Le maître des âmes
de Irène Némirovsky

critiqué par Jules, le 17 juillet 2007
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Quel sens de l'observation et de la psychologie
« Le maître des âmes » nous est présenté comme un inédit et nous est présenté avec une très intéressante préface. Elle nous un certain nombre de raisons qui expliquent le racisme en France dans les années vingt et trente et nous situe bien l’ouvrage dans son époque.

Dario Asfar est un émigré qualifié de « levantin ». Il est marié à une jeune fille qu’il connaissait depuis son adolescence. Son père faisait les marchés et il l’aidait alors que le père de sa future femme, Clara, était horloger.

Comme beaucoup d’autres, il est venu en France attiré par l’Europe Occidentale, sa richesse, mais aussi son mode de vie et sa culture. Il a fait des études de médecine et possède le diplôme de médecin.

Au moment où nous le retrouvons, il est complètement affolé ! Il vit à Nice et sa femme est occupée à accoucher alors que lui se débat avec sa propriétaire pour ne pas être chassé de son logement vu qu’il n’arrive pas à payer le loyer. Qui accepterait d’être soigné par un docteur manifestement étranger ?...

Toute la vie d’Asfar va tourner autour de ce problème et celui de l’argent, toujours l’argent, sous peine d’être chassé une fois de plus ailleurs. Un soir de chance, il va tomber sur un homme des plus étranges : Philippe Wardes, qui possède une grosse usine, qui est très fortuné, créatif, mais aussi complètement déréglé.

Asfar va partir pour Paris où il aura un succès énorme et se fera une véritable fortune. Mais au plus il est riche, au plus il va dépenser pour asseoir sa situation sociale qui est chez lui une véritable obsession. Notamment les femmes lui coûtent des fortunes, tout en restant très attaché à sa famille, sa femme et son fils.

Pourquoi « Le maître des âmes » ?... Parce qu’il va comprendre ce qui fait peur à tout le monde, ce qui fait que les gens riches s’attachent à un médecin plutôt qu’à un autre. Le secret est dans la psychologie… Il deviendra un véritable « Maître des âmes » mais il y perdra la sienne.

Irène Némirovsky nous décrit, avec tout son talent, tout cet univers. Les pauvres, les émigrés d’abord, les nantis ensuite. Un livre qui se lit avec passion, d’une seule traite, si on en a le temps.
Une triste métamorphose 9 étoiles


Ce qui m'a frappée dans ce livre, c'est la métamorphose de Dario, ce médecin boudé de presque tous, prêtant sa science aux plus démunis qui ne peuvent pas le payer, ou ne le paient qu'après des mois d'attente... A cumuler les affronts ainsi, il envie ceux qui le snobent, il a une soif d'argent et de bien-être qui le conduisent à devenir comme ces riches qu'il convoite... Il trouve la faille qui devrait le conduire au succès, à l'opulence, mais au final, toute sa vie sera un véritable combat, et cette lutte n'épargne pas ses proches.

Irène Némirovsky nous raconte ce parcours, dissèque l'esprit de ce médecin honnête et droit au début, nous parle de ses espoirs, de ses attentes, puis, progressivement, nous livre "l'ascension" du petit docteur étranger vers ce qui brille... Le résultat est là, la façon n'est pas des plus saines, mais tous les coups sont permis pour cet étranger qui veut à tout prix avoir sa place.

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 28 août 2014


Le métèque d'Orient. 8 étoiles

Dario est un métèque de l'Orient, ce qu'on appelle un "levantin". Un mélange de sang Grec et russe, un juif qui tente de s'extirper de la boue de ces villes orientales sur la mer noire en s'installant en France. Malgré des études de médecine, il reste constamment affamé, à l'affût du moindre franc pour nourrir sa famille, car son statut de métèque lui ferme la clientèle.

C'est un livre passionnant, la plume de Némirovsky est toujours aussi chatoyante, et elle décrit admirablement la nature humaine. Comme Jules, je signale l'excellente préface qui met l'histoire dans le contexte de l'époque et qui explique la polémique autour d'un soi-disant sentiment anti-juif de Némirovsky (qui était pourtant juive elle-même) : il est vrai que le héros du roman est dépeint sous des traits parfois très sombres, par exemple la cupidité, mais ces traits s'expliquent tout à fait d'après le destin de ces laissés pour compte. Bref, je ne comprends pas pourquoi on pourrait taxer Némirovky d'anti-sémitisme : elle décrit une situation qui a vraiment existé à cette époque, empreinte de racisme et d'un sentiment anti-juif.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 25 juillet 2010


Intéressant et attachant 7 étoiles

C’est un ouvrage de détresse sur un homme immigré, Dario, qui au départ veut juste vivre confortablement et pouvoir vivre simplement. Mais le désir de l’argent va transformer l’homme qui n’est au départ pas accepté par la population même après la richesse, il n’est pas reconnu comme un bon médecin. Il parvient à l’ascension sociale grâce à quelques fourberies. Dario parvient donc à son but mais sans joie sans l’amour de l’être le plus cher à ses yeux.
On voit le contraste entre la pauvreté et la richesse, le comportement de chacun des personnages selon leur niveau social. Les personnages sont opposés dans chaque scène décrite que ce soit par leur comportement, leur vie. J’ai trouvé ce livre intéressant qui ressemble à des classiques tant appréciés, même si la tristesse est présente, on ne peut s’empêcher de se lier aux personnages et de s’inquiéter sur leur fin. Intéressant à découvrir.

Wakayoda - - 44 ans - 24 janvier 2008