Le Livre du thé de Okakura Kakuzō

Le Livre du thé de Okakura Kakuzō
( The book of tea)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par DomPerro, le 18 septembre 2007 (Inscrit le 4 juillet 2006, - ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 612ème position).
Visites : 4 909  (depuis Novembre 2007)

Thé et tao

(Pour ceux qui aiment la psycho. pop, mais sans la psychologie et la pop.)

Lire à petites doses, un peu à chaque jour, avec lenteur, revenir en arrière, à travers les pages, comme pour y retrouver un ami.

Certaines lignes sont d'ici et maintenant : ''Qui pourrait être sérieux avec le monde quand le monde lui-même est grotesque ? (...) Pourquoi les hommes et les femmes aiment-ils tant étaler leur égo ? Serait-ce quelque instinct hérité de leur lointain passé d'esclave ?'' Plus loin, il y des lignes plus aériennes, comme celle-ci, douce : ''La seule fleur dotée d'ailes est le papillon; toutes les autres demeurent impuissantes devant leur bourreau.''

Ouvrir ce livre et ressentir une chaleur, comme être enveloppé dans une torpeur. Les mêmes effets que la lecture attentive d'un haïku.

Méditer sur l'imparfait... Lentement en se rappelant que ce magnifique livre à été publié en 1906.

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La voie du thé

8 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 24 juillet 2015

Okakura est né en 1862, deux ans après l’ouverture de la baie de Tokyo aux étrangers, il a écrit « Le livre du thé » en 1906 quand le Japon connaissait ses premiers succès en s’appuyant, après deux siècles d’isolement, sur les méthodes militaires et industrielles occidentales. Selon l’auteur des préface et postface, Sen Soshitsu XV, « Il souhaitait se faire l’interprète de la civilisation nippone aux yeux de l’Occident … Il entendait remonter le vaste courant de culture asiatique qui prend sa source en Inde et cerner sa contribution potentielle à l’ensemble de la civilisation humaine ». Nourri de la langue anglaise qu’il acquit très tôt dans une famille de grands négociants, des classiques chinois et japonais, il rédigea son texte directement en anglais pour qu’il soit facilement accessible pour les Américains qu’il fréquenta assidûment notamment quand il vécut à Boston.

Okakura a choisi le cha-no-yu, la cérémonie du thé, « la voie du thé » selon certaines traductions, comme symbole de la civilisation japonaise pour faire comprendre aux Occidentaux que les Orientaux avaient eux aussi des valeurs qui supportaient aisément la comparaison avec les leurs. Il supportait mal la suffisance des Occidentaux refusant de comprendre l’Orient alors que le thé devenait une boisson appréciée de la Russie aux Amériques. Il voulait leur faire admettre que le « théisme » est une véritable mythologie asiatique, apparue en Inde, transplantée en Chine et enfin instaurée sous forme d’un rituel au Japon au XIII° siècle avant d’être définitivement codifiée au XVI° siècle. Que c’est ainsi une forme de religion née du taoïsme, enrichie du bouddhisme et du confucianisme. « La vision d’Okakura s’enracine également dans les valeurs religieuses du bouddhisme, du taoïsme et du confucianisme ».

Refermé sur lui-même pendant deux siècles, le Japon a cultivé sa religion, sa philosophie, ses mœurs, sans jamais les confronter à celles d’autres peuples, les approfondissant jusqu’à en tirer la quintessence, jusqu’à en faire non pas une perfection qui est une finitude en soi, mais seulement une aspiration perpétuelle vers la perfection à jamais inaccessible. Okakura explique comment ce rituel dépouillé à l’extrême conduit à travers son raffinement suprême sur la voie de la sagesse, au nirvana, en observant les quatre principes fondamentaux : harmonie, respect, pureté et sérénité. « Le livre du thé » évoque le breuvage, la chambre du thé, la cérémonie, le maître, le rapport avec l’art, l’harmonie avec la nature, la religion, la philosophie, le chemin vers la perfection. « Le Livre du thé… nous rappelle que la beauté des fleurs est – à tout moins – aussi essentielle à l’existence humaine que les plus récentes inventions du confort moderne ».

« Voir, selon le cha-no-yu, c’est abandonner le verre déformant des coutumes et des jugements sociaux pour percevoir les choses telles qu’elles sont ». « Cela fait près d’un siècle qu’Okakura a rédigé son essai. Le message qu’il renferme n’a rien perdu de sa force, et son impact est sans doute plus grand encore aujourd’hui. Les êtres humains, nous avertit Okakura, doivent apprendre à vivre en harmonie, et à respecter sincèrement toutes les cultures ». Combien ont entendu ce message ? Combien l’ont écouté ? Combien en ont appliqué les enseignements ? … Bien trop peu hélas !

Le livre de l'esthétique japonaise plutôt que du thé

8 étoiles

Critique de Elya (Savoie, Inscrite le 22 février 2009, 34 ans) - 21 septembre 2010

Je ne m'attendais pas à ce que j'ai lu avant d'entamer ce petit "essai". Je pensais découvrir un hommage absolu à l'art du thé, à tout ce qui tourne autour de cette préparation minutieuse et intense. Et finalement ce petit livre est beaucoup plus général, il s'attarde plutôt sur l'esthétique japonaise, malgré des chapitres spécifiques au thé.

La préface tout comme le contenu est remarquable, intéressant sans être trop pompeux ou complexe à comprendre (j'avais un peu peur d'être confrontée à un vocabulaire et des phrases étriqués et peu communs, le livre datant d'il y a 100 ans).

A lire tout de même!

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