Ivanhoé
de Walter Scott

critiqué par L'Ankou, le 6 mars 2007
(Levallois - 79 ans)


La note:  étoiles
Détente
Cette critique vise, en partie, à combler une lacune de ce site : aucun roman de Walter Scott n'est présent, sans doute parce que cet auteur est classé, à tort, comme un auteur "pour enfants". Pour ma part j'ai découvert cet auteur il y a longtemps et je le relis régulièrement avec plaisir. Il faut noter que Scott, romantique du XIXème, est le précurseur du roman historique et qu'il a été suivi par Dumas, Gautier,..
Un chevalier déshérité par son père (pour aimer une princesse "interdite") revient des croisades, il se distingue au cours d'un tournoi et est blessé. Il est sauvé par une belle inconnue, puis fait prisonnier. Libéré il part délivrer la belle inconnue des griffes des Templiers avant d'épouser sa belle princesse.
Résumée en quelques lignes l'histoire est "pour enfants", la lecture apportera cependant beaucoup de plaisir par l'ambiance générale, les descriptions des différentes communautés en présence et l'histoire (romancée)de cette époque. Les "Bons" sont bons et les "Méchants", méchants.
Deux autres romans de Scott sont dans le même volume et se lisent aussi agréablement.
Ah non ! C'est un peu court, jeune homme ! 4 étoiles

Critique établie sur la version abrégée de L'école des loisirs.


Que ne ferait-on pas pour les yeux d’une belle ?
Ne lui dirait-on pas qu’il est bien éternel
L’amour qu’on a pour elle et l’éclat qu’elle laisse
Enclos sous la paupière qu’on lève ou qu’on baisse ?

Ainsi Ivanhoé bravera les dangers
Et, blessé, défiera un puissant templier
Pour venger aussi bien sa tendre Rowena
Que pour garder du feu la jeune Rebecca.

Tel cet Ivanhoé de retour en sa terre,
Je reviendrai vers toi ma terrible Angleterre,
Grand pays orphelin égaré sans son roi,
Où les hommes d’honneur sont dits sans foi ni loi.

C’est une œuvre abrégée, et de ce simple point coulera le ruisseau, ténébreux et sans fin, des raisons qui ont fait que je n’ai pas aimé.
En effet, les coupures ont dépossédé le preux Ivanhoé de son rang de héros. Est-ce lui ? Est-ce un autre ? On ne le sait plus trop. Étant trop condensé, on presse le voyage, passant trop vivement à d’autres personnages, de sorte qu’on sent bien que c’est précipité ; lors on accroche moins, on reste de côté, et l’histoire défile sans y prêter garde.
Pourtant tous ces récits où des soldats se lardent de coups d’épée, de lance sont très agréables. Les personnages ont tout pour nous être affables. Et je me dis ainsi que le roman complet doit avoir cet éclat qui manque à l’abrégé.

Froidmont - Laon - 33 ans - 29 septembre 2024


un merveilleux souvenir d'enfance 10 étoiles

J'ai dû lire "Ivanhoé" dans la Bibliothèque verte (sans doute une adaptation, mais les 250 pages étaient écrites dans une typographie très petite et aux lignes très serrées), à onze ans. Non seulement je ne me suis pas ennuyé une seule seconde car ce fut une lecture inoubliable (d'où mes 5 *), mais j'ai lu dans la foulée "Quentin Durward", qui m'a emballé tout autant et par la suite plusieurs romans, ainsi que des récits fantastiques, du grand Ecossais, père du roman historique. Je les ai toujours finis, et chaque fois, ce fut un grand moment. J'envisage d'ailleurs de relire prochainement "Ivanhoé" dans la traduction Folio (plus de 800 pages !), il fait partie de mes relectures, qui sont souvent des lectures que j'ai faites entre 10 et 20 ans (Alexandre Dumas, Jules Verne, Walter Scott, donc, mais aussi Balzac, Flaubert, Zola, Gide, Dostoïevski, Dickens, Malraux, Camus, Giono, et bien d'autres).
Je crois que pour lire ces auteurs aujourd'hui, il faut oublier ses connections habituelles, et se mettre aux commandes de leurs livres comme on piloterait, je ne sais pas, un avion, par exemple, en étant hyper concentré dessus. Donc éteindre son ou ses téléphones, accepter la solitude du grand lecteur et plonger dans leurs oeuvres, en oubliant tout le reste.
Bonnes lectures !

Cyclo - Bordeaux - 78 ans - 31 mars 2018


Un classique du roman historique 8 étoiles

Le roman est long mais jamais on ne s’ennuie ; on dirait l’histoire écrite pour la télévision, un script de feuilleton ou de téléfilm tellement le découpage du récit, les situations et la mise en place des personnage sont travaillés avec précision et force détail, je ne suis pas surpris que le roman ait été porté à l’écran de multiples fois... Quel travail du romancier ! Les enchaînements sont intelligents, la progression dans son intensité dramatique très bien maîtrisée, Walter Scott est un excellent metteur en scène, très moderne et je comprends que son Ivanhoé ait eu autant de succès à sa sortie et reste très populaire parmi les lecteurs de romans historiques.
Outre le fait qu’il présente beaucoup d’aspects folkloriques savoureux et que le récit ne soit pas dénué d’humour, le principal trait de ce roman est son aspect politique assez prégnant et son philosémitisme exacerbé. Au niveau politique, la rivalité entre Saxons et Normands est le principal axe d’opposition : Les seconds ont mis la main sur l’Angleterre à la suite de l’invasion de Guillaume en 1066. Depuis lors, c’est Richard, issu du lignage Plantagenet qui règne sur l’Angleterre. Or, engagé dans les Croisades et emprisonné en Autriche lors de son retour au pays, Richard a été remplacé par Jean, son frère qui cherche à usurper son Royaume en s’appuyant sur la noblesse normande... cette histoire est connue, c’est bien sûr celle qui sert de toile de fond à la légende de Robin des Bois (Personnage que l’on retrouve dans Ivanhoé ainsi que ses compagnons, Frère Tuck, Petit Jean -seulement évoqué- ou Alan-a-Dale). L’autre aspect politique souligné est la place prise par l’Ordre des Templiers dans un royaume tel que celui d’Angleterre, où ces chevaliers revenant de Terre Sainte forment grâce au maillage de leurs commanderies un véritable Etat dans l’Etat.
Le philosémitisme de Walter Scott est remarquable... il est rare que dans une œuvre de cette époque, un auteur en vogue engage sa réputation afin de prendre le parti des Juifs et d’essayer de changer la perception des lecteurs vis-à-vis d’une frange de la population caricaturée à l’excès. Cependant, ce philosémitisme est tout de même un peu ambigu : Isaac de York est un vrai avare, qui ne consent à se séparer de son or que pour sauver sa fille (et encore tente-t-il des manœuvres pour payer le moins possible). Cette relation aux Juifs pour un auteur du XIX e siècle est intéressant et montre que la question de l’antisémitisme de base est un sentiment largement répandu en Europe : en France bien sûr (la fin du siècle verra l’affaire Dreyfus), l’Allemagne dont le terreau antisémite est largement antérieur à la fureur dévastatrice de la Seconde Guerre Mondiale, la Russie, dont les pogroms ont émaillé tout le siècle.
Ivanhoé est donc un roman très riche, tant par le style (bien retranscrit par la traduction de Defauconpret), par sa construction et par les thèmes qu’il aborde. Sans doute assez libre avec la réalité historique du XIe s. anglais, il reste qu’il constitue un classique du genre, influençant sans aucun doute des auteurs tels que Stendhal ou Hugo. Un très agréable moment de lecture autant qu’une pièce de culture qu’il est à mon avis important d’avoir intégré dans son cheminement intellectuel.

Vince92 - Zürich - 47 ans - 3 mai 2017


Soporifique 1 étoiles

Comment certains lecteurs ont-ils pu trouver un quelconque intérêt à ce roman ? J'en suis à mis-parcours, il ne s'est toujours rien passé (ou presque), je jette l'éponge ! Bon courage aux futurs lecteurs, dites-moi si j'ai eu tort de m'arrêter au bout de 300 pages.

Guy01 - - 66 ans - 10 octobre 2012


Le Dumas écossais et c'est peu dire 10 étoiles

Sublime récit d'historien, histoire d'aventure dont Ivanhoé n'est qu'un des personnages. Même s'il est le héros la façon d'aborder la société à travers le personnage du fou et du porcher dépeint de façon réaliste et humoristique la société des classes moyenâgeuse.

Épique car ce sont aussi les récits des aventures de Richard cœur de lion, de Robin des bois et d’Ivanhoé le preux chevalier. Les juifs (la fille et son père) y sont transcendés dans leur rôle dans la société et l'histoire (marchands, commerçants, prêteurs et médecins versés dans les arts occultes), les templiers y sont aussi dépeints avec talent et sans manichéisme (entre fanatisme et abus de pouvoir, du grand prêtre au simple soldat).

Je voit pas pourquoi la critique originale parle d'une histoire pour enfants, c'est un récit de guerre (dont on critique d'ailleurs Scott pour avoir apporté une vision romantique de la guerre, bien que le bouffon et le porcher y soient le contrepoids et le pragmatisme face à la mort) et de chevalerie très bien écrit et parfois ardu à lire avec plusieurs degrés de lecture. Autant résumer les 3 mousquetaires à un récit de cape et d'épée quand il dépeint l'histoire de la monarchie et sa politique ainsi que du clergé français.
Proche aussi de Chrétien de Troyes dans les thèmes, c'est pourtant romancé (et finement écrit) et exempt de symbolique ce que ne sont pas les histoires de la quête du Graal et de ses chevaliers.

Un incontournable du roman d'aventure, du roman épique et historique, de la littérature anglo-saxonne.

Magicite - Sud-Est - 46 ans - 14 septembre 2011