A l'estomac
de Chuck Palahniuk

critiqué par Aliénor, le 7 février 2007
( - 56 ans)


La note:  étoiles
A l'estomac, et à toute l'anatomie d'ailleurs
Vingt-trois personnes intriguées par la même annonce décident d’y répondre, et se retrouvent plongées en enfer. Ving-trois écrivains en herbe qui s’imaginent avoir trouvé l’occasion de se consacrer uniquement à l’écriture durant trois mois, isolés du monde, et qui vont en fait être enfermés, privés de tout, y compris des besoins de première nécessité.

Voilà un bien étrange roman ! Les nouvelles qui le constituent, par lesquelles nous découvrons qui sont les héros de cette histoire, sont tout simplement terrifiantes et propres à donner la nausée. Certaines sont même difficiles à lire, tant elles s’inscrivent dans l’unique registre de la scatologie. C’est gore, dégoûtant… et pourtant si bien raconté qu’on ne peut lâcher ce livre.
Je suis plus réservée sur le sens de la démarche de l’auteur, le message qu’il a voulu délivrer. L’homme est ici au premier sens du terme un loup pour son prochain, et le geôlier n’est finalement pas le personnage le plus horrible de cette histoire. Le comportement et les réactions de ces êtres humains sont souvent peu crédibles, car n’ayant en fait plus grand-chose d’humain. Ce sont eux qui se privent de chauffage, de nourriture, d’eau…et tout cela dans l’espoir que cette aventure fera d’eux des gens célèbres !
Quelle est la morale de tout cela ? Pourquoi les victimes finissent-elles par devenir leur propre bourreau ? Tout cela n’est pas très clair et me laisse sur une impression mitigée. Je dirais presque me laisse sur ma faim, mais ce serait un trait d’humour douteux.
Bouillie 2 étoiles

Même si j’avais lu le résumé, je me suis perdu dans cette foule de personnages bizarres portant des surnoms et dont les liens entre eux sont difficiles à mémoriser. On saute du coq à l’âne, certaines scènes sont carrément invraisemblables et le gore utilisé simplement comme un artifice perd toute sa force de provocation.

De plus, j’ai trouvé l’écriture mauvaise. Du style au-delà de la substance et beaucoup de raccourcis qui rendent un roman éparpillé encore plus brouillon.


(lu en version originale)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 27 décembre 2012


Prête-moi ta plume 4 étoiles

Gallimard Folio Policier vient d'éditer ce livre sous l'ISBN 2070355640.

Un ouvrage assez étrange, étonnant. Des gens qu'un homme mystérieux ramasse dans la rue les uns après les autres, avec un bus qui sera abandonné, après que chacun ait répondu une petite annonce. Une résidence d'écriture un peu particulière les attend.
La structure du récit est décomposée en chapitres narrant l'histoire, en "poèmes" consacrés à chaque protagoniste et en nouvelles rédigées par chacun des auteurs embarqués dans l'aventure.
Des textes rudes, raides, témoins d'une grande perversité de l'âme humaine et écrits dans la douleur. En effet, ces plumes avides de notoriété vivent enfermées, privées de tout et sont prêtes à tous les sacrifices pour autant que ça leur rapporte un morceau de gloire. Le meilleur moyen de voir les esprits mis à nu et les pires tourments remonter à la surface.
Désarçonnant par moments, il s'agit de ne pas perdre le fil et de rester accroché à une histoire qui finit par lasser, tant elle peut paraître caricaturale, excessive et pas tout le temps bien ficelée.
Les amateurs de l'auteur apprécieront peut-être; personnellement, je suis restée en-dehors la plupart du temps.

Sahkti - Genève - 50 ans - 16 mai 2008


art de dégénérés 6 étoiles

Comme Aliénor et Bouzouki, je suis plutôt réservé sur la qualité de cette oeuvre si on la classe dans le rayon 'roman'. La morale à retenir de tout ça est assez ténue et trop superficielle à mon goût.
Ce bouquin, ce serait une grosse métaphore sur la dégénérescence. Car c'est finalement le mot qui rassemble selon moi le mieux toutes les histoires qui s'inscrivent là dedans : l'humanité, confinée dans un espace clos ou non, converge vers "une civilisation de dégénérés". Que ce soit par la disparition de toute valeur au profit de l'exposition médiatique, que ce soit par le sexe avec (et de par) tout orifice anatomiquement disponible, que ce soit par l'automutilation délirante, etc.
Grosso modo, l'essentiel des nouvelles se rattache à cette idée générale (la dégénérescence, donc). Et même si le tout n'est pas abouti, la majeure partie des historiettes est d'une telle horreur trash incontrôlée et hallucinatoire qu'on ne peut jamais jeter ce bouquin au bac : Palahniuk a beau avoir pété un câble, ses délires sont tellement désinhibés qu'on ne peut s'empêcher de les lire jusqu'au bout.

B1p - - 51 ans - 4 février 2008


Ca prend aux tripes 8 étoiles

A l'instar d'Alienor, je n'ai pas trop compris l'histoire globale et la fin m'a complètement échappée. Peut-être une indigestion... Mais les nouvelles qui émaillent l'oeuvre sont de vrais coups de poings.
Attention, c'est violent, glauque et dégueulasse, mais on ne peut pas s'empêcher de continuer. Chuck revèle la part de voyeurisme qui sommeille en chaque lecteur, et la réveille plutôt violemment, avec un bon direct du droit.
Certains vont détester

Bouzouki - - 49 ans - 28 janvier 2008