Le Cercle de Minsk, tome 1 : Le maillon perdu
de Frank Giroud (Scénario), Stalner (Dessin)

critiqué par Shelton, le 5 août 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Encore un grand cycle...
Imaginez la rencontre entre un des meilleurs scénaristes contemporains et un des dessinateurs mes plus subtils, entre deux génies de la bande dessinée, entre deux hommes passionnés par les histoires racontées au moyen du neuvième art… entre Frank Giroud (Le décalogue, Le légataire, Quintett, Les oubliés d’Annam, Louis La Guigne, Secrets…) et Jean-Marc Stalner (Fabien M, Malheig, Le maître de pierre…)… le résultat ne peut qu’être de qualité et c’est bien le cas avec cette série Le cercle de Minsk qui vous emmène au bout d’une histoire complètement dingue… et encore, on ne sait pas où tout cela finira, ni quand, ni comment…
Après les prouesses de Frank Giroud dans la série Décalogue et Le légataire (série complémentaire), on se demandait comment ce scénariste allait pouvoir nous surprendre, nous étonner, nous tenir en haleine avec une nouvelle histoire. Il le fait, avec simplicité, avec naturel… Et, en ayant trouvé un dessinateur qui va se mettre en entièrement au service d’une histoire qui n’est pourtant pas tout à fait du même genre que les précédentes qu’il avait racontées.
Tout commence par un banal accident d’automobile sur l’autoroute entre Berlin et Dresde. Un couple perd la vie sous une pluie battante et l’histoire commence à très grande vitesse avec des enchaînements comme seul Giroud sait les commander. Deux enfants, déjà adultes, Heike et Iannis, se retrouvent orphelins, destinataires d’une lettre étrange de leur père, des gens à contacter du côté de Minsk…
Derrière un cadre, la première œuvre d’art de Iannis, le garçon découvre un bout de tissus portant une lettre hébraïque, un schin ! Pour ceux qui comme moi ne sauraient pas ce qu’est un schin, il s’agit de la vingt et unième lettre de l’alphabet hébreu, une lettre porteuse de sens, de force et qui provient d’un improbable tissu puisque les analyses sont formelles, cette pièce d’étoffe sacrée date de l’époque de Jésus…
Histoire de compliquer les choses, Iannis vit au Brésil depuis quelques années, s’était fâché avec ses parents depuis longtemps, et il ne revient en Allemagne que pour les accompagner en terre. Heike, plus jeune, est obligée de partir à la poursuite de son frère dès que le cercle de Minsk comprend que la pièce de tissu est Brésil avec lui…
Mais, c’est alors que se déclenchent les catastrophes en tout genre car une force occulte (nous l’appellerons ainsi n’ayant que fort peu de renseignements sur cette dernière) va tout faire pour empêcher la recomposition du cercle de Minsk…
Brésil, Amazonie, Allemagne, Biélorussie, Suisse… Les auteurs n’hésitent pas à nous faire voyager pour entrer dans cette intrigue saisissante. Le voyage dans le temps est, lui-aussi, indispensable, car il va falloir comprendre comment cinq personnes que tout semble séparer ont pu, un jour, s’allier…
La narration graphique est presque parfaite. Le dessin est plein de rythme, de mouvement. Le découpage est très varié allant de planches sans texte comme la première de l’album, par exemple, à celle de la page 13 qui est très classique. Les scènes de bagarres sont rendues très vivantes comme à la page 23, ou à la page 37 avec un accident de voiture provoqué. Mais ce dynamisme actif ne dispense pas de séquences très intellectuelles et textuelles comme aux pages 16, 17, 41, 42…
Ce premier tome tient toutes ses promesses et le lecteur est séduit par la qualité du travail, malheureusement, c’est à suivre et il faudra un certain temps avant de connaître tous les arcanes de ce cercle de Minsk…