Spirou et Fantasio (Les intégrales), tome 2 : De Champignac au Marsupilami
de André Franquin

critiqué par Shelton, le 1 avril 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Enfin le Marsupilami entre dans le neuvième art...
Dans un premier volume des années Franquin de Spirou, nous avions lu des petites histoires qui nous montraient comment Franquin, petit à petit, s’était approprié les personnages de Spirou et Fantasio… Mais qu’allait-il en faire ? Comment donnerait-il vie à cette série dans le temps ? C’est là que ce second volume va éclairer nos lanternes, en tout cas la mienne, moi qui n’ai pas eu la chance d’être bercé par les aventures de Spirou dès ma naissance…
C’est à l’âge de 26 ans que Franquin crée le village de Champignac que l’on découvre dans l’album. Il y a un sorcier à Champignac. Un tout petit village, un château qui le domine et un comte [même si au départ le maire du village l’appelle « baron »]… Un véritable savant, inventeur fou, grand et petit à la fois, philosophe et idéaliste, qui va devenir un personnage clef des histoires signées Franquin et qui restera à tout jamais dans la série…
Dans l’album suivant, Spirou et les héritiers, Franquin envoie ses deux héros, Spirou et Fantasio en Palombie, la plus petite des républiques d’Amérique du Sud. Ils découvriront sa capitale Chiquito et entendront, surtout, pour la première fois, le cri qui résonne dans la forêt tropicale : Houba houba houba !!! Oui, le Marsupilami fait son entrée et on ne sait pas encore qu’il aura un tel succès que l’auteur sera obligé de lui consacrer, par la suite, une série à part entière… C’est dans cet album que nous découvrons que le lien entre le Marsupilami et nos deux amis est le rire. C’est parce que Fantasio se prend la tête dans son filet à papillons que le Marsupilami rigole et que cette nouvelle sensation agréable va le transformer. Il veut « fréquenter » ces deux humains qui le font rire…
Le troisième album de ce recueil, Les voleurs du Marsupilami, marque l’entrée définitive de l’animal original dans l’univers de Franquin, mais confirme, surtout, la modernité de sa narration graphique. André Franquin a beaucoup d’avance sur ses confrères, il fait rire, il ose des scènes pleines de mouvements, de clowneries, de pitrerie, de folie. Il est tout simplement déjanté comme on dirait aujourd’hui ! Et c’est bien agréable pour le lecteur de ce début de vingt-et-unième siècle… Ce troisième album et dernier de ce second volume des Intégrales de Spirou met aussi en valeur et évidence l’usage très innovant des onomatopées par Franquin. Il va continuer sur cette voie, puisque, dès 1957, ce sera l’une des particularités des gags de Gaston Lagaffe… Mais c’est un autre pan du talent d’André Franquin…
Cet ouvrage m’a beaucoup plu car je ne connaissais pas assez Spirou et que maintenant j’ai envie de lire tous les albums, au moins ceux signés par Franquin… C’est une excellente idée que d’inviter des jeunes lecteurs, des nouveaux lecteurs [je ne suis pas dans les jeunes, vous l’avez bien compris] à entrer dans une œuvre aussi vaste que celle des aventures de Spirou et Fantasio… Nos préjugés tombent d’eux même au fur et à mesure des lectures et l’envie d’en connaître plus s’installe… Tiens, je crois que je vais me mettre à lire les reprises de Spirou par les dessinateurs contemporains comme Frank Le Gall et Yoann…