Généalogie de la morale de Friedrich Wilhelm Nietzsche
( Zur Genealogie der Moral)
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Philosophie
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Moralisme ou nihilisme
En trois dissertations, Nietzsche s'interroge sur les thèmes classiques de la philosophie éthique et morale : le bon, le mal, le bien, le mauvais, l’idéal ascétique, la mauvaise conscience, etc.
Il esquisse ainsi une histoire de la morale claire et précise, les nombreuses notes du traducteur se chargeant d’éclaircir les références, allusions ou concepts trop ardus ou simplement obscur. « Ayant cesser de craindre l’homme nous avons aussi cesser de l'aimer. Qu'est ce que le nihilisme sinon cette lassitude là ? » Nietzsche s’interroge sur l’évolution des mœurs, sur le nivellement par le bas de la population, sur bien des sujets d'actualité finalement, même si le bouquin date d'un siècle. A partir de là que l'on soit d'accord ou non avec lui relève de l’accessoire. Après tout, le propre d’une bonne dissertation est de tenir la route, même si on n'aime pas les conclusion auxquelles on parvient. Et celles présentées ici la tiennent plutôt bien, la route.
Les éditions
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Éléments pour la généalogie de la morale [Texte imprimé], écrit de combat ajouté à "Par-delà bien et mal", publié dernièrement, pour le compléter et l'éclairer Friedrich Nietzsche introd., trad. [de l'allemand] et notes par Patrick Wotling
de Nietzsche, Friedrich Wilhelm Wotling, Patrick (Editeur scientifique)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253067405 ; 5,90 € ; 01/07/2000 ; 311 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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Vouloir le néant plus que rien
Critique de Neithan (, Inscrit le 19 juin 2005, 37 ans) - 19 août 2005
Ici, Nietzsche tente de brosser l'arbre généalogique de la "morale", principalement celle chrétienne, morale qui nie l'homme en ceci qu'elle le fait souffrir et culpabiliser, et qui fait de lui l'homme du ressentiment. Il cherche à savoir de quelle facon une telle morale a pu voir le jour, de quelle facon la souffrance et le dénis de soi ont ils pu être porté au statut de valeur, d'idéaux, de vertus. De par sa méthode généalogique, Nietzsche ne se demande plus "Qu'est ce que le Bien, le Mal?", mais "Qui?", "Qui" dit qu'il faut être bon et vertueu...
Nietzsche prône dès lors un renversement des valeurs pour remettre l'éthique sur ses pieds. Car en effet le point de départ de la morale des faibles, celle qui a finit par triompher, est le paralogisme : tu es mauvais donc je suis bon. Il y a là une inversion qui, par le christiannisme, va passer pour vérité absolue. Il conclut en affirmant que l'homme préfère vouloir le néant, les idéaux ascétiques, plutôt que de ne rien vouloir!
Mais je me rend compte que je dois être très confus avec ces maigres tentatives d'explication, qui sont loin de représenter toute la puissance du philosophe comprise dans ce livre... Alors ne vous fiez pas à cette critique brouillonne, présente uniquement pour témoigner de l'affection que j'ai pour l'auteur, mais au contraire lisez le, cela vaut mieu!
A méditer
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 30 août 2004
Ce texte, sans doute un des plus aboutis et réfléchis du philosophe, contient énormément de doubles sens et de subtilités qu'une relecture attentive permet davantage d'apprécier. Notamment dans la première dissertation et les notions de ressentiment telles que définies par Nietzsche. Un concept à ne pas séparer du contenu de la seconde dissertation qui nous parle de la conscience et de cette voix que beaucoup pensent venir de Dieu alors qu'elle n'est que notre inconscient refoulé qui éclate en mille morceaux en nous lorsqu'il ne peut exercer toute sa vilénie (ou sa bienfaisance, selon les cas, mais c'est plus rare) sur les autres. L'homme est viscéralement cruel et ses actes le prouvent (voir à partir du sixième paragraphe pour une magistrale démonstration de cette hypothèse).
Petit coup de coeur de ma part pour la troisème dissertation et la jolie gifle qu'elle constitue à l'égard de nos soi-disant principes de grandeur et de morale, cette volonté d'accéder à la pureté et au nirvana de l'âme alors qu'en réalité, nous ne sommes capables de rien du tout par nous-mêmes et nous préférons encore croire dans des leurres que de ne croire en rien. Avec une longue explication de Nietzsche sur cette croyance en rien (qui n'est pas équivalente en une croyance dans le néant, c'est à préciser).
De quoi créer les concepts galvaudés de bien et de mal, de bon et de mauvais, ces repères humains dont nous ne pouvons plus nous passer et qui ne sont pourtant que des repères humains, à savoir établis par nous et donc conformes à nos attentes intérieures. La morale n'est qu'une construction artificielle, principe auquel j'adhère entièrement. A partir de cette théorie, Nietzsche démontre, à sa manière, que le christianisme (mais aussi le socialisme) n'est que le fruit de cette morale, une discipline utilisée pour pratiquer ces notions de bien et de mal, se mettre en valeur, réclamer l'égalité ou la justice. Les faibles s'en servent à outrance tandis que les plus riches ou plus dominants balaient cette morale du revers de la main, se plaçant, du coup, hors normes aux yeux de la masse populaire.
Ne pourrait-on penser face à de tels comportements que la morale est l'opium du peuple? Ce qui le motive et le fait avancer? Ce qui lui fait accepter tout et n'importe quoi? Une morale de troupeau pourrait-on dire... Pas tout à fait faux!
Aaah Nietzsche !
Critique de Pendragon (Liernu, Inscrit le 26 janvier 2001, 54 ans) - 30 août 2004
" Un homme fort et réussi digère ses expériences vécues (faits, méfaits compris) comme il digère ses repas, même s’il doit avaler de durs morceaux. S’il ne vient pas " à bout " d’une expérience vécue, cette indigestion n’est pas moins physiologique que l’autre – en fait elle n’est souvent qu’une suite de l’autre. "
" […] partout où il y a troupeau, c’est l’instinct de faiblesse qui a voulu le troupeau et la sagesse du prêtre qui l’a organisé. Ne l’oublions pas : par nécessité naturelle les forts ont tendance à se séparer autant que les faibles ont tendance à s’unir, […] "
Il suffit de se reporter aux quelques phrases ci-dessus pour se rendre compte du propos de Nietzsche. Il tend ici à montrer que la vie en soi, le bonheur, la force, la puissance sont des valeurs qui se doivent d’être remarquables alors que la pauvreté et la misère, cette volonté de souffrir si chère à la religion, ne doivent engendrer que notre dédain.
Livre charnière entre son Zarathoustra et Par-delà bien et mal d’une part et Crépuscule des idoles, Antéchrist et Ecce Homo d’autre part, La généalogie de la morale explique l’ineptie morale (et religieuse) des notions de bon et de mauvais en ce sens qu’il y a forcément une opposition entre la nature et la sociabilité de l’homme… mais que l’un n’a pas de raison de prévaloir sur l’autre !
… mais ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit et si équivoque il y a, lisez Nietzsche, il le dit mieux que moi !
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