Alessandro Baricco a cette capacité à sortir de son imagination de merveilleuses histoires, avec surtout de merveilleux atypiques personnages. Tel ce Ultimo Parri dont il va être question dans « cette histoire-là ».
Il y a du « Novecento » dans ce personnage d’Ultimo Parri. On va le suivre en trois temps ; petit, adulte en âge de guerroyer (celle de 14 – 18) puis vieux (1950). Ce qui peut donner une impression de décousu. Juste patienter, la cohérence prend définitivement corps à la fin.
Car enfin, quelle est l’ambition d’Ultimo Parri, très vite, dès son plus jeune âge ?
« - Et peut-être qu’on te retrouvera dans quelques années au volant d’une Itala, champion d’Italie.
- Ce n’est pas ce que j’ai comme projet, monsieur.
Gardini hocha la tête, un peu pris à contre-pied.
- Ah non ? Et ce serait quoi ton projet ?
Ce n’était pas facile pour Ultimo de répondre à cette question.
C’étaient des choses auxquelles il n’avait pas encore donné de noms. Comme des petites bêtes qu’on vient de trouver dans les bois.
- Je ne sais pas, monsieur, c’est difficile à expliquer.
- Essaie.
Ultimo réfléchit quelques instants.
Puis il fit un geste dans l’air, comme pour dessiner un serpent.
- Les routes, dit-il. J’aime les routes.
Et il s’arrêta là. »
Pas banal on en conviendra l’Ultimo. Pas banals non plus son père, sa mère, Gardini …
Construire, créer, un circuit automobile dont les contours traceraient les contours de sa vie. Telle est son idée, limite fixe, qui lui permettra de tenir le coup pendant la guerre 14 – 18 dans l’enfer des tranchées de Caporetto et de la débâcle italienne qui s’ensuit. La suite de la vie d’Ultimo sera tout sauf rectiligne – comme le circuit qu’il s’imagine construire. Un détour par les Etats-Unis, l’occasion de faire la connaissance de la femme de sa vie. Et de la rater.
Et puis. Et puis on saute directement au clin d’œil final. A l’acrobatie Baricoïenne qui fait que tout tiendra debout, à coup de nostalgies, d’émotions, d’occasions perdues et de personnages également perdus.
Au bilan un bien beau roman. Pas forcément facile du fait de son aspect kaléidoscopique, mais d’une belle sensibilité.
Tistou - - 68 ans - 30 juillet 2011 |