Hors Jeu
de Bertrand Guillot

critiqué par Cuné, le 28 août 2007
( - 57 ans)


La note:  étoiles
To play or not to play
C'est l'histoire d'un jeune loup de la publicité, qui, perdant son boulot, va appliquer les règles apprises dans son Ecole au reste de sa vie. Tout en recherchant activement un nouveau job, il se laisse entraîner dans un casting pour un jeu télévisé, et va y trouver beaucoup plus que l'amusement un brin distancié auquel il s'attendait. Beaucoup plus, c'est-à-dire ? Eh bien, entre autres choses, que l'Ecole a ses limites et que l'Amour existe, par exemple...
Jean-Victor est un narrateur sur le fil. Il pourrait très facilement sombrer dans l'agaçant, avec ce côté « hype » et ce discours « Dominants-Dominés », « La vie est un jeu et je suis un gagnant » & co. Fort heureusement la plume de l'auteur l'encadre de tendresse, de naïves et enfantines réactions, d’observations très justes sur les coulisses d’un jeu télé, et de beaucoup d'humour, en filigrane.
Je n'aime pas, par exemple, le style Beigbeider, jeux de mots à formules lapidaires et argent roi :
« Quand je suis arrivé, la salle commençait déjà à se remplir. Ambiance classique de début de soirée : on se fait la bise-ness, on s'embrasse des millions, on s'étreint de vie. L'argent était là, partout, les carnets de chèques dans les poches revolver, on se mélangeait au tarif première classe. Pour la luxure, on irait ailleurs. Ensemble, peut-être. Mais pas tout de suite. »
J'apprécie, en revanche, le fil rouge Kéké Rosberg, emblème de ce petit plus de culture générale qui fait toute la différence.
Je ris tout haut à l'enregistrement final de La Cible, j'y suis, je le vis comme si je le voyais !
« - Se dit d’une plante ou d’un champignon qui contient un poison.
- Venimeux.
- Non.
Le buzz me saute à la face à l'instant même où je prends conscience du piège grossier que vient de me tendre un petit enculé de pigiste poseur de questions à la con. »
[...]
« Dommage, Jean-Victor, vous avez passé trop de temps sur le football. C'était Patrick Vieira, bien sûr. Mais vous avez bien joué tout de même. Vous avez trois points !
Applaudissements du public. Bande de blaireaux. »
Pendant un moment, je me demandais si ceux qui n'auraient pas eu la chance (parfaitement) de partager ma passion pour feu le jeu Pyramide (40 000 courriers de protestation à l'arrêt de ce jeu ? Vraiment ? C'était mérité !!), et qui par extraordinaire n'auraient jamais servi la purée-jambon devant La Cible trouveraient le même plaisir que moi à pister Jean-Victor dans sa quête conquérante. Mais je crois finalement qu'un bon roman, c'est un bon roman, et pour n'avoir pas bougé d’un cil entre le premier et le dernier mot, je le recommande chaleureusement !
Jean-Victor a manqué la cible, il est hors jeu, ou presque? 7 étoiles

Biographie de l'auteur:

Bertrand Guillot a trente-trois ans, de près il paraît plus petit. On lui prédisait un bel avenir dans de grandes entreprises pour faire gagner la France, mais... Hors jeu est son premier roman, pas le dernier.

Présentation de l'éditeur:

"Nous avions vingt-deux ans, une grande carrière s'ouvrait devant nous. Dominants nous étions et Dominants nous resterions, la vie n'était qu'un jeu d'enfant et le monde n'avait qu'à bien se tenir. Je ne pensais pas qu'il tiendrait si bien. " Jean-Victor a manqué une marche dans sa fulgurante ascension professionnelle. Il a promis à ses frères Dominants une revanche éclatante. Son pari : gagner un jeu télévisé - et avec la manière. Mais en zone non-frimeurs, les règles du jeu sont différentes...

Mon avis:

+: Roman rapide à lire (3h environ), avec une écriture moderne et courante. Histoire sympathique et bien vue (L'histoire a lieu autour d'un jeu). Couverture bien pensée (On voit sur la couverture rouge une télévision, avec, à l'intérieur une cible, où il y a marqué "hors jeu") et la présentation du roman par l'auteur est explicite.

-: Métier du personnage principal (Publiciste), trop vue dans ce type de roman. Jeu choisi par l'auteur (Bertrand Guillot), ne parle pas assez au lecteur (Au lieu de prendre la "cible", l'auteur aurait pu prendre "Question Pour Un Champion" ou "Les Chiffres et des lettres". Le Roman se termine en noeud de boudin.

En Conclusion:

Pour son premier roman, Bertrand Guillot nous narre une histoire sympathique, drôle, émouvante et caustique , qui se lit vite. Au détour d'un jeu "la cible", l'auteur (Bertrand Guillot) nous fait prendre conscience qu'il faut aller droit au but, pour être heureux dans la vie.

Roman qui ne paye pas de mine, à lire au détour d'un café crème, dans un bar à Montmartre ou à Saint-Denis, sur le plateau d'un jeu TV.

Anonyme3 - - - ans - 21 avril 2012