Anaconda
de Horacio Quiroga

critiqué par Sahkti, le 16 mai 2007
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Flirt avec la mort
La première nouvelle de ce recueil, qui lui donne son titre, évoque l'univers de serpents en Amérique latine, parlant et complotant pour venir à bout de la présence de l'homme. Dans un baroud d'honneur dangereusement mortel, une union hétéroclite et contre-nature des diverses espèces venimeuses que compte le monde des serpents fait tout ce qui est en son pouvoir pour chasser un laboratoire venu s'implanter sur leur terre ancestrale.
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle pour la sensibilité que Quiroga fait passer chez ces animaux rarement appréciés, tout en leur conservant des traits de cruauté et de perfidie qui collent assez bien (de manière fausse peut-être) à l'image qu'on s'en fait (merci le lourd passé biblique...). Des bestioles intelligentes qui raisonnent comme les humains et sont victimes des mêmes dérapages d'égo et de luttes de pouvoir.
Les autres nouvelles sont tout aussi intéressantes pour leur noirceur, ce côté sombre en permanence borderline avec la mort ou la souffrance, ces intériorisations qui font mal et cet univers fantastique dans lequel Quiroga évolue avec une grande aisance d'écriture et une richesse de vocabulaire qui rend ses mots poétiques et lyriques. C'est un autre monde qui s'ouvre à nous grâce à ce livre empli de récits riches et effrayants, profonde réflexion sur nos errances et nos certitudes vulnérables. A découvrir!