Mer d'encre de Richard Weihe

Mer d'encre de Richard Weihe
( Meer der Tusche)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par BMR & MAM, le 8 août 2007 (Paris, Inscrit le 27 avril 2007, 64 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 806ème position).
Visites : 5 232  (depuis Novembre 2007)

Voyage au pays de la calligraphie

Après Soie dont a parlé récemment, voici un autre petit voyage en orient écrit par un européen, un allemand cette fois : Richard Weihe.
Mer d'encre nous emmène en Chine à la fin des Ming et aux débuts de l'invasion par la dynastie mandchou des Qing : c'est l'histoire légendaire d'un prince devenu maître du pinceau à l'encre de chine, entre peinture et calligraphie.
On y parle donc de cet art typiquement asiatique qui consiste à transformer le noir absolu de l'encre de Chine en dessin vif et "coloré", véritable philosophie zen.
L'écriture de Weihe n'atteint pas la pureté poétique de celle de la Soie d'Alessandro Baricco mais cet ouvrage d'à peine plus de 100 pages est une petite incursion, instructive et plaisante, dans les mystères de l'extrême-orient.
Curiosité supplémentaire, le livre est agrémenté de reproductions de peintures à l'encre, celles-là même qui sont décrites dans le roman.

[...] Quand tu plonges ton pinceau dans l'encre, tu le plonges dans ton âme. Et quand tu diriges ton pinceau, c'est ton esprit qui le dirige. Sans profondeur et sans abondance, ton encre manque d'âme; sans direction et sans vitalité, ton pinceau manque d'esprit. L'un reçoit de l'autre. Le trait reçoit de l'encre, l'encre reçoit du pinceau, le pinceau reçoit du poignet et le poignet reçoit de ton esprit conducteur. C'est cela maîtriser la puissance de l'encre et du pinceau.

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Education du regard

10 étoiles

Critique de Perlimplim (Paris, Inscrit le 20 mars 2011, 48 ans) - 13 août 2011

L'auteur Richard Weihe s'est visiblement documenté pour écrire ce roman évoquant la vie de BaDa ShanRen. Il y décrit avant tout le parcours artistique et créatif de celui qui fut un des plus grands peintres chinois. Richard Weihe n'évoque volontairement pas les autres talents de Chu Ta, qui fut aussi poète et calligraphe (au point que de grands poètes chinois ont adopté son style calligraphique pour écrire leurs propres oeuvres). Il se concentre sur l'art du peintre, de son rapport au papier, aux pinceaux et à l'encre. Il souligne combien la façon de peindre de ce maître du "grand noir" pouvait être abstraite et épurée. La peinture est plus évocation que simple représentation, elle est une démarche qui permet à l'homme de se découvrir et de découvrir le monde. Ce livre est une lucarne sur l'oeuvre de BaDa ShanRen, invite le lecteur à une rencontre avec un être exceptionnel, une oeuvre exceptionnelle. Il est, au même titre que les tableaux de ce peintre, une éducation de notre regard à savoir apercevoir ce que l'oeil seul ne saurait voir.

La vie de Chu Ta

7 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 25 novembre 2007

Richard Weihe (un auteur suisse allemand très prometteur!) raconte avoir été séduit par François Cheng et son hommage à Chu Ta, dernier prince de la dynastie Ming devenu le Maître Bada Shanren. Il a donc décidé de rendre à son tour hommage à cet étrange personnage, peintre calligraphe, qui vécut en Chine de 1626 à 1705 et dont la légende (mais c’est une histoire vraie…) veut que lorsqu’il mourut "Le pinceau lui échappa des mains et tomba sur sa chemise blanche. Il glissa lentement sur sa poitrine en laissant une trace noire".
Chu Ta dut fuir après les guerres manchoues et se cacha dans un temple, exerçant à la fois les activités de peintre, moine et calligraphe. Miséreux, inconnu, il vécut longtemps dans la pauvreté, se nourrissant essentiellement de son art et du bonheur qu’il lui apportait. Une existence racontée avec beaucoup de tendresse et d’émotion par Richard Weihe, dont le style énergique et saccadé peut parfois agacer mais qui correspond ici plutôt bien au rythme découpé de la vie de Chu Ta, composée de plusieurs étapes décisives.

(Je l'ai lu dans l'édition Jacqueline Chambon qui, outre ce très beau texte, comporte dix œuvres de Chu Ta)

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