Sa passion
de Véronique Olmi

critiqué par Laure256, le 11 février 2007
( - 52 ans)


La note:  étoiles
La traversée de la nuit
« Comment font les autres, tous ceux qui ne meurent pas d’amour ? » Cette courte phrase est à elle seule la quatrième de couverture du livre, mais allez savoir, déjà elle me parle et me plaît.
Hélène est écrivain, elle est invitée à une Foire du Livre en Sologne un jour de novembre (tiens, novembre, comme dans Bord de mer). Le soir seule dans sa chambre d’hôtel glaciale et triste, avec ses scènes de chasse accrochées au mur de guingois, elle rappelle Patrick, son amant qu’elle a n’a pas vu depuis dix jours. Juste avant, il lui a envoyé un SMS : « tu me manque ». Sans S. Elle, elle en a plein des manques, avec S. Patrick est marié, il ne quittera pas sa femme pour elle. Alors par dépit peut-être, elle lui annonce qu’Isaac, lui, quitterait sa femme pour elle. Patrick part d’un long éclat de rire. Elle éteint son portable et commence alors la longue traversée de la nuit. Les mots qui disent la passion, l’adultère convenu, la solitude… Alternent aussi des passages de l’enfance, la fratrie trop nombreuse et la maison trop petite. Alors contre un chèque mensuel et une lettre terminée par le BBAB des gens pressés (Bons Baisers à Bientôt), ses parents la « prêtent » à une riche tante en mal d’enfants. Les allers-retours Perpignan-Orly. Et Patrick. Et cette chambre sinistre.
On sent que la nuit sera tragique. Je ne veux pas en dire plus. Il y aura une fuite, une errance, puis une fin, comme dans Bord de mer. Au début j’ai eu envie de noter des phrases par-ci par-là, et puis très vite ces phrases sont devenues trop nombreuses, alors je n’ai rien noté, parce que je me serais trouvée à recopier le livre. Les romans de Véronique Olmi sont de ceux que l’on garde précieusement, et qu’un jour inévitablement, on relit.
ce que peut femme meurtrie... 8 étoiles

un rire pour se sentir blessée, trompée, le coeur ravagé.
Une relation adultére qui s'avère n'être rien d'autre que "ça" : une histoire parallèle à la "vraie vie avec la légitime", une histoire où chacun, à sa manière, y laissera des plumes.

"on s'aime, on se dit "on ne se quittera jamais", et déjà on sait que c'est faux.Alors on dit "Si on se quitte, on restera toujours amis." Et c'est un mensonge de plus.Alors tout doucement on murmure"On se respectera toujours", et on baisse les yeux tellement on a honte de si peu, et tellement on sait que ce "si peu" ne viendra jamais [...]on se quittera. On le sait. Pour conjurer le mauvais sort on parle au futur "J e t'aimerai toujours", mais on se détestera, on se reniera, on s'oubliera, les peaux indifférentes, les regards détournés."

Rachel - grenoble - 46 ans - 4 mars 2007