Prisonnière de la Lune
de Bruno Douin, Monika Feth

critiqué par Laure256, le 28 juillet 2007
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Une jeunesse entravée
Les enfants de la Lune est le nom d’une secte dans laquelle vivent des enfants et des adultes. A chaque tranche d’âge et chaque sexe est attribuée une couleur de vêtement bien précise. Pour Jana, Maria et ses amies adolescentes, c’est une robe bleue. (Le titre original en allemand est das blaue Mädchen). La communauté a racheté peu à peu toutes les fermes des alentours pour étendre son domaine. Chez les enfants de la Lune, il n’y a pas de volonté propre, il faut suivre les règles et obéir aux lois. Il n’y a qu’une seule volonté, celle de la divinité Lunité. Quiconque s’en écarte est puni au pénitencier, un cachot. C’est le sort de Maria, qui est punie parce qu’elle est tombée amoureuse d’un garçon du groupe avant l’âge requis : 1 mois de cachot. Dans la communauté, un partenaire est attribué aux filles de Luna à 18 ans, et le mariage est célébré à 20 ans. A côté de Maria, il y a son amie Jana, Geneviève la bibliothécaire auprès de qui elles viennent chercher du réconfort, et Lili, une jolie petite fille de 5 ans.
A l’extérieur de la communauté, il y a Marlon, un adolescent qui va à l’école et aide ses parents à la ferme, entouré de ses deux soeurs jumelles, Greta et Marlene – sa mère était fan de cinéma : Brando, Garbo et Dietrich. Et le début d’une histoire d’amour impossible entre Marlon et Jana. Et la mise en péril de la vie de la petite Lili, soignée avec des huiles et des prières pour une méningite…
Tout le talent de l’auteur est d’avoir réussi à mettre en lumière tous les principes et dangers d’une secte sans jamais condamner ou s’emporter. Le ton est détaché et tolérant. Simplement les points de vue alternent. Les règles et croyances strictes de la secte, les amitiés interdites entre adolescentes, les journaux intimes (tout aussi interdits) qui reflètent l’envie de s’échapper des jeunes filles, et le contrepoint d’une famille extérieure, qui malgré la consternation et la colère, se sent bien impuissante. Comment ne pas attaquer de front, comment aider, sauver tout en protégeant… bien sûr c’est un roman, mais que l’on aimerait croire possible dans ses libertés retrouvées.

Dès 13 ans.