On ne trouvera pas ici une biographie au sens classique du terme, mais plutôt un essai autobiographique sur Bounine rencontrant Tchékhov.
Bounine est un bon écrivain (de nombreux titres sont disponibles, on le redécouvre aujourd'hui, il fut le premier Russe à obtenir le prix Nobel), mais il a conscience, après sa rencontre avec Tchékhov, d'être en présence d'un très grand écrivain, qu'on lira encore longtemps après sa mort, ce dont Tchékhov ne se doutait guère. Chemin faisant, il nous signale les nouvelles de Tchékhov qu'il affectionne particulièrement et que, bien sûr, le lecteur a envie de découvrir (ou relire) : "La fange", "Une banale histoire", "Tristesse", "Dans le ravin", "Les pins", "L'évêque", "Le Tchernoziom". Curieusement, Bounine est moins ouvert aux pièces de Tchékhov, qui lui assurent pourtant sa renommée posthume.
Il nous rapporte ses conversations avec Tchékhov, son pessimisme ("Au fond, je serai seul demain dans la tombe comme je suis seul aujourd’hui sur terre"), son idée sur les écrivains (Il est bon qu’un écrivain soit pauvre, et même aux abois ; il se rendra compte qu’il lui faut surmonter sa paresse et travailler avec sa plume s’il ne veut pas mourir de faim. […] Quelle chance j’ai eue d’être si pauvre dans ma jeunesse, j’en remercie le destin !). Bounine nous parle aussi des écrivains russes de l'époque : Korolenko, Andreev; Tolstoï, Gorki, Merejkovski, entre autres...
Dans la deuxième partie, il rapporte des anecdotes, le fruit de ses lectures et notamment des souvenirs et des lettres de Lydia Avilova qui fut, semble-t-il, le grand amour de Tchékhov, quoique non consommé.
Pour qui aime Tchékhov, c'est un must !
Cyclo - Bordeaux - 79 ans - 10 août 2018 |