Petit Poilu, tome 2 : La maison brouillard
de Céline Fraipont (Scénario), Pierre Bailly (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 septembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Gardez votre sang froid !
J’ai déjà expliqué, ici, ce qu’était le concept de cette collection Puceron des éditions Dupuis : des bandes dessinées que les très jeunes lecteurs peuvent lire seuls ou presque. Dans cette collection, la série Petit Poilu est le chef d’œuvre par excellence puisqu’elle n’utilise aucun mot pour raconter l’histoire, seulement des dessins, coincés dans des vignettes, comme dans les bédés des grands… Pierre Bailly et Céline Fraipont que je soupçonne d’avoir commencé cette série pour leur enfant, ont créé un personnage plutôt sympathique, Petit Poilu, qui tous les matins part pour l’école après une bonne nuit de sommeil. Toilette, petit déjeuner, cartable, bisous à maman… et c’est parti. Mais Petit Poilu n’a pas de chance, il y a toujours un obstacle pour l’empêcher d’arriver sans encombre chez la maîtresse… Cette fois-ci, c’est le brouillard qui envahit la route et rend la progression délicate, très difficile et le pousse vers le château obscur et dangereux d’un certain vampire… Dracula lui-même, peut-être !
Chaque page correspond, à peu près, à une phrase, une idée principale, ce qui donne la possibilité à l’enfant de rentrer dans le récit avec délicatesse, sans trop d’effort. Mais, après une ou deux lectures, les détails qu’il découvre au fur et à mesure peuvent enrichir l’histoire et, si les parents apportent le vocabulaire complémentaire, notre bédéphile en herbe se construira un imaginaire et un lexique de grande qualité : brouillard, perte de connaissance, château hanté, hiboux, chat noir, chauve souris, ectoplasme, trophées de chasse, vampire, cercueil, peigne, aspirateur… Certes, tous les mots viendront progressivement et on n’est pas obligé d’aller trop vite, mais tout y est ! Qui dira que la bédé rend bête ?
Mais que les papas et les mamans se rassurent, ce thème qui doit faire un peu peur, frémir quelque peu, ne donne pas naissance à une histoire impossible et tragique, sanguinolente ou violente. C’est bien une bédé pour les garçons et les filles de deux à quatre ans, selon l’éveil de l’enfant et les habitudes de lectures des familles…
Quant aux plus grands, le fait que nous soyons dans une histoire sans parole permet une lecture à plusieurs niveaux. Tous les amateurs de bédés s’y retrouveront, en particulier les moins de dix ans qui vont se régaler. Moi, grand amateur d’images, je suis heureux de voir qu’enfin on ne prend plus les jeunes pour des imbéciles et qu’on leur livre des récits de qualité, avec des personnages profonds et touchants, avec des rebondissements construits, cohérents et attrayants…
Très bonne collection, excellente série, album encore meilleur que le premier… Merci ! Grand merci aux auteurs, au directeur de collection et à l’éditeur !