"Chimères" est un passage incessant entre passé et présent. Kathleen de Burca pensait sans doute qu'elle pouvait facilement changer de vie, oublier (ou faire semblant) le passé et trouver le bonheur, d'une manière ou d'une autre. C'était sans compter sur le décès de son meilleur ami. Elle qui pensait avoir quitté l'Irlande pour toujours la retrouve après trente années d'absence. Jusqu'à présent, elle avait toujours enfoui au plus profond tout besoin de rentrer au bercail. Or celui-ci se fait sentir, ce qui a le don de profondément agacer Kathleen. Elle s'énerve contre l'Irlande et ce qui la compose, mais en réalité, c'est contre elle que la colère se dirige.
"On finit par être un peu écoeuré par ces Irlandais qui ressassent leurs propres malheurs."
Elle qui ne se reconnaît plus vraiment, qui se sent en Irlande comme chez elle. Son travail n'avance pas vraiment, elle se heurte à pas mal de difficultés, mais elle retrouve son identité, c'est sans doute ça le plus important. Cependant, Kathleen n'a pas dit son dernier mot. Pas question pour elle d'abandonner Marianne Talbot, elle poursuit ses recherches, ce qui lui vaut pas mal de surprises.
Le passé et le présent se mélangent admirablement sous la plume de Nuala O'Faolain, elle déploie humour et ironie, sans parler de l'attachement qu'elle ressent pour ce pays qui est le sien, avec des facettes multiples et ses contradictions qu'elle tente de restituer avec de beaux mots. Un langage qui n'empêche cependant par, par moments, de ressentir certaines longueurs, certaines lenteurs, à l'image du parcours de Kathleen qu'on suit à la trace, qu'on regarde évoluer, glissant nos pas dans son sillage. Ces longueurs qui peuvent encombrer le récit ne le dénaturent pas pour autant, l'ironie et la tendresse effaçant rapidement ces légers désagréments.
Sahkti - Genève - 50 ans - 29 août 2007 |