Spirou et Fantasio, tome 33 : Virus
de Tome (Scénario), Janry (Dessin)

critiqué par Shelton, le 16 avril 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Coup d'essai de Tome et Janry
Nic et Cauvin viennent de boucler, avec difficulté et sans succès, le troisième album des aventures de Spirou et Fantasio. Nous sommes en 1981. Tome et Janry avaient envie de reprendre la série depuis qu’ils savaient que Jean-Claude Fournier allait laisser la place libre pour s’occuper de sa série Les Crannibales. Ils avaient fait quelques essais et c’est l’échec de Cauvin et Nic qui leur permet, enfin, en 1981, de prendre les rênes, les commandes, de la série qu’ils avaient aimé lire… « Virus » est leur première aventure…

Tome et Janry travaillent ensemble depuis un petit moment, en particulier, en réalisant des décors pour la série Boule et Bill de Roba, lui qui fut, aussi, collaborateur de Franquin, un temps, sur Spirou et Fantasio.
Tome et Janry travaillent différemment des autres auteurs, car les deux dessinent, les deux ont le sens de la bédé, du récit, du mouvement… Du coup, dès leurs premiers essais, ils dégagent une énergie de leurs histoires qui ne sera pas sans rappeler les récits d’André Franquin. C’est pour ces mouvements, cette vitesse, qui apparaissent dans leurs cases que l’on peut affirmer qu’ils sont les dignes fils graphistes de Franquin, même s’ils garderont leur style. Ils vont s’approprier Spirou et les personnages existants et vont les faire vivre pendant dix-sept ans, du moins pour les aventures principales, car pour le Petit Spirou, personne ne connaît la fin de la série…
Pour cette première, « Virus », les auteurs nous offrent, en tout premier lieu, une séquence digne des bédés policières contemporaines… Fantasio est au travail, à la recherche du scoop absolu, celui qui lui offrira la gloire… Dès la troisième planche, on perçoit que nous sommes bien dans Spirou et Fantasio, c’est plus léger, plus gaguesque, plus tonique… Les onomatopées font leur apparition et on se dit que ces petits jeunes on la pêche…
L’histoire est assez simple, enfin presque… Fantasio trouve un homme malade qui lui dit avoir été gravement intoxiqué, contaminé, touché, par un virus diabolique et que seul une de ses connaissances, le comte de Champignac, pourrait le sauver… Il reconnaît cet homme malade car il n’est autre que le machiavélique Helena, le capitaine du « Discret », que nous avons déjà rencontré dans « Le repère de la murène » et « Les hommes-bulles »… Fantasio, très humain, pourtant Spirou n’est pas là pour le stimuler, décide de l’aider en le conduisant au château de Champignac… Il n’imagine pas, alors, toute l’histoire qui va les plonger, lui et Spirou, et les conduire jusqu’au pôle sud… Pour un peu on en tremblerait de froid… Heureusement le comte les protège de cet inconvénient… Quel chercheur, celui-là !
L’histoire est bien construite et le ressort assez fort puisque Spirou et Fantasio luttent contre le temps pour sauver Helena… Les bons prennent de gros risques pour sauver la crapule…
Mais, ça fonctionne bien, même si l’humour n’est pas encore aussi libre que dans d’autres albums… C’était le premier, il fallait un début… Les voilà lancés, et moi, je l’avoue, j’aime… Cet album n’est pas le meilleur mais il est porteur de grosses espérances bullesques…