Villa Amalia de Pascal Quignard
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Un ensemble trop décevant.
Ann Hidden, pianiste de renom, découvre un soir que l'homme avec qui elle vit à Paris depuis plus de 10 ans la trompe. Ce même soir, elle tombe par hasard sur un homme qu'elle n'a connu qu'enfant, à l'école en Bretagne. Cet homme (Georges), vivant à présent dans une solitude extrême, cherche de suite à renouer les liens avec Ann.
Celle-ci décidera très rapidement de quitter Paris, son compagnon, sa maison, son emploi, ses pianos, sans en toucher plus d'un mot à quiconque si ce n'est à Georges. Il la recueillera dans son village, sa maison, heureux d'avoir enfin quelqu'un à qui parler, et avec qui manger. Elle ira se réfugier chez lui pour réfléchir aux démarches énormes qu'elle entreprend afin d'effacer cette vie et de recommencer à zéro. De fuir.
Et elle s'en va à Naples où elle trouvera une paix paradisiaque. Et une nouvelle vie sociale.
Ce dernier roman de Pascal Quignard, le premier à mon compte, me laisse perplexe. J'avais lu un extrait de Vie Secrète que j'avais trouvé d'un style magnifique. Mais ce style, je ne l'ai pas trouvé un moment dans ce roman à l'écriture froide, épurée et sèche. Fade.
Des phrases courtes, simples se succèdent avec de temps en temps, enfermés entre deux astérisques des mini-paragraphes au style plus poétique, à effets de style qui tombent plus à l'eau qu'ils ne permettent d’envolées. Trop mis de côté par rapport au reste, ils ne sont finalement pas mis en valeur. De jolies métaphores qui pourtant ne soulèvent pas le cœur : (p 205) « Le soleil avait dévoré toute l’eau. Cette brume de l’eau sans cesse dans l’air en rendait la transparence douloureuse. »
Puis, je dois dire que le fond m'a tout autant déçu.
Ann est un personnage à mon goût trop égoïste pour être humaine et son motif bien trop léger pour engendrer un changement de vie aussi radical. Ce qui m'étonne finalement, c'est que je n'arrive pas à relativiser ce dégoût du personnage. En général, le personnage peut être aux antipodes de ma personnalité et pourtant j'adhérerai tout à fait au roman. Ici, je pense que Quignard ne nous éclaire pas assez sur la personnalité d'Ann, ce qui m'a amené à la rejeter ? Et il y a ce côté invraisemblable et puis celui qui tient du rêve que tout le monde a, ou a eu, de tout quitter sans jamais avoir la possibilité ou l'audace de le faire.
Bref, ce personnage central de l'histoire m'a horripilée du début jusqu'à la fin.
Heureusement, j'ai senti comme un nouveau souffle quand elle est arrivée à Naples et dans la Villa Amalia et a commencé à côtoyer le médecin et sa petite fille. Dans cette toute autre partie du roman, enfin, les relations humaines sont intéressantes. Celles qu'Ann entretient avec la petite fille qu'elle Aime plus que tout. Avec le père qu'elle aime surtout pour son statut de "père de Magdalena". Et cette relation ambiguë avec Juliette.
J'ai été portée alors par cette vie d'amours partagés et multiples qui fait d'Ann une femme comblée dans une île idyllique. Tout en sentant avec raison qu'un drame allait éclater ce cercle paradisiaque.
La chute alors est dure, sombre et bien sûre, tout s'ensuit. On plonge dans la mort et on sait qu'on ne s'y remettra pas. Est-ce qu'on entre dans le pathos? Limite. J'ai donc décroché à nouveau avant la fin, car c'était trop, je me sentais comme blasée. J'ai un peu en horreur les formats "change de vie - tout est magnifique - tout fout le camp" à la Danielle Steel.
Je m'en vais donc essayer de rattraper toute cette déception avec Vie Secrète et l'Occupation Américaine.
Les éditions
-
Villa Amalia [Texte imprimé], roman Pascal Quignard
de Quignard, Pascal
Gallimard
ISBN : 9782070765386 ; 14,90 € ; 02/03/2006 ; 297 p. ; Broché -
Villa Amalia [Texte imprimé] Pascal Quignard
de Quignard, Pascal
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070347063 ; 8,60 € ; 23/08/2007 ; 300 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (4)
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Une lecture qui ne laissera que peu de traces
Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 30 mai 2018
Une lecture quelconque qui ne laissera que peu de traces.
Dommage.
heureux qui comme Ulysse...
Critique de Jfp (La Selle en Hermoy (Loiret), Inscrit le 21 juin 2009, 76 ans) - 21 juin 2009
Des soubresauts de la vie d’artiste
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 janvier 2009
L’air entre leurs visages est plus intense – plus hostile, plus fulgurant – qu’entre les arbres ou les pierres.
Parfois, de rares fois, de belles fois, la foudre tombe vraiment, tue vraiment. C’est l’amour.
Tel homme, telle femme.
Ils tombaient en arrière. Ils tombaient sur le dos. »
Un auteur capable d’écrire ceci ne peut écrire un mauvais roman. Et de fait, « Villa Amalia » est un bon roman. Inégal, m’a-t-il semblé, un peu dispersé passée la première moitié mais brillant.
Ann Hidden, jeune femme compositrice au talent reconnu par une fraction d’initiés, prend conscience de la trahison de Thomas, son mari, avec une autre femme. Elle décide, du jour au lendemain, de tout casser dans sa vie, de sa vie, de chasser Thomas, de chasser le quotidien et de recommencer autrement. (Là intervient une faiblesse, courante dans les romans, Ann Hidden étant une artiste a de l’argent, suffisamment pour pouvoir se permettre n’importe quoi et évidemment, ce n’est pas si fréquent dans la vie des vrais gens ! Mais il s’agit d’un roman …)
Vont s’ensuivre plusieurs épisodes parfaitement identifiables qui la feront rebondir de nouvelles connaissances en nouvelles connaissances, de l’Yonne avec des incursions vers la Bretagne d’où elle est issue et où survit encore sa mère comme un remords vivant, vers le golfe de Capri, puis retour à l’Yonne.
Les êtres avec lesquels se créent des liens vivent des choses compliquées, meurent. Des histoires simples et belles deviennent des naufrages sans appel et même pas redoutés (et là on se rapproche davantage de la vraie vie), et ça reste un très beau roman même si la seconde moitié, donc, me parait plus chaotique et brutale que la phase introductive.
Pascal Quignard écrit très bien et l’on rencontre de magnifiques morceaux tel celui cité en en-tête. La complexité et la potentielle cruauté de la vie ne sont pas masquées.
Le refus des autres
Critique de Philduch (Aix en Provence, Inscrit le 17 février 2006, 57 ans) - 7 août 2008
Mais la blessure est bien plus profonde qu'il n'y paraît. La rupture est totale.
Aidée par Georges, ami d'enfance rencontré par hasard, Ann veut se couper du monde: elle liquide sa maison, son emploi, part en Italie sans laisser d'adresse. Abritée dans la roche, la villa Amalia domine la mer, fascine par son écrin de végétation luxuriante. Elle sera le théâtre du repli intérieur d'Ann Hidden; âme meurtrie à la recherche d'une autre forme de bonheur, un bonheur dont seraient exclus les autres - tous les autres.
La vie est là pourtant, fleuve tumultueux, avec son cortège de rencontres, ses joies fugaces, ses drames sans cesse renouvelés. Lena, la petite fille fascinée par la musique d'Ann. Leonhardt, docteur "généreux dans ses inquiétudes", "prodigue de ses joies". Et Georges bien sûr. Georges l'ami d'enfance, solitaire au coeur tendre, ravi par la perspective d'un repas en bonne compagnie. Georges, faux personnage secondaire, omniprésent, vigilant, la bouée de secours entre les mains.
Des phrases courtes, simples, dépouillées, au service d'une plongée parfois effrayante dans les méandres de l'esprit. Un personnage principal cruel dans son refus des autres, auteur de chants "de plus en plus bizarres, de plus en plus brefs, pleins de longs silences en saccades rythmiques, qui ajoutaient une espèce de sauvagerie à la tristesse qui caractérisait tout ce qu'elle faisait". Cette description des oeuvres musicales d'Ann a l’avantage de s'appliquer intégralement au roman de Pascal Quignard. Beau mais un peu dur.
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