Le dernier templier, tome 1 : Le chemin du vieux moine de Rudy Cambier

Le dernier templier, tome 1 : Le chemin du vieux moine de Rudy Cambier

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Persée, le 9 août 2001 (La Louvière, Inscrit le 29 juin 2001, 73 ans)
La note : 8 étoiles
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Se non e vero...

Ne raccrochez pas tout de suite ! Même si je vais vous entretenir des Templiers et de Nostradamus. Pour une fois qu’une thèse sur ces sujets rabâchés semble tenir la route, autant voir si elle ne fonce pas droit dans le mur…
Avec un langage rabelaisien, truculent en diable – surtout lorsqu’il s'agit d’estourbir les exégètes du soi-disant prophète Michel de Nostredame – presque toujours intéressant, même dans ses digressions foisonnantes, Rudy Cambier développe une thèse pour le moins inattendue : Nostredame ? Un vulgaire plagiaire qui s’est borné à recopier un manuscrit du 14ème siècle, subtilisé dans l’abbaye de Cambron, près de Ath (Belgique). Les oiseaux du parc Paradisio en restent sans voix…
J’avais vu l'auteur défendre sa thèse à la télé, avec une fougue digne d'un chevalier du Temple surpris dans un harem. Je l’avais ensuite entendu à la radio, et sa faconde m’avait aussitôt fait tendre l'oreille. Il fallait bien que je me procure son bouquin.
Eh bien ! Cambier écrit comme il parle. Ce qui dessert un peu le caractère scientifique de son livre, rédigé dans un style pittoresque qui conviendrait sans doute mieux à une conférence (les scientifiques ne pratiquent guère l'humour). Mais comment rendre accessibles autrement ses analyses linguistiques et paléographiques qui laissent pantois ?
Pour l'homme d'aujourd'hui en effet, les « Centuries » attribuées à Nostradamus sont parfaitement illisibles, si bien qu'on a pu leur faire dire n'importe quoi. La raison en est double. Primo, il fut rédigé au 14ème siècle et non au 16ème et tout texte du 14ème siècle est, en version originale, incompréhensible aux profanes de l'ère du S.M.S., a fortiori s'il ne connaît pas le picard (Allez lire Froissart dans le texte, rien que pour voir !) Secundo, les « Centuries » obéissent à un genre littéraire particulier qui, selon Cambier, faisait florès au Moyen Age : l'énigme.
Et ce n’est pas pour faire joli que le prieur de Cambron, Yves de Lessines, a écrit les « Centuries ». En fait, il destinait ce texte à une seule personne : l'homme que les rescapés de l'Ordre du Temple enverraient pour récupérer le Trésor des Templiers, mis à l'abri (c'est le cas de le dire) dans le pays des Collines.
Et voici que, sous la plume sagace de notre biaux sire Cambier, apparaît une véritable carte Michelin de la Chasse au Trésor. Tel un jeu de piste, le texte des « Centuries » se met alors à foisonner de références templières et de repères topographiques désormais évidents, conduisant à un endroit très précis. Et les preuves abondantes avancées s'avèrent parfaitement convaincantes, outre qu’on apprend plein de choses sur la manière dont l'homme du Moyen Age concevait le monde.
Las ! Peu d'entre nous sont versés dans la paléographie et, proprement incapables de nous lancer dans une contre-expertise scientifique, nous sommes contraints de faire confiance à l’auteur. D’autant que nous n’en sommes qu'au terme du premier tome d’un ouvrage qui en comporte deux. Et, visiblement, notre thésard ménage ses effets, réservant les beaux morceaux pour la fin. Alors, prestidigitateur ou scientifique avéré ?
Car enfin, quatre mille vers sur parchemin bien épais, cela devait représenter un volume diablement encombrant sous le bras d’un brave Templier qui n’est censé comprendre le texte qu'au fil du chemin parcouru ! Et, quoique parfaitement désintéressés, nous attendons Messer Cambier au tournant quand il consentira à nous expliquer ce qu’il est advenu de ce trésor pharaonique qui a bien dû laisser quelques traces. On n'imagine tout de même pas qu'il reste à découvrir !
Vivement donc le deuxième tome ! Ma seule angoisse : que la cathédrale s'effondre au moment d’y poser la clef de voûte.Eh bien ! Même si c'était le cas, nous n’en conserverions pas moins le souvenir d'une prodigieuse promenade au cœur du Moyen Age. Et puis, si Rudy Cambier n’était pas lui-même intimement convaincu du bien-fondé de sa thèse, il en aurait fait un roman, non ? Et quel roman !

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