Salut l'Amérique !
de J. G. Ballard

critiqué par B1p, le 13 avril 2007
( - 51 ans)


La note:  étoiles
le vieux Nouveau Monde est à venir
Vers la fin du 21e siècle, une expédition est envoyée vers le continent nord-américain. Cela fait plus d'un siècle que les Etats-Unis ont été abandonnés par leurs habitants. La crise de l'énergie a eu raison de la civilisation qui devait mener le monde vers le progrès. Les Américains sont retournés vers les terres européennes de leurs ancêtres, là où les régimes étaient suffisamment autoritaires pour contraindre les foules au rationnement de l'énergie.
Une expédition est cependant envoyée vers l'ex-Nouveau Monde pour rechercher les raisons du regain de radioactivité que Moscou a décelé en provenance des Etats-Unis. Fuite à un réacteur nucléaire ? A une arme de destruction massive ? Les scientifiques et leurs accompagnants, embarqués à bord du navire « Apollo » sont chargés de tirer l'affaire au clair. Mais leur progression sera d'autant plus difficile que les conditions d'exploration sont extrêmement pénibles. Pour sauver le reste du monde, de gigantesques barrages ont été dressés pour rediriger les ressources vers le monde encore habitable, réduisant les Etats-Unis à un désert aride.
Entre explosions nucléaires, hallucinations et engins volants ressuscités des siècles passés, les membres de l'expédition découvriront comment les icônes passées de l'Amérique ont été convoquées dans une tentative de restaurer sa grandeur.

Il y a plusieurs facettes au talent de James Graham Ballard. Il y a le James Graham Ballard qui fait de la science-fiction, celui qui décrit les moeurs modernes et leur travers grâce à des histoires à peine futuristes ou encore celui qui raconte ses blessures d'enfance. « Salut l'Amérique ! » fait partie de la veine science-fiction. Même s'il on peut y voir par moments une critique voilée des Etats-Unis, il me semble clair que c'est plutôt la nostalgie de la recherche de l'idéal américain qui prime, avec cette ruée vers l'Ouest de nouveaux explorateurs, avec la convocation des icônes américaines qui ont forgé l'Histoire (de Sinatra à Dean Martin, en passant par Marylin Monroe ainsi que les 44 présidents américains qui se sont succédés pour mener le pays à la gloire aussi bien qu'à son déclin.) D'ailleurs, c'est dans une cité emblématique, aussi attirante que répulsive, que Ballard scelle une nouvelle fois le destin d'un continent qui aspirait à renaître. Au petit bonheur la chance...

Est-ce un bon roman de science-fiction ou pas ? Je ne sais pas très bien, n'étant pas un spécialiste du genre. Ca se laisse lire avec beaucoup de plaisir et Ballard a suffisamment de suite dans les idées pour que les différents fils de l'histoire de rejoignent de manière assez inattendue et tout à fait réjouissante. A la lecture, ça m'a fait pensé à du Barjavel, ce qui, suivant mes goûts personnels, est un bon signe. Faudrait voir pour les vrais fans de SF...

« Selon lui, c'est l'excès de rêve qui a tué les vieux Etats-Unis, toutes ces histoires de Mickey et de Marilyn, toute cette technologie brillante branchée sur des futilités comme les caméras instantanées et le cirque spatial qui aurait dû rester dans les pages des livres de science-fiction. Pour reprendre ses propres termes, les derniers présidents des Etats-Unis paraissaient avoir été recrutés à Disneyland. »