Le narrateur, un poète, part pour Naples, ville qu'il rattache à de nombreux souvenirs.Il y rencontre Wahida, une belle prostituée, fascinante et blessée, qui croit au vrai amour sans l'avoir réellement connu. Le narrateur souhaite l'initier à la poésie et à l'amour, platonique. Lui-même est hanté par un amour passé qui lui a laissé une blessure toujours ouverte.
Ce court roman est très bien écrit. Le style est poétique et imagé. Tahar Ben Jelloun atteint la grâce parfois quand il décrit la ville de Naples, ville tumultueuse et insaisissable. De plus, des dessins d'Ernest Pignon-Ernest sont insérés dans cette oeuvre, artiste qui a affiché des dizaines de ces œuvres sur les murs napolitains ... L'auteur ne s'arrête pas là puisque le street-artiste est un personnage de son roman.
Si l'on prend un peu de recul avec ce texte, on se rend compte que le fond est sombre et grave : la prostitution, le banditisme albanais, la Camorra, des femmes fortes et manipulées qui n'ont jamais connu le véritable amour ... C'est avec une certaine élégance que Tahar Ben Jelloun aborde ces sujets. Il y a une part d'humanité rare chez ces personnages qui ne sont dépourvus ni de sensualité ni de sincérité.
La ville de Naples est aussi un personnage du roman tant elle est évoquée et familière pour le lecteur grâce aux évocations de l'écrivain.
Ce roman est fort et laisse un souvenir indélébile, des impressions fortes et une vive envie de lire d'autres textes de l'auteur. La rencontre entre ces deux êtres, qui n'ont quasiment rien en commun, est riche d'enseignements.
Tahar Ben Jelloun est vraiment un grand écrivain. Il a une plume reconnaissable, une sensibilité particulière, le courage d'affirmer clairement ses idées. Il possède aussi cet art de raconter qui n'est pas aussi simple que l'on croit.
Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 11 juin 2017 |