Camille C., ou, L'emprise de Dieu de Henri Caffarel, Camille C.

Camille C., ou, L'emprise de Dieu de Henri Caffarel, Camille C.

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Saule, le 24 juin 2007 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 9 étoiles
Visites : 7 944  (depuis Novembre 2007)

"C'est Dieu qui s'aime en moi"

Camille C. est élevée dans une famille athée, elle se fait baptiser car elle a rencontré un catholique qui désire se marier à l'église. Cette femme qui depuis sa plus tendre enfance avait fait l'expérience d'une présence aimante en elle va, lors de son baptême, être entraînée dans "un double courant d'amour", celui du Fils vers le Père. S'ensuit une période de grâces spirituelles qui sera interrompue lorsqu'elle va faire l'expérience habituelle chez les mystiques de la nuit noire. Une nuit qui durera près de 20 ans, une longue purification, qui sera le prélude à une période d'union mystique totale et permanente avec Dieu.

Via une revue sur l'oraison elle entre en correspondance avec le père Henri Caffarel. Après la mort de Camille C., le père publiera des extraits de cette correspondance en gardant le prénom mais sans le nom. Ce qui nous vaut la chance d'avoir ce document exceptionnel. Le père Caffarel établit d'abord un portrait spirituel de Camille C. avant de donner de larges parties de ses lettres et de terminer par des annotations psychologiques. Le résultat est tout à fait passionnant et édifiant. Cette femme vivait une vie tout à fait normale, elle était très active dans le monde et dans sa paroisse, mais en même temps sa vie entière était tournée vers Dieu et innondée de grâces inouïes. Par moment elle me fait penser à Etty Hillesum, ainsi quand elle dit que à l'âge de cinq ans elle s'isolait dans les toilettes car une présence en elle la poussait à s'agenouiller et qu'elle devait se cacher pour le faire. Elle parle aussi pudiquement de sa relation conjuguale, qui aurait pu souffrir de sa relation d'amour tellement forte avec Dieu, elle aborde pudiquement la question des extases et de réactions physiques "abérantes", peut-être dues au fait que le corps ne peut accompagner les élans de l'âme.

En réponse à des questions précises, Camille C. aborde des sujets très intéressants, ainsi à un moment l'auteur lui demande si, à son avis, il existe une faculté spéciale de rencontrer Dieu et si oui pourquoi certains seulement la développe. Camille C. explique que cette faculté est certainement latente chez tout le monde (chrétien comme athées ou autres religions) et elle développe sur la psychologie des mystiques.

Ce livre est vraiment une merveille, il nous laisse admiratif et on éprouve en outre beaucoup de gratitude pour Camille C. de nous faire partager un tel amour. Je l'ai lu deux fois d'affilée. Je vous donne un petit extrait, le passaque que je mentionnais plus haut, dans lequel on voit que la petite Camille avait déjà le sentiment de Dieu dans sa petite enfance.

"J'ai bien fait l'oraison vers l'âge de cinq ou six ans en ne m'adressant qu'au « Dieu Inconnu », alors qu'on ne m'avait rien appris du tout. Je m'enfermais pour cela dans les toilettes (bizarre oratoire !) en faisant le moins de bruit possible parce que m'enfermer, même là, était défendu ; je m'agenouillais sur le carrelage et je disais ; « Je t'aime » avec toute la ferveur qui m'était possible. Il me venait alors une impression délicieuse que j'ai notée plus tard dans une de mes rédactions : c'était comme si mon âme s'envolait !"

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