Baisant,seule
de Camélia Montassere

critiqué par Gabbie, le 21 mars 2007
( - 64 ans)


La note:  étoiles
un texte poignant
Baisant, seule :
deux mots simples pour annoncer toute l’intensité du récit ;
au cœur de cette intensité la virgule signe la séparation.
Tout est dit …

78 pages de feu : une brûlure qui se raconte ,
Un récit qui offre l’irracontable de notre corps ,
la quintessence de la brûlure b(r)aisante encagée dans nos ventres.
Un récit qui vient fouiller en nous de sa langue pour nous apprendre que cette transe là ,
cette souffrante, désormais ne sera plus cachée .
Une femme a osé : son courage a laissé parler cela qui désire en elle.
Et cet aveu bouleversant dévoile bien plus que le sexe, révèle d’avantage que le désir, dans la danse - contact des mots, il donne à connaître la peine profonde de notre chair, la faim sans fin de l’humain féminin souffrant en solitude de soi.
Cette béance du corps en appel du tout.

C’est un cri de douleur mais un cri de vie, tant il résonne vrai , tellement il avance prés de son épuisement , là où il pourra se rendre et se transformer.
C’est un cri qui libère parce qu’il dit sans détours ce qui ne fait que se retenir en nous.
Ce cri comme une supplication du cœur puisant sa source aux profondeurs du ventre .
Ce cri illumine nos hypocrisies.
Baisant seule,
enfin….
Il fallait que cela soit écrit , comme cela s’est écrit :
c’est cette langue- là qui nous lave !
Avons-nous jamais été les innocents? 10 étoiles


Derrière la crudité du titre, il y a une femme traquée, traquée par le désir depuis sa plus « tendre » enfance. Un désir dévorant, inavouable. Et si l’innocence de l’enfance était un mythe ? Et si cette soif qui soudain se révèle laissait jaillir en même temps la possibilité d’une vie plus vivante ?

Il n’y a pas dans ce texte de discours sur le désir, de mise à distance. Oui, pour une fois, c’est le désir lui-même qui s’exprime, donne sa voix, sa rage, son angoisse.
Le trouble ne vient pas d’une excitation érotique, mais d’un aveu, l’aveu d’un désir multiple, insatiable qui vient transpercer,si l’on veut bien l’accepter, le refus de voir et d’éprouver cette anormalité si normale au fond : notre désir d’infini, d’une jouissance sans fin, là où toute raison bascule.

Baisant, seule nous parle de nous, du plus intime de cette bête que nous portons.
Dans nos vies tressées au creux d’une interrogation sublime, à l’angoisse vient répondre la lucidité d’un regard, d’un corps, d’une voix.
Dans le geste de cette femme écrivant, s’écrivant, s’inscrit le parcours de nos vies hébétées par ce désir qui ne veut pas se dire. Ce secret de l’humain est ici montré, donné comme une offrande pour, de la boue, extraire le hurlement d’une libération.

Hieronimus - - 47 ans - 18 mai 2007