En cinquante ou presque nouvelles, Dino Buzzati nous livre une nouvelle cargaison de récits fantastiques, sombres et inquiétants. A l’origine publiés dans des journaux entre les années 50 et 60, ces textes on été réunis en volume en 2013 et sont donc par définition un amalgame de récits réunis là non pas par la volonté de leur auteur mais par celle d’éditeurs voulant « mettre à la disposition des lecteurs un matériau nouveau ». L’ensemble est cependant cohérent et ces nouvelles ont ceci en commun que de plonger le lecteur dans cette atmosphère si particulière que développe Buzzati dans ses nouvelles et ses courts romans.
Mais toutes les nouvelles ne sont pas bonnes, loin de là. On préfèrera découvrir l’écrivain milanais par la lecture du K (là encore, un recueil de nouvelles) ou du Désert des Tartares qui sont bien plus significatifs de son talent : en quelques mots, Buzzati parvient à immerger le lecteur dans une ambiance dense et opaque ou l’angoisse et l’inquiétude côtoient l’étrange et le fantastique. On a souvent comparé Buzzati à Kafka et celui qui a côtoyé les deux auteurs trouvera immédiatement des similitudes. Ces Nouvelles inquiètes contiennent cette couleur caractéristique des récits de Buzzati, sans toutefois pour autant parvenir à l’intensité dramatique de ses meilleurs textes : les fins notamment donnent parfois l’impression de récits trop abruptement conclus (le format exigé par les journaux peut-être… ?), d’excellentes idées sont parfois gâchées par une forme relâchée, des développements peu à propos… le lecteur a parfois l’impression d’un gâchis qui aurait pu être facilement évité avec plus de travail, un développent du rythme plus attentif.
Encore une fois, ces nouvelles n’avaient pas vocation à être publiées en recueil, Buzzati les jugeant sans doute indignes de l’être : certaines cependant méritent qu’on s’y attarde car on y retrouve son talent si particulier.
Vince92 - Zürich - 47 ans - 4 novembre 2019 |