Chien de faïence
de Andrea Camilleri

critiqué par Tistou, le 31 juillet 2007
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Mafia, mafieux ...
Sicile. La Sicile est à Camilleri ce que le Pérou est à Vargas Llosa ou Isola (New York) à McBain.
Et en Sicile, il y a une petite ville, imaginaire : Vigata. A Vigata il y a un commissaire, Montalbano, dont les soucis sont d’autant d’ordre policiers (élucider d’incroyables histoires, qui pourraient être vraies), que culinaires (Montalbano est un incurable gourmand et gourmet). Très sympathique, vraiment, ce Montalbano.
On reste dans l’humain, les pieds solidement arrimés à cette terre de Sicile et à son histoire et ses particularités.
Ici, l’histoire est un peu laborieuse, me semble-t-il. Il s’agirait du second épisode concernant le commissaire Montalbano. Références à l’histoire, aux religions, sur fond de déchirements et règlements de compte au sein de la mafia.

« Collines arides, tels de gigantesques tumulus, couvertes seulement de touffes jaunes d’herbes flétries, abandonnées par la main de l’homme vaincu par la sécheresse, la chaleur ou plus simplement la fatigue d’un combat perdu d’avance, interrompues de temps en temps par le gris d’aiguilles rocheuses, absurdement nées de rien ou peut-être tombées d’en haut, stalactites ou stalagmites de cette profonde grotte à ciel ouvert qu’était la Sicile. Es rares maisons, toutes sans étages, dammusi, cubes de pierres sèches, étaient posées de travers comme si elles avaient heureusement résisté à une violente ruade de la terre qui supportait pas de les sentir sur son dos. »

En Sicile, on peut se faire « descendre » parce qu’on s’est rendu à la police. C’est ce qui arrive à Tano u grecu, mafieux notoire qui s’est mis à la disposition de Montalbano. D’autres tomberont, telle une chaîne de dominos. Mais l’énigme qui préoccupera davantage Montalbano sera plus … culturelle, plus historique. Que diable signifiait la mise en scène des deux corps assassinés dans une grotte murée, veillés par un chien de faïence ?
Laissez-vous tenter ! Vous saliverez en outre à l’occasion des descriptions des plats que consomme à longueur d’enquête notre cher Montalbano !
Enquête d’un commissaire au-dessus de tout soupçon. 7 étoiles

Un peu déçu par « la forme de l’eau » précédemment lu, mais têtu comme un âne j’ai persisté avec « Chien de faïence ». L’intrigue étant plus dense, l’intérêt est donc plus grand.Et ici Andréa Camilleri use aussi, dans nombre de passage d’un d’humour ravageur. Comme cet extrait.
(Après plusieurs autres coup de fil reçus, sur sa conférence de presse télévisée, ce dernier.)
-J’ai l’honneur de parler avec le célèbre commissaire Montalbano en personne, celui qui a tenu une conférence de presse ?
-Ne me cassez pas les couilles.
-Non, pas les couilles, sois tranquille, nous, ce qu’on veut, c’est te casser le cul.
-Qui est à l’appareil ?
-La to’ morti, ta mort. C’est ta mort qui te parle. Je veux te dire que tu t’en sortiras pas comme ça, cornard de comédien ! A qui tu croyais le faire avaler, tout ce théâtre que tu as fait avec ton ami Tano ? Et c’est pour ça que tu vas payer. Tu vas payer pour avoir cherché à nous baiser.
-Allô ? Allô ?

Pierrot - Villeurbanne - 72 ans - 13 mai 2016