Se perdre de Annie Ernaux
Catégorie(s) : Littérature => Biographies, chroniques et correspondances
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Chronique d'une passion amoureuse
Ce livre, qui semble autobiographique, est le journal d'une amoureuse.
Le héros de ses émois en est un “Gorbi-boy" entendez par là, un diplomate russe de l’ancienne URSS sous Gorbatchev…
Au cours d'une année, jour après jour, le livre nous fait découvrir une passion dévorante, inassouvie, cachée (le beau Russe est marié, et l'auteur est de 13 ans son aînée...)
L'écrivain, Annie Ernaux, semble connue, elle a ses entrées partout, depuis l'ambassade soviétique, en passant par l’ambassade américaine, les pays scandinaves, jusqu’à Apostrophes ou Bernard Pivot la reçoit volontiers… Est-ce une des raison pour lesquelles le beau Russe maintient cette relation ? Toute célébrité est toujours bonne à prendre pour un opportuniste. De plus, Annie “sait" combler un homme simple contraint jusqu’à présent d'adopter uniquement la position du missionnaire avec sa femme…
L’on ne connaîtra jamais les motivations réelles de l’amant puisque l’auteur ne lui donnera pas la parole.
Par contre, celles de la maîtresse sont sensiblement les mêmes que celles de toute femme amoureuse vivant un amour impossible, allant jusqu’à l’humiliation, le renoncement, les cadeaux somptueux, le don total.
En un an, sa vie trépidante et mondaine va se transformer radicalement grâce à cet amour dont elle ne saura jamais s’il est partagé ou non : toutes ses démarches, ses actions deviennent insipides et lourdes, en dehors de ses rencontres amoureuses. Plus rien ne compte à ses yeux que cet amour qui envahit chaque minute de sa vie; même l’écriture, sa raison de vivre devient un trou noir.
Toute femme qui a vécu un grand amour, se remémorera au cours des pages les émois qu'elle a connus, les mêmes pensées, les mêmes impressions que l'auteur : le goût du sperme de l'être aimé, les désirs accumulés, les peurs du "moins" de bonheur, de moins de désirs qui forcément vont se produire un jour, le sentiment d'avoir été flouée, d'avoir perdu un an de sa vie et son argent pour un type qui, en partant, s'empresse de glisser le paquet de cigarettes entamé dans sa poche…
Mot de la fin de cet amour impossible : peut-être n’aurait-elle pas éprouvé longtemps cette passion si elle n’avait été continuellement douleur et incertitude ….
C'est sans un regard, sans un souvenir, sans un cadeau, sans un adieu, sans un appel, que le "Gorbi-boy" la quittera pour toujours, dès sa mission terminée à Paris et dès le démantèlement du rideau de fer....
Les éditions
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Se perdre
de Ernaux, Annie
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782702863831 ; 17,05 € ; 07/02/2001 ; 304 p. ; Broché
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L'amant russe
Critique de Clarabel (, Inscrite le 25 février 2004, 48 ans) - 24 octobre 2005
Bref, "Se perdre" parle au présent, on y croit encore, même si l'histoire remonte à dix ans. L'Annie de quarante-huit ans est transparente dans son attente, son déchirement, son manque et son envie de Lui. Elle expose son désir de femme pour un homme plus jeune, l'expliquant par une envie de revivre des événements antérieurs (fin des années 50 et début 60). Plus que ça. Ce texte est criant, sans fard. Il dit la voracité, le besoin, la folie, la jalousie, la solitude. C'est gênant par moments combien cette femme brillante et intelligente peut s'abaisser à une telle désolation pour un homme qui la mérite à peine. Mais c'est une femme amoureuse, le désir a toujours fait partie de sa vie, explique-t-elle, quitte à la perdre ! Alors il faut lire ce journal d'une amoureuse exaltée, parfois rejetée, négligée. Si l'on est contre l'idée du voyeurisme ou opposée à l'auto-fiction, passez votre chemin... Sinon, en lisant pareille histoire, j'inclus Annie E. parmi les plus grandes amoureuses de l'histoire littéraire. Et j'ai aussi beaucoup aimé sa comparaison, vers la fin, avec Simone de Beauvoir et "Les mandarins".
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