Un jour comme celui-ci
de Peter Stamm

critiqué par Sahkti, le 13 mars 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Du vide de l'existence
Coup de coeur pour cette ambiance si belle de Paris au petit matin, dans l'arrière-cour d'un immeuble comme il en existe tant d'autres. Peter Stamm restitue avec force et justesse ces courts instants, ces visions fugitives d'un monde qui est le nôtre, simple et apaisant.
A cette ambiance rassurante s'ajoute l'existence d'un homme qui n'aime guère le changement. Tout devrait donc rester en l'état pour Andreas, un suisse enseignant l'allemand dans un lycée parisien. Il vit dans un rêve permanent empreint d'une certaine nostalgie, les choses ne devraient jamais évoluer et même si la ville autour de lui a grandi et s'est muée en quelque chose de plus dévorant, Andreas arrive à faire semblant que tout est identiquement pareil au songe qui le nourrit. Rassurant, oui et... effrayant. Parce qu'à force de vivre déconnecté des autres et de soi, on finit par constituer un danger, avant tout pour sa propre personne. Par peur du risque, Andreas se complaît dans des comportements conformistes et des relations sans envergure.
Mais le risque zéro n'existe pas. Un jour arrive un choc, celui d'une maladie, qui va tout dévaster dans l'univers psychologique d'Andreas.
Alors plutôt que de vivre dans la terreur des changements que le mal finira par provoquer, Andreas plaque tout et reprend sa vie. Pas au début mais presque. Les souvenirs refont surface, l'envie de vivre aussi, le passé jaillit en flashes pas tout le temps salutaires. C'est que la rencontre avec soi-même peut faire du mal. Mais tellement de bien, aussi.

Superbe texte de Peter Stamm autour de la vacuité d'une existence figée qui se découvre vacillante. Beaucoup de sensibilité et d'humanité dans le propos de l'auteur qui nous offre, à travers Andreas, un personne pas forcément attachant, mais troublant, parce très proche de ce que nous sommes tous un peu: à la recherche d'une assurance certaine. Cette identification permet une empathie rapide au personnage, malgré ses défauts et un côté par moments agaçant, une envie de lutter contre cette léthargie stérile. Une belle lecture!
Une histoire statique, mais une écriture honnête 7 étoiles

Peter Stamm dévoile dans son livre l'histoire très nostalgique d'un Suisse exilé en France, qui vit seul une longue vie monotone, au rythme de ses relations purement sexuelles avec plusieurs femmes en même temps.

En apprenant qu'il souffre peut-être d'une maladie grave, il décide de prendre sa vie en main. Changement, retour aux sources, et au bout du compte, attachement définitif à une femme, bien qu'il se refuse à croire à l'amour.

Le roman ne bouge pas beaucoup, n'évolue pas beaucoup, mais flotte plutôt monotonement comme les pensées de son personnage principal. Le charme de ce texte réside sans doute dans l'ambiance très détachée qui est créée. De plus, Peter Stamm possède la faculté pertinente de raconter, d'expliquer des sentiments intimes et profonds de la vie quotidienne que chacun ressent une fois dans sa vie, sans peut-être les comprendre.

Le pingouin - - 35 ans - 15 août 2009