Au régal des vermines : Précédé de Le Vingt-septième Livre de Marc-Édouard Nabe

Au régal des vermines : Précédé de Le Vingt-septième Livre de Marc-Édouard Nabe

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre

Critiqué par Hieronimus, le 3 février 2007 (Inscrit le 26 mars 2006, 47 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 10 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (2 200ème position).
Visites : 5 665  (depuis Novembre 2007)

Un régal de verve

Premier contact avec l'univers livresque de Nabe.
J'avais vu des articles, quelques passages télé, et la réputation sulfureuse de cet auteur. Je me suis enfin décidé à le lire.
Une préface d'abord, où Nabe, avec humour et tendresse nous parle de son ex voisin, L'illustre Houellebecq. Être le voisin d'un autre écrivain et se retrouver quelques années plus tard, dans une perspective diamétralement opposée, voilà qui ne manque pas d'humour: là où Michel H a tout réussi, Nabe semble avoir tout raté, d'un côté son ex-voisin est devenu une star de la littérature, qui vend, passe à la télévision et jouit de la reconnaissance critique et de ses pairs, de l'autre, Nabe n'a plus d'éditeur, ne vend pas, n'a plus d'amis. Constat fait sans amertume, par un écrivain débordant de vie, d'humour et d'une intelligence pétillante.
Là où Houellebecq excelle dans une peinture de l'humanité morose, nihilste, désespéré et désenchanté, Nabe lui, est une pile nucléaire de joie, d'éructation, un homme ivre de passion, qui ne semble pas connaître de position mitigée.

Ce livre m'a fait du bien, à un moment où j'en avais besoin... Il est vivant, porté par un style à la fois classique et très novateur. Chaque phrase offre sa pépite de surprise, de paradoxe. Il se permet d'aborder des sujets "tabous", avec un verbe d'une violence trucculente qui cache une passion de la vie assez rare dans le monde littéraire actuelle ou tout est compassé, bien pensant, à sa place.
Nabe ne connait pas l'écriture "neutre", il n'a aucune restriction pour sa débordante vitalité, et c'est ce qui en fait un écrivain précieux et rare.
Le jazz: des lignes inoubliables sur le swing, Monk, Parker, il parvient à faire sentir au lecteur toute la densité, et la profondeur de cette musique, de ces créateurs qui soufferts, qu'il a côtoyé, admiré.
Sa femme, les écrivains qu'ils aiment, l'art qu'il place au dessus de tout, tous ces thèmes dessinent la figure d'un être profondément humain, vibrant, en phase avec son époque, lucide et jouissivement acerbe.

Message de la modération : Nabe écrit entre autres : « Je suis très raciste.

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Qui vomit a dîné

10 étoiles

Critique de Ucca (, Inscrit le 13 février 2015, 42 ans) - 13 février 2015

Apostrophe, 1985.

Invité, le tout jeune écrivain Marc-Edouard Nabe (25 ans) présente son livre Au régal des vermines.

Alain Zannini de son vrai nom représente l'essence même d'une certaine catégorie d'écrivains: les totalitaires. Égocentrique, intransigeant, jusqu’au-boutiste, excessif et romantique; il parle comme il écrit, il écrit comme il vit, il ne vit que par et pour les Lettres. Il paraît que tout grand écrivain est un fasciste en littérature. Nabe en est l'incarnation, et je dois bien admettre que ce fascisme littéraire a quelque chose de frais, de jeune, de moderne et de jouissif. Nabe c'est une peinture de Marinetti.

Au régal des vermines est une merveille de la littérature contemporaine. Le style est travaillé, percutant, provocateur, drôle, parfois touchant. Nabe se dénude complètement avec la naïveté et la force de sa jeunesse. Il nous emmène fouiller dans chaque recoin de son âme, jusqu'à l'indicible. Nabe est complètement indifférent à ce qui "est", à la raison, à la véracité, à la cohérence de ses mauvais sentiments. Il n'essaye de convaincre personne, le monde extérieur ne l'intéresse pas. Au contraire son livre est profondément tourné vers l'intérieur, dans ce qu'il y a de plus profond et d'inavouable dans l'âme. A' ma connaissance jamais aucun écrivain n'a osé jeter de cette manière la totalité de ses pensées en pâture au lecteur. Nabe est allé très loin dans l'extrémisme littéraire, il s'est littéralement sacrifié à la littérature, c'est ce qui lui permet d'exterminer d'un coup de plume l'ensemble de l'humanité sans qu'il ne puisse y avoir d'ambiguïté sur ses intentions. Les noirs, les blancs, les juifs, les cléricaux, les homosexuels, les jeunes, les vieux, tout le monde y passe. C'est pourtant à cause de ce fascisme de la plume qu'il fut taxé d'antisémite.



"Qui vomit a Dîné"

Malgré tout ce livre est profondément optimiste. Pour oser écrire et publier un livre de cette nature, il est nécessaire d'avoir une confiance absolue en l'humanité. On imagine aisément que Nabe avec ce premier ouvrage a le projet de faire table rase, de vomir l'humanité entière pour mieux la reconstruire par la suite. Certains passages, notamment celui sur son père (le musicien de jazz Marcel Zannini) sont extrêmement touchants et puissants, peut-être un des plus beau textes sur l'amour d'un fils à un père.

Pourquoi lire ce livre?
Parce qu'il est merveilleusement bien écrit.
Parce que le narrateur-auteur est profondément attachant dans sa fraîcheur juvénile et son jusqu’au-boutisme.
Parce qu'à travers ce fascisme littéraire on peut mieux comprendre comment le futurisme devint le leurre qui attira la jeunesse des années '20 vers le fascisme politique.
Parce que jamais un écrivain ne s'est autant livré. Cela va bien au-delà de la simple sincérité, il s'agit d'une confession totale. Avec ce premier livre, Nabe se met en danger en se prosternant complètement nu sur la place publique. Certains le verront comme un fasciste raciste et antisémite et profiterons de sa nudité pour lui lancer la pierre, d'autres sauront apprécier ce sacrifice, cette sincérité en don pour la postérité des Hommes.

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