Ménage à quatre
de Manuel Vázquez Montalbán, Rauda Jamis (Traduction)

critiqué par Loutarwen, le 28 mai 2007
(NANTES - 40 ans)


La note:  étoiles
Roman noir
Un livre très court - quatre-vingt dix page à peine - mais une ambiance vraiment particulière. A l'ouverture du livre, on est en présence du narrateur, monsieur Ventos, et de l'inspecteur Davila. On comprend, dès les premières lignes que les deux personnages se connaissent et qu'ils sont réunis suite à une sombre histoire de meurtre.
Au coeur du problème, un groupe de quatre jeunes amoureux : Pepa et Modolell, Carlota et Luis. Le groupe a rencontré le narrateur lors d'un voyage en Egypte quelques années auparanvant et des liens se sont vite tissés entre eux. Le narrateur, de dix ans leur aîné, est en quelque sorte la cinquième roue du carosse. On découvre donc ce quatuor - les deux couples dominé par la personnalité de Carlota - puis un autre quatuor - une fois Carlota morte, il ne reste que Pepa, Modolell, Luis et le narrateur. On apprend à travers des retours en arrière, les liaisons adultérines entre plusieurs personnages.
Un roman policier, un roman noir mais où l'enquête n'est pas au centre du roman. C'est les liaisons entre les différents personnages qui sont mis en avant. On est plongé dans la complexité psychologique de ce groupe d'amis qui se déchirent autour du meurtre d'une des leurs. Au fur et à mesure des retours en arrière, on découvre que ce groupe symbole de liberté au début du roman n'était en fait qu'un carcan oppressant pour chacun de ses membres. Personne n'en sort indemne...
On n'a pas affaire à un simple roman policier, le style est recherché mais sans aucune lourdeur, on est face à une analyse très poussé des personnages où l'enquête est placé en retrait et n'aboutit même pas en quelque sorte...
Un roman policier pas comme les autres dont le style m'a particulièrement séduit...
les turpitudes de la bourgeoisie 8 étoiles

Premier livre lu de Montalban et c'est une belle surprise.
Une ambiance feutrée, évanescente, un livre qui est plus qu'une énième histoire d'adultère qui finit en pugilat.
Pour poursuivre la première critique, il s'agit également d'une satire sociale, d'un livre sur les turpitudes d'une bourgeoisie oisive dont les illusions sur lesquelles elle a construit sa vie se trouvent confrontées à la réalité de l'âme humaine.
Le jeu de rôle auquel ces personnages se soumettent vole en éclat lorsque le désir, l'amour, prennent le pas sur leur vie bien réglée et compassée.
En très peu de pages, nous avons un aperçu cinglant de la fausseté sur laquelle peut reposer parfois une relation d'amitié et de complicité

LFC - - 39 ans - 2 mai 2013