L'innocence
de Tracy Chevalier

critiqué par Pascale Ew., le 9 septembre 2007
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Ou le passage à l'expérience
En ce milieu de 1792, la famille Kellaway débarque de sa campagne natale du Dorset pour s’installer à Londres. Entre la campagne qu’ils n’ont jamais quittée et le tumultueux Londres, la transition est brutale et l’adaptation douloureuse pour toute la famille. Cette expérience va transformer chacun et les enrichir de certaines amitiés.
L’histoire tourne principalement autour des personnages de Jem Kellaway, quinze ans, et de sa nouvelle amie londonienne Maggie Butterfield. Le titre est évoqué à quelques reprises et notamment :
« Maggie riait des pitreries d’un clown qui chevauchait à reculons avec, à ses trousses, un singe, lui aussi à cheval. C’était ainsi que Jem aimait la regarder, à son insu, parfaitement heureuse et insouciante, quand tombait le masque et que son angoisse naturelle cédait un moment la place à l’innocence. »
Et « (…) quel est le contraire de l’innocence ?
- Facile, interrompit Maggie. La connaissance !
- Exact, ma fille. L’expérience. » Maggie rayonna.
« Mais alors, dis-moi : te considérerais-tu innocente ou expérimentée ? »(…)
« Eh bien, ma fille, voilà une question à laquelle il est bien difficile de répondre, n’est-ce pas ? En voici une autre. Supposons que l’innocence soit cette rive-ci (il tendit le doigt vers l’abbaye de Westminster) et l’expérience cette rive-là (il montrait le cirque Astley), qu’y a-t-il au milieu du fleuve ? » Et un jour, bien plus tard, Jem et Maggie trouveront la réponse : « nous ». Cela résume bien le roman.
Toute cette histoire se passe sur fond de révolution française, perçue par certains Anglais comme une menace. « L’emprisonnement du roi de France et de sa famille est un sinistre présage pour notre famille royale. Soyez sur vos gardes, vous tous. C’est la fin de l’innocence ! »
J’ai bien aimé l’ambiance de ce livre, où l’auteur décrit bien la vie des personnages, la vie des rues, les caractères, etc.
Burning bright 5 étoiles

Tissant à nouveau sa fiction autour de faits réels et de figures célèbres, Tracy Chevalier propose ici un récit en demi-teinte, qui ne parvient jamais vraiment à décoller ni à proposer une progression dramatique suffisante pour convaincre autant qu’elle a pu le faire dans "Prodigieuses créatures" (roman moins remarqué, ce dernier était pourtant bien meilleur que son best-seller "La jeune fille à la perle"). Personnage suffisamment mystérieux mais pas trop, William Blake est ici dépeint comme un artiste vivant une temporalité et une réalité propres, penseur, défenseur de la veuve et de l’orphelin, et poète mystique. En quelque sorte guide initiatique de Jem et Maggie, il mettra l’accent sur sa réflexion quant aux opposés qui, selon lui et en toutes circonstances, font toujours partie d’une seule et même chose. Ombre et lumière, innocence et expérience. Tout être humain se situant dans l’espace qui les réunit.

Vieil anglais et patois londonien au menu pour qui le lira en version originale, voilà au moins de quoi rendre moins lisse et linéaire la structure de ce livre. La plupart des personnages de ce roman sont caricaturaux mais servent bien l’histoire, sans pour autant présenter des psychologies très fouillées. La petite Maggie, avec sa gouaille, sa sensibilité et son impertinence, sera peut-être l’élément touchant que l’on gardera en tête.

Divertissant avec ses quelques rebondissements mais sans apporter d’élément réellement innovant, "L’innocence" se fera sans doute oublier, laissant malgré tout derrière sa lecture une odeur de ville et de boue, mêlée à cette pointe de fascination que produisent les œuvres de William Blake.

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 22 avril 2014


Sous l'égide de William Blake 8 étoiles

Tracy Chevalier reprend dans INNOCENCE le procédé romanesque qu’elle avait utilisé dans LA JEUNE FILLE A LA PERLE : l’introduction dans un roman de fiction d’un personnage célèbre . Après le peintre hollandais Vermeer, dans la ville de Delft, vu au travers de la vie de sa servante, voici William Blake, poète et graveur anglais , dans le Londres de 1792, contaminé par les idéaux révolutionnaires français .

William Blake, quoique n’étant pas un personnage moteur de l’action, tient dans ce roman d’apprentissage le rôle-clé d’initiateur des deux enfants Jem et Maisie Kelloway . Il est à la fois leur guide, leur protecteur, et le défenseur des opprimés . Il partage ce rôle avec Maggie Butterfield, sorte de Gavroche en jupons .

Tracy Chevalier emprunte le titre de son roman au recueil de poèmes de Blake : LES CHANTS D'INNOCENCE ET D'EXPERIENCE qui symbolise le parcours des enfants. L’innocence, représentée par leur vie antérieure dans un village du Dorset et l’expérience, par ce qu’ils ont vu et vécu pendant l’année passée à Londres . Tracy Chevalier oppose d’une manière assez schématique et manichéenne la société rurale du Dorset, vivant au sein d’une nature accueillante et la vie urbaine des bas-fonds de Londres, sorte de Cour des Miracles, concentré de toutes les turpitudes, monstre labyrinthique peuplé d’escrocs, d’égorgeurs, de prostituées phtisiques, rappelant les personnages de Dickens .

Ce roman palpitant ne manque ni de romanesque, ni de personnages pittoresques, ni d’aventures ou de rebondissements, mais on peut regretter un dénouement où le pathétique le dispute au mélodramatique .

Alma - - - ans - 6 août 2008


une famille qui débarque à Londres 6 étoiles

J'ai bien aimé ce livre où l'Angleterre est décrite et surtout l'opinion des anglais sur les francais. Cependant je dois avouer, ayant lu ce livre il y a quelques mois, je n'en ai qu'un vague souvenir, l'histoire est intéressante , les rapports humains sont assez approfondis, cependant parfois l'histoire traîne , pour pas grand chose

Tyty2410 - paris - 38 ans - 25 mai 2008