La chambre d'Albert Camus et autres nouvelles
de William Réjault

critiqué par BONNEAU Brice, le 13 février 2007
(Paris - 40 ans)


La note:  étoiles
Formidable, touchant, vrai
Long time ago, quand j’étais étudiant infirmier, je cherchais des bouquins d’infirmier qui n’étaient pas des bouquins de cours. Il n’y en avait pas tant que ça, au final, et je tombais principalement sur les mémoires et entretiens avec de vieilles cadres supérieures ayant commencé à pratiquer sous la houlette des bonnes soeurs. Je ne trouvais rien qui me préparait vraiment à la réalité du terrain, et ce n’était pas faute de chercher.

Aujourd’hui, si des étudiants infirmiers débutant me demandaient quel livre serrait le plus parlant pour eux sur la réalité de leur profession, au delà du cliché de la gentille infirmière soumise qui tient la main d’un mourrant durant des mois, je saurais vers quel ouvrage me tourner. Evidemment, ce serait celui de Ron. Pas parce que j’aime bien Ron, ni parce qu’il écrit bien. C’est un plus, c’est sur, mais ce n’est pas la vrai raison.

Je comprends qu’on puisse douter de la véracité de ses écrits, et comme Ron le dit si bien, c’est normal de vouloir se rassurer, de s’imaginer que tout cela n’est que fiction, et que oui, Bambi existe et que non, personne ne frappe les personnes âgées. C’est bien, ça protège la société. Mais ce que Ron écrit, ce n’est ni plus ni moins que la réalité de la profession. Evidemment, tout le monde ne vit pas ce que vit un infirmier qui a occupé des postes aussi variés. Je n’ai rien vécu, ou presque, de ce qu’a traversé Ron. Et tant mieux.

Alors je vous conseille fortement de lire Ron, que je vous le recommande chaudement. Pour voir les choses en face, pour savoir, vivre et partager un peu de son quotidien, de ses expériences. Pour avoir les larmes aux yeux dans le métro à la fin d’une nouvelle qui vous aura touchée plus que les autres. Haïr le monde à la fin d’une autre. Etre fier de votre métier, si vous êtes infirmier. Parce que c’est un excellent recueil, et que ça devrait vous suffire.
Les réalités d'un technicien de la santé 9 étoiles

Il ne s’appelle pas Ron mais il est bien infirmier, ce métier habituellement féminin qui lui a valu de mauvais tours d’embauche, et il nous livre ici une série de chroniques sur son quotidien, courtes nouvelles qui toujours frappent fort. Ron est jeune mais il a un parcours riche d’expériences diverses, et qu’il parle de la mort ou des toilettes faites aux stars en fin de vie, de la maltraitance en maison de retraite ou de la chimio à l’hôpital, il a une empathie certaine pour ses patients, et surtout, un regard humain sur son métier et ses patients. Car ces saynètes de douleurs ou de mort, ce sont avant tout des histoires de VIE.
Je ne savais pas en ouvrant ce livre que je le lirais d’une seule traite, sans jamais pouvoir le reposer, que parfois une larme viendrait poindre, que parfois je douterais de la véracité des atrocités (réelles), préférant me rassurer sous le couvert de la fiction, que parfois je sourirais, mais que toujours je trouverais « bien » ce style simple et vif, qui ne s’embarrasse pas de fioritures, pour dire la lutte quotidienne d’un infirmier qui cherche sans cesse le juste milieu pour aider sans materner, le refus des compromissions, les arguments répugnants de la rentabilité ou les caprices du médecin qui préfère partir jouer au golf.
Etre humain, tout simplement, sans se voiler la face sur la réalité de la santé en France.

Laure256 - - 52 ans - 30 décembre 2007