La belle vie
de Jay McInerney

critiqué par Jules, le 12 avril 2007
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
J'ai beaucoup aimé
Nous sommes un peu plus de dix ans plus tard que dans « Trente ans et des poussières ».

Russell est toujours éditeur mais a pris un peu de ventre et une légère calvitie. Sa secrétaire a aussi été sa maîtresse pendant quelques années et son ami Jeff, écrivain, est mort il y a un bon bout de temps alors qu’il soignait son « héroïnomanie ».

Corrine a abandonné son travail chez un courtier en bourse dès qu’elle a eut ses jumeaux. Cela n’a pas été simple vu qu’elle ne pouvait avoir d’enfants. Il lui aura fallu s’adresser à sa jeune sœur, Hillary, douce évaporée par ailleurs, de lui donner de ses ovules qui allaient être fécondés par des spermatozoïdes de Russell.

Malgré tout, Corrine se sent un peu inutile et décalée à ne pas travailler. Manhattan n’aime pas ce comportement réservé aux seuls très riches. Il faut pouvoir être classée… Russell, lui, avait accepté cela sans trop de difficultés jusqu’au moment où ses amis ont commencé à s’acheter des maisons dans les Hampton’s, ce qu’il ne pouvait pas faire. Nous sentons le couple devenu relativement fragile.

Luke est marié à une certaine Sasha, femme ayant aussi atteint la quarantaine, belle, élégante et bombe sexuelle. Elle fait des photos et passe très souvent dans la presse de mode. Elle n’apprécie pas du tout que son mari, fortune faite dans la finance, ait décidé d’abandonner son boulot et de rester plus proche de sa famille. Elle a un certain Melman, homme richissime, pour amant et ne se gêne pas trop au point que Luke n’est vraiment pas dupe. Il dérange tout autant sa fille Ashley qui trouve qu’il est trop disponible pour s’occuper d’elle, alors qu’elle a quatorze ans.
Et tout ce petit monde baigne dans le gratin et le vide.

Tout va basculer car le grand gala de charité qui les ressemble se passe le 10 septembre et le lendemain matin les Twin Towers ne seront plus qu’un souvenir !...

Luke avait rendez-vous avec son seul ami ce matin là à huit heures à Ground Zero. Il n’y est arrivé qu’un peu après neuf heures et n’a échappé que de justesse à la mort alors que ce ne sera pas le cas de son ami.

De son côté, Corrine s’est précipitée vers Ground Zero pour tenter d’aider. Elle voit un fantôme tout gris et crachant ses poumons sortir de l’épais brouillard de poussière. C’est Luke qui a tenté de trouver son ami. Elle l’aide à se reprendre puis il rentre chez lui. Corrine va participer à une base fixe d’aide aux pompiers, gardes nationaux, policier etc. Il s’agit de les nourrir, de leur donner du café et d’autres boissons, de les réconforter aussi quand ils arrivent en pleurs ou complètement chamboulés. Elle y passera ses nuits.

Je vous laisse ici dans l’histoire.

J’ai vraiment beaucoup aimé ce livre ! Je sais que nombreux sont ceux qui rejettent les livres consacrés au 11 septembre en considérant qu’ils ne sont que du commercial. Je ne pense pas cela de celui-ci.

Le 11 septembre lui-même n’est que la toile de fond de cette histoire. Les grands événements chamboulent les vies de certains et permettent de révéler des sentiments, des comportements que ceux-ci n’auraient peut-être pas eut autrement. C’est le cas ici. Un nouveau processus s’engage avec une autre façon de voir la vie.

McInerney va aller très loin dans l’analyse de la naissance d’un amour absolu entre des êtres au milieu de leurs vies, mariés et avec des enfants chacun. Amour absolu mais pas nécessairement sans culpabilité ni parfois regrets. Chacun utilise les armes qu’il a et les conjoints ne se laissent pas nécessairement faire même s’ils étaient engagés sur la mauvaise pente eux-mêmes.

Alors que Corrine apprend les infidélités de son mari avec sa secrétaire elle lui demande ce que celle-ci a de plus qu’elle. Russell lui répond que c’est une mauvaise question et répond : « Rien, elle n’a rien de plus que toi ! Tout simplement elle n’est pas toi ! » C’est une vision de la vie de couple qui en vaut une autre.

Corrine et Luke vont-ils arriver à concrétiser tout ce bonheur fou qu’ils viennent de découvrir ?... A vous de voir…

Jay McInerney écrit très bien et ce que j’ai le plus aimé dans ce livre c’est qu’il va très loin dans l’analyse des comportements et des sentiments de ses personnages. Comme Hemingway je dirais qu’un livre est bon quand il est écrit « vrai ».. McInerney écrit très vrai et un autre écrivain, avec moins de talent, aurait versé dans le navet le plus sirupeux. Lui, vraiment pas !...

Je le conseille donc fortement !
Love story post attentat du World Trade Center 6 étoiles

Non pas que ce roman soit mauvais mais j’en attendais tellement plus… McInerney est un écrivain renommé, ses romans très contemporains sont souvent dits sulfureux, ça pulse, bref, je m’attendais à une atmosphère sulfureuse, à de l’action, ou disons un tant soit peu. Au final… un début très mondain avec un focus sur deux familles new-yorkaises. L’une très aisée, l’autre riche, voir jet-setteuse. La rencontre amoureuse entre deux de ses membres sur fond de traumatisme lié à l’horreur du 11/09/2001 et ce que cela va donner.
J’ai traversé cette lecture avec tout de même un peu d’intérêt car au final ce roman est un roman d’amour et l’on a envie de savoir comment cela va évoluer. Les personnages sont bien « fouillés » et force est de constater que j’ai envie de connaître la suite. Néanmoins je ne peux m’empêcher de me dire que j’en attendais plus : une écriture plus belle ou plus nerveuse, une histoire moins classique : un roman moins banal en somme.

Sundernono - Nice - 41 ans - 11 juillet 2019


A propos du 11 septembre 2001 4 étoiles

Pouah oui c'est nul. D'abord, comme tous les gens vulgaires McInerney possède un style maniéré et entre un défilé de mode rance et des ragots anodins de "bonne femme" (précisons aux ignorants que Jay est un homme...) ce bouquin d'une extraordinaire prétention est impossible à lire sinon très diffcile.

Cynique mais mal-écrit, je n'ai même pas vu là-dedans un soupçon de talent, que du vrai sans même le souffle épique d'un Tom Wolfe, que de la collection Harlequin et pour faire court, je déconseille très fortement à mes amis !

Antihuman - Paris - 41 ans - 30 décembre 2013


D'un décombre l'autre ! 9 étoiles

le 11 septembre 2001 ! l'horreur s'abat sur le très chic et vaniteux Manhattan . Deux inconnus, Luke et Corinne , la quarantaine passée, (re)découvrent leurs sens ! Mais ce même élan de solidarité jaillit des décombres fumants pansera-t-il la vacuité toute ouatée de leur quotidien respectif ? A moins que cet élan thérapeutique n'assèche davantage le lit de leur vie !

Lalige - - 50 ans - 7 octobre 2013


un livre charnière de la littérature contemporaine américaine 7 étoiles

Si la tragédie du 11 septembre est le fil conducteur de 'La belle vie ' les évènements terribles de cette journée historique dont on n'a pas fini de mesurer la portée ne sont pourtant pas au centre de l'histoire et c'est plutôt le choc de l'après 11 septembre , la prise de conscience , la remise en question qui constitue la véritable trame et le force de ce roman . Car l'onde de choc de cette journée inoubliable pour l'humanité est ici traitée d'un point de vue humain . En mettant volontairement de côté la politique et en se concentrant sur le facteur humain de l'évènement Mc Inerney nous bouleverse . Jamais son livre ne s'apitoie sur les innocentes victimes , bien au contraire l'écrivain ne nous parle que des vivants , des rescapés de tous ceux pour qui 'rien ne sera plus jamais comme avant '

Et dans l'horreur de cette tragédie et des décombres fumantes du World trade Center Jay Mc Inerney fait surgir l'espoir et l'amour et remet en question tout un système basé sur des convictions et des sentiments nourris au rêve américain que le 11 septembre a définitivement balayés

Jimbo - - 63 ans - 15 juillet 2012


MacInerney attitude 6 étoiles

On n'est pas obligé d'être newyorkais pour s'immerger avec délice dans ce roman. Jay Macinerney qui tue-toi newyork comme un vieil ami, tellement il connaît bien cette ville nous entraîne dans une histoire étonnante. Celle-ci commence la veille du 11 septembre 2001 et se poursuit le lendemain de la catastrophe. Cette dernière n'est qu'évoquée mais ses conséquences psychologiques et sociologiques sont remarquablement traitées.
Comme à son habitude, l'auteur use de l'autocritique et de l'autodérision avec aisance pour nous révéler la profondeur de ses personnages. En cela, la réussite est au rendez vous.
Les personnalités sont décrites au plus juste, sans excés. Leurs agissements sont bien sûr liès aux conséquences du 11 septembre, pour autant, l'humour et la légèreté sont présents. Les portraits sont sans concession, ni à charge, ni à décharge. Ils sont à l'image de cette bourgeoisie intellectuelle newyorkaise, de celle qui "fait de l'argent" dans l'édition où le cinéma, et qui se révèle plein de ressources (humaines) face à l'adversité.
L'aspect matériel, si présent dans le quotidien des protagonistes devient tout d'un coup superficiel et ridicule mais les personnages assument et se débattent sans renoncer à leur identité.
L'histoire d'amour née sur les cendres de "ground zero" encore fumantes et que l'on croît un moment hors d'atteinte d'un quotidien quelque peu surfait, est elle aussi rattrappée par les mondanités. On ne change pas semble nous dire Macinerney, même si on s'interroge perpétuellement sur notre propre existence. A New York ou ailleurs...

Mmerliere - - 62 ans - 15 décembre 2007