Une idée du bonheur
de Richard Seff

critiqué par Cuné, le 19 juillet 2007
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Tout plaquer, et puis ?
A l’aube de sa quarantaine, Eric Marquet décide que ça suffit : la vie qu’il mène ne lui convient plus. Sa femme le quitte, sans drame, il n’avait juste pas le courage de prendre la décision lui-même. Ils n’ont pas d’enfants, il démissionne en revendant ses parts de l’agence de pub, à l’abri du besoin, donc. Et maintenant, que va-t-il fai-reu ?
Se laisser porter par le courant, en somme. Il faut vendre l’appartement, et donc en chercher un nouveau, plus petit. L’occasion de rencontrer un agent immobilier, ça tombe bien, c’est une charmante jeune femme. Ca fricotte, l’occasion de se prouver qu’il est encore pas mal, manque de bol, elle tombe amoureuse. Pas lui. Rendre visite à ses parents, à son frère, à ses anciens amis, tenter une percée dans le showbiz comme parolier (ce qu’est l’auteur), constater que son frère n’est pas mieux loti malgré les apparences, partir à Djerba avec une pute qui joue à la danseuse... Et éclater en sanglots irraisonnés un soir. Allo, docteur, je crois que je déprime…

Mais c’est qu’il y a de quoi déprimer, en effet, si l’on se fie aux jugements souvent hâtifs de l’auteur. Le portrait du neveu, pour ne citer que lui, tient franchement plus de la caricature que du minimum de tendresse, que l’on espère toujours pourtant un peu. Nombre de faits de société sont ainsi exposés, à gros traits, je me suis un moment demandé si le choix de les outrer ne pouvait pas être délibéré, je le souhaite, en l’espèce, mais n’y crois pas.
Je le ressens comme ça : la plume est indéniablement alerte, le sujet tient debout, mais il y a trop de maladresses et le happy end me fait fuir à toutes jambes.
Dommage.

« Michel raccroche. J’ai terriblement envie d’une cigarette, de la tenir entre mes doigts, de sentir son arôme sucré imprégner ma langue, la brûlure de la fumée descendre dans ma poitrine, et surtout la longue expiration purificatrice qui tient pendant une seconde le monde à distance, et laisse, dans la transparence de l’air, la preuve tangible de notre existence.
Je reste longtemps assis sur le rebord du lit, au milieu des photos et des cahiers éparpillés, écrasé par un sentiment confus d’impuissance, de culpabilité et de solitude. Un sentiment qui me rappelle la tristesse sans nom de mon enfance. »