstration, tout comme la "racaille". De là à le diaboliser, c'est évidemment le jeu de la politique politicienne: s'offrant aux médias, il est la cible de la clientèle des médias.

Promis, il va s'acheter une conduite. Toujours pragmatique Nicolas. En tout cas, nous voilà édifiés et ses amis prévenus: une fois à l'Elysée il ne sera l'otage de personne... Sacré Petit Nicolas: on dirait bien qu'il a réussi son O.P.A sur la cour de récréation.

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Histoire d'un parcours

8 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 29 mars 2008

Sarkozy est ambitieux, et depuis toujours. Il a tué le père, qui a lui-même trahi : il a rallié Balladur en abandonnant Chirac, comme ce dernier l'a fait en soutenant Giscard d'Estaing en plantant Chaban-Delmas.
Il a pris à la hussarde des places fortes, Neuilly-sur-Seine, à la mort d'Achille Peretti, contre Charles Pasqua, l'UMP contre la volonté du Président de la République.

L'actuel Président de la République française a les dents longues depuis toujours, mais étant très direct, presque trop.

Ce livre est croustillant d'anecdotes, et en est presque trop rempli, au risque de manquer un brin d'analyse, laissée au lecteur.
Mais il a le mérite de retracer une suite d'ambiances, sur trente ans, ce qui est une prouesse. L'auteur a le don de recontextualiser. Le style est alerte, vif, si bien que ce livre se découvre comme un roman, avec un léger manque de recul : Catherine Nay, comme beaucoup de journalistes, s'enferme un peu dans le présent, et une suite de scènes, puisqu'il s'agit ici d'une rétrospective, et se cantonne d'une sorte de saga, que l'actualité met au coeur d'une vie nationale.
Cet ouvrage est utile : des traits de caractères, des facettes, se font découvrir au grand jour, mais manque donc un peu de recul. Il est sans doute un peu tôt pour en faire une analyse historique.

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  Précisions: j'ajoute 1 TELEMAQUE 4 février 2007 @ 11:40
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