Laissez moi parler !
de Halima Hamdane

critiqué par Dasca, le 17 février 2007
( - 55 ans)


La note:  étoiles
Parler pour se libérer
Ici la parole est donnée aux femmes, celles qu’on maltraite, qu’on enferme, celles qui n’ont pas droit à la parole. Celles que l’on a enlevé à leurs familles pour en faire des esclaves, des maîtresses de maison, celles qu’on appelle Dada, au Maroc, hier et aujourd’hui.

Nedjma est une jeune femme qui a pour amie Dada Yitto, une de ces nombreuses femmes à la couleur d’ébène qui ont dû se résigner à laisser leur passé leur famille derrière elles. Tout au long de ce récit, la voix de Dada Yitto se conjugue avec celles d’autres femmes, mariées trop jeunes à des hommes qu’elles ne connaissaient pas le jour de leur mariage.
Des récits de souffrance, mais aussi de joie où se joue le tiraillement entre tradition séculaire et désir d‘émancipation, refus de la tradition et attachement à des valeurs ancestrales.

Chaque histoire se déroule comme un conte égrainant les multiples épreuves auxquelles se heurtent ces femmes.
Des générations de femmes se disent, et à travers elles, se dessine l’intime du féminin, son drame et sa force, sa beauté et sa fragilité.
Pas de discours contre les hommes ici, mais au contraire la tentative d’un dialogue, du don d’une parole toujours refusée, niée. Comme il est beau ce chant d’abandon et de douceur!
De ces destins entrecroisés de femmes orientales se dégagent une sensation de communauté universelle de la condition des femmes, un hymne à leur générosité, leur sens du dévouement et leur courage.
Comme il est vibrant de se laisser toucher par le cœur d’une souffrance qui nous concerne tous, homme et femme. Laissez-moi parler, laissez se dire ces mots qui délivrent, apaisent, parler pour ne plus être complice de son propre enfermement.