Vaincre à Olympie
de Maurice Genevoix

critiqué par Jean Meurtrier, le 18 mai 2007
(Tilff - 49 ans)


La note:  étoiles
Les poings sur les i grecs
«Euthymos, vainqueur olympique» a initialement été publié en 1924. Ce n’est qu’à sa réédition en 1960 qu’il change d’intitulé et devient «Vaincre à Olympie». Il est adapté au petit écran pour Antenne 2 en 1977.
Sostratos est un jeune athlète grec de l’Antiquité, vedette locale à Sycione, sa ville natale. Alors qu’il se pavane au milieu de ses admirateurs, un vieillard énigmatique qui se fait appeler Ménesthée se moque de son allure, mais lui propose d’y remédier. Bien que vexé, l’orgueilleux Sostratos est intrigué par ce vieil homme autoritaire et accepte de le suivre, non sans tenter de sauver la face. Ensemble, ils grimpent la colline ou se trouvent le sanctuaire d’Asklépios, le dieu guérisseur, et une statue de Granianos le dernier champion olympique de Sycione. Installés sur place, Ménesthée raconte l’histoire d’Euthymos de Locres, vainqueur olympique de pugilat (ancêtre de la boxe), afin d’attiser l’ambition de Sostratos.
Locres est une ville maritime aux falaises blanches qui a la particularité d’être en proie à un démon, ancien marin d’Ulysse lapidé pour viol. Afin d’apaiser sa fureur, les locriens doivent périodiquement sacrifier une jeune vierge. C’est lors d’un de ces rites qu’Euthymos, encore jeune athlète à l’ambition mesurée s’amourache d’une mystérieuse fille que l’on qualifierait de gothique de nos jours, Pasithéa, amante du sculpteur Eukheiros. Mais cette histoire tourne mal, le brouillant avec cette femme et Hérodore, un sophiste charismatique qui le flattait jadis et dorénavant le maudit. Pour oublier cette mésaventure et l’écarter de ces nouveaux ennemis, le sculpteur cocu, pas rancunier pour un sous, lui propose de suivre un alipte qui le préparera pour les jeux olympiques. Il entame avec lui un entraînement extrêmement rigoureux. Avant de disputer les jeux, Euthymos tombe amoureux de la jeune et pure Cymothoé. A l’heure du départ pour la mythique Olympie, il lui promet de l’aimer encore à son retour.
Ce livre est un excellent documentaire, mais aussi une histoire très convenue, extrêmement prévisible d’autant que les noms des chapitres sont trop explicites. Le style est obsolète, d’abord naturellement parce que le roman date du début du 20ème siècle, ensuite artificiellement parce qu’il est inspiré des traductions de l’Iliade et de l’Odyssée par Leconte de Lisle. Cependant, l’écriture est travaillée, valorisant l’esthétisme, en particulier celui des corps athlétiques.
Pour pleinement apprécier cette œuvre, il est nécessaire d’avoir une sérieuse connaissance préalable de la Grèce Antique, de ses mœurs et de sa mythologie. La description du site Olympique et des rituels qui tournent autour des jeux monopolise un chapitre de 40 pages assez indigeste dans lequel l’histoire d’Euthymos est laissée de côté.
En définitive, ce livre, par ses scrupuleuses descriptions, passionnera les férus de Grèce Antique mais dégoutera les lecteurs qui cherchent une aventure sans s’attacher à un contexte précis. Personnellement, je me situe entre ces deux profils.