Contours du jour qui vient de Léonora Miano
Catégorie(s) : Littérature => Africaine

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Enfantement douloureux d'un continent
Magnifique, une petite merveille! Je suis tombée sous le charme de ce très beau roman de Léonora Miano qui raconte quelques années de la vie d'une fillette rejetée par les siens, parce qu'elle porterait le mal en elle. Une gamine attachante, réaliste, sombrement lucide sur les dérives du continent africain. Un continent avec lequel l'auteur ne fait pas de compromis, elle n'hésite pas à condamner. La religion, la tradition, la famille, le modèle occidental. Chacun porte sa part de responsabilité, c'est écrit avec beaucoup de conviction et j'ai apprécié cette franchise, ce bon sens dans la bouche de cette petite Musango dont le seul tort est d'exister, tout simplement.
Le poids des traditions est omniprésent, l'héroïne l'énonce avec beaucoup de clairvoyance et un formidable message d'espoir. Pas de happy end, de retrouvailles heureuses mais la prise de conscience que la force est en chacun de nous et que nous devons nous prendre en main, seuls, et puis qu'ensemble, nous constituerons une entité qui pourra faire bouger les choses. Si nous le voulons. Cette question de volonté parcourt chaque page en filigrane, la passivité de beaucoup, l'abandon de la plupart face à la résignation et la misère d'une société qui ne ressemble plus à rien.
Un vrai coup de coeur pour l'écriture de Léonora Miano, son absence de misérabilisme ou de pathétisme à outrance. Pas d'effets esthétiques ou de maniérisme, tout est dit avec simplicité et en puissance. C'est sans complaisance et marquant. Bien plus efficace que les excès de violence ou le nombrilisme à tout va. J'ai adoré.
Les éditions
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Contours du jour qui vient [Texte imprimé], roman Léonora Miano
de Miano, Léonora
Plon
ISBN : 9782259203968 ; 2,97 € ; 14/08/2008 ; 274 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (7)
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Erreur de casting

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 60 ans) - 29 juin 2025
Cependant, on peut se montrer un peu déçu par ce roman qui certes aborde un thème grave et assez peu connu dans le monde occidental, soit la problématique des enfants-sorciers, et toute l’hypocrisie qui entoure ces croyances.
Ce sont donc bien les qualités littéraires de cet ouvrage qui font défaut.
Le style poussif rend le récit complexe, peu attrayant voire chaotique.
Autre défaut, sans doute lié en partie à l’option maladroite de situer l’histoire dans un pays et une ville imaginaires, c’est le manque de cohérence et de crédibilité entre la description d’une jeune fille coupée de toute affection et éducation, s’exprimer à l’âge de 12 ans comme un vieux sage.
Ce récit est donc une véritable occasion manquée en dénonçant un fait de société dramatique qui est aussi révoltant qu’innommable mais qui aurait pu être beaucoup mieux abordé en étant davantage pragmatique et donc en ne créant pas artificiellement des méandres dans lesquelles le lecteur va se perdre. Dommage !
Déception.

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 65 ans) - 5 mars 2016
Une petite fille de neuf ans est chassée par sa mère et sa vie s'effondre. Accusée de sorcellerie, elle ne doit compter que sur elle-même dans ce pays imaginaire qui reflète toute l'Afrique. Tout y est : la prostitution, la corruption, la bêtise et la méchanceté.
Le contenu est émouvant, personne ne peut rester insensible à ce monde de tabous et de superstitions
le style par contre m'a vraiment déçu. J'ai décroché à la moitié du livre et terminé la lecture en rouspétant.
Ah... Celles qui attendent et Photo de groupe autour du fleuve avaient un texte fluide et poétique qui rendait le tout palpitant. Ici trop de lourdeurs et de longueurs. Telle est ma perception, telle fut ma déception.
Sans voix..

Critique de Feriial (, Inscrite le 18 février 2010, 33 ans) - 18 février 2010
« Nous ne serons jamais une mère et une fille »

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans) - 22 novembre 2009
Chassée de la maison paternelle, la fillette entreprend un long périple en forme de chemin de croix où à chaque station elle rencontre l’une des nombreuses misères qui affectent l’Afrique contemporaine : les bandes de gamins qui ont quitté la guerre affamés comme des loups et qui se jettent sur tout ce qu’ils trouvent avec une grande sauvagerie, les trafiquants qui promettent la France ou l’Europe aux jeunes femmes crédules qui finiront sur les trottoirs, les sectes qui manipulent et dépouillent leurs ouailles sans vergognes, les quartiers populaires où survivent, au-delà de la famine, les plus démunis, les vraies victimes de la misère africaine, …
Et c’est toute cette Afrique contemporaine orpheline de ses structures patriarcales et sociales qui ont volées en éclat avec la colonisation et que rien n’a remplacées au moment de la décolonisation, qui défile au fil des pages de ce roman. Cette Afrique victime de toutes les malversations, de tous les trafics, de la corruption, des guerres, des luttes intestines, des convoitises des aventuriers en tout genre et des puissances étrangères qui lorgnent sur ses richesses que Miano peint sans aucune concession pour ces contemporains africains. «Ce peuple qui ne peut croire en rien, puisqu’il ne croit pas en lui. Tout doit venir d’ailleurs, d’en haut, d’en bas, peu importe, pourvu que ce ne soit pas de l’intérieur. » Un peuple qui a perdu la capacité à se satisfaire lui-même, corrompu par l’assistanat colonial ou humanitaire et qui n’a plus pour échappatoire de « faire la France » ou « faire l’Europe ».
Et dans ce tableau apocalyptique, les femmes et les enfants occupent une place de choix, bouches inutiles qui ne peuvent compter que sur elles-mêmes pour ne pas mourir de faim ou de toute autre calamité. Mais quand on touche, le fond, le fond du fond, il se peut qu’une main se tende en forme de secours, une petite lucarne vers la survie, vers un avenir encore possible … Et la fillette, n’abandonnera jamais l’envie de vivre encore un peu car elle a encore des choses à vivre, à découvrir, elle cherche ses racines réelles pour pouvoir construire une identité et une vie car elle veut la vivre cette vie qui lui est due. Comme cette jeune Afrique complètement à la dérive qui ne doit pas abandonner mais sortir de cette ornière entre l’obscurantisme hérité des pères et la modernité factice apportée par les blancs, pour un jour pouvoir espérer un réel avenir. « Les crânes jalousement conservés de nos ancêtres ne feront rien pour nous. Les oracles des voyantes ne pourront énoncer que des contrevérités, et les cierges de toutes les couleurs ne brûleront que pour convoquer à nos côtés des entités trompeuses. »
L’avenir appartiendra à ceux qui, « ont comme moi aboli l’amertume et la vindicte, pour que leur vie ne s’écoule pas en perpétuels regrets. » Mariam Bâ, nous avait laissé avec tous ses espoirs déçus après avoir conquis la liberté et Léonora Miano reprend le flambeau pour insuffler un nouvel élan au moment ou tout semble perdu, invitant ses contemporains à regarder devant. « Ils devraient savoir qu’on ne peut pas se développer lorsqu’on s’arrime ainsi au jour qui fuit, au lieu de songer à celui qui vient. »
Recherche de l'amour maternel

Critique de Campanule (Orp-Le-Grand, Inscrite le 10 octobre 2007, 63 ans) - 5 mai 2008
sublime et bouleversant

Critique de Papyrus (Montperreux, Inscrite le 13 octobre 2006, 65 ans) - 19 février 2008
Le thème: une Afrique déliquescente et sublime,
Le style: métaphorique, poétique et incisif,
Le point de vue d'auteur: un dialogue entre Musango, fillette au regard acéré chassée de sa maison et sa mère indigne et cruelle, où l'emploi du "tu", plus qu'une adresse à la mère est aussi une prise à témoin du lecteur.
Dans ce texte magnifique, Léonora Miano nous livre un regard très dérangeant sur l'Afrique d'aujourd'hui, sur les dérives effrayantes de ce continent qui semble les vivre toutes mais aussi sur la responsabilité collective et individuelle que nous portons tous...
Même si ce texte est chargé d'espoir, il nous bouleverse...
Horreur et fascination

Critique de Cameleona (Bruxelles, Inscrite le 19 février 2001, - ans) - 6 avril 2007
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