Dom Juan
de Molière

critiqué par Pétoman, le 6 septembre 2001
(Tournai - 49 ans)


La note:  étoiles
Séduites mesdames????
Se basant sur des écrits folkloriques italiens et espagnols, Molière a réécrit le mythe de Dom Juan.
Dom juan accompagné de son valet Sganarelle, bien que marié, s'amuse à séduire toutes les femmes qui se trouvent sur son passage, et parfois, de manière assez cocasse. Son but n'est pas de parvenir à l'acte sexuel ( quoique ) mais il est surtout de plaire...ce qu'il veut, c'est plaire à tout prix. Seul le combat l'intéresse, quand il a eu ce qu'il désire, il abandonne son objet gagné. Dom juan n'est ni un amateur de sexe ni un amoureux, c'est un chevalier et un combattant. Ayant tué le commandeur ( la vertu ), il se retrouvera châtié... mais son pire châtiment en définitive, n'aurait-ce pas été de ne plus plaire??? Dom Juan, c'est le Machiavel de l'amour.
Vivre dans l'immoralité 1 étoiles

Je n'ai pas vraiment apprécié ce livre. J'ai trouvé qu'il y avait trop de bavardage inutile, et il manquait d'action. Et qui veut vivre dans l'immoralité ? Je n'ai pas été capable de m'attacher aux personnages du bouquin. J'ai conscience qu'il s'agit ici d'un classique, mais j'ai de la difficulté avec la prose. Ce n'est pas mon truc.

Windigo - Amos - 42 ans - 25 février 2020


Séducteur mais pas que... 9 étoiles

Dom Juan est une pièce assez particulière dans l’œuvre de Molière, tour à tour comique, tragique, fantastique tout tourne autour du couple que forme le maître et son valet. Elle est également un peu déroutante, je ne comprenais pas vraiment au départ où la pièce menait et c'est vrai qu'il n'y a pas de véritables liens entre les actes si ce n'est la présence de Dom Juan et de Sganarelle. Mais au fur et à mesure je me suis rendu compte que le réel intérêt de ce récit est bien le duo que forment Dom Juan, séducteur insatiable qui ne croit en rien et Sganarelle, le valet indigné par le comportement de son maître mais qui n'ose le lui dire en face. Les réparties entre les deux personnages sont des plus savoureuses et ils ont une telle présence qu'ils en éclipsent totalement les autres.

Dom Juan est donc un peu à part comparé au "Médecin malgré lui" ou au "Tartuffe" par exemple même si l'on reconnait le style. Mais c'est une pièce à ne surtout pas négliger, assez profonde et à plusieurs niveaux de lecture.

Koolasuchus - Laon - 35 ans - 16 juillet 2013


Dom Juan a manqué d'humanité 10 étoiles

MISE EN GARDE
Halte à ceux qui conçoivent le personnage de Dom Juan comme un libre penseur! Dom Juan n'est pas un libertin uniquement dans le sens intellectuel, ni chez Molière, ni chez ses prédécesseurs. Chez Tirso de Molina, Dom Juan ne fait pas qu'enchaîner des conquêtes, il viole des femmes.
La conception de Dom Juan comme libre penseur, comme figure du "révolté" est une relecture romantique (XIXè siècle) et absolument pas présente dans l’œuvre elle-même. En effet, si Molière critique dans son théâtre les vices des hommes, les "ridicules des hommes", il ne remet absolument pas en cause la société de son temps! Sa critique est morale et non sociale. Or, ce que fait Dom Juan est immoral, et même si chez Molière il ne va pas jusqu'au viol, il fait une chose qu'il n'a pas fait dans les œuvres précédentes : il se convertit au vice de l'hypocrisie, un "vice à la mode".
Or, dans son apologie de l'hypocrisie, que nous dit ce personnage ? Il ne dit pas qu'il va combattre la société, ni les hypocrites. Au contraire, il va se convertir à ce vice, il va se conformer aux règles sociales (être dévot, etc). Il ne lutte pas, il PROFITE !! Est-ce ça, la liberté du libre penseur ? Les libertins intellectuels se sont-ils conformés et ont-ils renié leurs idées pour mener une vie de plaisirs? Non. C'est pourtant ce que fait Dom Juan.
On peut lire Dom Juan à la lumière des idées des romantiques, mais n'oublions pas que ce serait une lecture anachronique.

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MA THÈSE
Quant à ma propre analyse, la voici : Dom Juan est la figure même du malheureux qui cherche la consolation dans les plaisirs faciles. Pourquoi fait-il cela ? Il a nié l'autre, il a nié l'humanité dans l'autre. Il ne s'est pas reconnu dans Done Elvire, dans son père, dans le Commandeur qu'il a tué parce qu'il s'est considéré comme échappant à la nature qui est la sienne, celle d'être un humain. Il a voulu être un surhomme, il en est mort, tel un Icare aux ailes fondues. La plus grande erreur de Dom Juan, ce n'est pas d'avoir choisi le mensonge social qu'est l'hypocrisie, c'est d'avoir choisi la solitude. Sa mort est un suicide. Pourtant, il aurait du voir en son serviteur un ami. En effet, Sganarelle est la seule personne (le seul personnage) qui aurait pu faire écho à la personnalité de Dom Juan. Il le connaît, comme il dit, il connait son Dom Juan par cœur. Mais plus qu'un simple jeu de mots (quand on dit je connais mon Dom Juan par cœur, on parle bien sûr de l’œuvre), ce pronom possessif a du sens si l'on considère l'amitié qui aurait pu naître entre les deux principaux protagonistes. Plus que le ridicule de la pièce, Sganarelle est le camarade, le confident, le complice de DJ, autrement dit, son ami. Mais DJ, en refusant tout lien, a refusé la main tendue de Sganarelle. N'ayant que lui-même, il a fini par mourir. DJ ne meurt pas parce qu'il est immoral, mais parce qu'il est seul. Pourrait-on considérer "mes gages, mes gages" non pas comme une fin prosaïque, mais comme une fin spirituelle ? Les gages en question ne seraient pas le salaire de Sganarelle, mais les gages d'amitié qu'il avait attendu de la part de Dom Juan ?

A méditer. ;)

Agarwaen - - 31 ans - 14 janvier 2013


"Mes gages, qui va me payer mes gages !" 9 étoiles

Don Juan est l'archétype du libertin, au sens correct du terme, et non en n'en conservant que la connotation grivoise stupide qu'on lui a donné ensuite, celui qui refuse de se soumettre à une règle quelle qu'elle soit surtout si elle est morale. C'est le type même, et très rare, du libre-penseur qui est logique avec lui-même finalement, ne croyant pas en Dieu il ne voit pas pourquoi il devrait se soumettre à des règles qui n'auraient fort rationnellement plus aucune base solide.
En effet, s'il n'y a rien après la mort, il n'y a pas non plus de Bien ou de Mal, ils n'ont aucun sens. Don Juan a certainement la nostalgie de Dieu, de son enfance, le besoin de croire en quelque chose mais il fait l'erreur de demander une manifestation tangible et se retrouve en face du silence divin, comme des mystiques qui traversèrent également cette nuit de l'esprit, à la différence qu'il s'y complaît. Le personnage, dans cette variation de l'histoire de Molière, va même jusqu'à défier Dieu en face, et la mort elle-même, en la personne du Commandeur. Il trouve un juste châtiment, qu'il attendait peut-être, comme si Molière avait été effrayé non pas par la censure royale et religieuse, qui lui laissait malgré tout beaucoup de champ, mais par l'amoralité foncière de sa créature, qui finalement ne se soumet pas à lui non plus. C'est le personnage que je trouve le plus fascinant de Molière, avec Alceste. Et la dernière réplique, prononcée par Sganarelle, le valet de Don Juan, et qui donne son titre à ce texte, est certainement une des plus caustique, et lucide, de tout le théâtre français. Devant l'Enfer, devant le Néant, ce serait la même chose à l'entrée du Paradis, tout ce que peut faire cet être humain pitoyable qu'est Sganarelle, comme beaucoup d'entre nous, c'est de réclamer ses gages et de ne penser qu'à sa survie immédiate.

AmauryWatremez - Evreux - 55 ans - 22 novembre 2011


Un personnage mythique 9 étoiles

Don Juan appartient à ces personnages mythiques qui traversent les frontières temporelles et spatiales. Après l'Espagne, l'Italie, c'était au tour des Français de découvrir au 17ème siècle ce personnage agaçant et fascinant à la fois.

Don Juan est un libertin, il prend donc des libertés avec les femmes, la religion, la morale, la famille ... Il est un grand séducteur, joue aussi bien de son charme que de son éloquence. Il est le "séducteur du genre humain" et tel un metteur en scène tire toutes les ficelles.

On a souvent le sentiment que lorsqu'on a lu une pièce de Molière, on les a toutes lues ! Cette pièce est vraiment différente des autres : le tragique est fort présent dans la pièce et le fantastique occupe aussi une grande place. Cette pièce baroque a ce petit quelque chose qui la distingue des autres et la rend unique. La fin est spectaculaire et le personnage de Don Juan est finement travaillé. Sa relation trouble avec la religion le rend ambigu. Il se définit comme athée, dans ce cas pourquoi souhaite-t-il constamment défier Dieu ? Pourquoi blasphème-t-il sans cesse ? Que cherche-t-il à prouver en faisant du chantage au mendiant croyant ?

Une pièce intelligente, amusante parfois, polémique souvent qui gagne à être vue sur scène.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 5 novembre 2011


Un mythe revisité 6 étoiles

Première pièce de Molière que je lis et je l'ai trouvé assez sympa à lire. Je ne connais pas vraiment le mythe de Don Juan en dehors de ce roman mais je trouve que Molière a su mêler fantastique et libertanisme dans ce roman baroque. Très court à lire je le conseille à tout ceux qui sont intrigués par Molière ou par le mythe Don Juan ou simplement pour s'évader.

Marion3268 - - 30 ans - 20 août 2011


On aurait tort de s'en priver, ça mange pas de pain 7 étoiles

Tout d'abord, sachez que ça se lit extrêmement vite. En deux-trois heures l'affaire est pliée. C'est l'une des pièces les plus connues de "JB" et, contrairement à ce que l'on pourrait croire, pas l'une des plus anciennes. Ca doit être sa quinze ou seizième pièce, un truc du genre...Bref le gars était déjà bien expérimenté et ses lyrics affûtés.

Au regard du contenu, et bien qu'elle se terminasse conformément aux bonnes moeurs de l'époque, Dom Juan fut loin de réunir les suffrages. Pire, la pièce fut interdite, censurée, bâillonnée, jugée trop graaave! Bon, je vous avoue que lorsqu'on le lit aujourd'hui, ça va, on tient le choc, c'est pas si violent que ça! Et je gage même que si Molière avait vécu à l'époque de Sade et des libertins, il serait passé pour un enfant de choeur.

Dom Juan raconte l'histoire d'un notable complètement accroc aux nanas, incurable forniqueur dont le seul objectif est de séduire... et de jeter. C'est pas vraiment qu'il soit méchant, mais il ne se rend pas vraiment compte de son égoïsme primaire, ce qui a le don d'agacer son valet, Sganarelle, véritable tête pensante du duo, moralisateur mais pas vraiment plus honnête homme. Je vous en dis pas plus.

On suit donc au fil des pages les amourettes et les veuleries du Dom, mais aussi les emmerdes que son comportement lui attire, et les lapins qu'il sort à chaque fois de son chapeau pour s'en tirer... oui mais s'en tirer jusqu'à quand? HA HA HA!!! Comment je mets du suspense... (ou pas).

Conclusion: En un mot comme en cent, ça se lit très très facilement, c'est gentil, c'est Molière, et c'est un classique de plus à votre collection personnelle, qu'il est aisé de replacer dans vos cocktails mondains :-)

Megamousse - - 41 ans - 11 août 2009


Don Juan ... I love you 9 étoiles

Toujours présenté comme un pervers méchant, hypocrite, narcissique et insatisfait, moi, je l'aime.

Molière lui donne une façon de parler complètement délirante. Ses arguments, aussi controversés soient-ils, sonnent toujours justes, et on se prend à lui donner raison même quand il se montre horrible.

Son athéisme, ses opinions tranchées et son valet Sganarelle nous font passer un moment très appréciable. Quel classique indémodable.

A lire absolument aussi: La Nuit De Valognes, d'E.-E. Schmitt

niouf !

Nouillade - - 33 ans - 15 mars 2008


Le plaisir à travers les siècles 8 étoiles

J'ai relu ce grand classique de Molière avec beaucoup de plaisir et je redécouvre à chaque fois Molière en m'amusant autant.

Ici donc, Done Elvire s'étonne que son mari de Dom Juan soit parti en compagnie du valet de ce dernier, Sganarelle.
Poussé par son appétit insatiable de jolies jeunes femmes, Dom Juan use et abuse de sa fourberie et de l'aide de Sganarelle pour mener à bien ses desseins. Mathurine, Charlotte en feront les frais mais la morale rattrape souvent les Dom Juan et la bonne fortune les abandonne un jour.

Oxymore - Nantes - 52 ans - 25 mars 2007


Un juste retour des choses 6 étoiles

Molière garde toujours son charme malgré les années.
Don Juan, un grand séducteur, ne croit en rien. Une fois séduites et conquises, les femmes ne l'intéressent plus. Rien ne l'arrête même son père, son usurier, le Ciel.
Mais on est toujours rattrapé par là où on a pêché.
Cette pièce courte est très agréable mais reste très proche de nous.
Un bon moment plein d'humour.

Mallaig - Montigny les Cormeilles - 48 ans - 17 janvier 2007


Le coeur de tigre... 6 étoiles

La pièce elle-même ne fait qu'une soixantaine de pages, mais dans l'édition GF Flammarion le dossier, la chronologie historique et les notes la complètent jusqu'aux 200 pages.
Et c'est très intéressant !
Molière a ici revisité le Dom Juan de Tirso de Molina, délaissant quelque peu le personnage séducteur et grand consommateur de femmes pour lui donner une personnalité toute faite de paradoxes : grands discours sophistes, hypocrisie totale, Dom Juan n'est pas vraiment brillant orateur. Mais comme il est prêt à tout pour parvenir à ses fins, sa détermination et son incroyable culot nous ébahissent.
Sganarelle, son valet, est l'élément comique, qui sort un monceau de platitudes mal exprimées.
Molière a écrit cette pièce à 43 ans, dans la précipitation après l'interdiction de Tartuffe. Mais il l'a retiré lui-même au bout de 15 jours, réalisant la portée des passages choquants pour l'époque (foi, morale, libertinage, hypocrisie religieuse...). Ce n'est qu'après sa mort qu'elle sera éditée.

Un classique, base de notre culture, pas forcément passionnant à lire, sûrement beaucoup plus joyeux à voir en pièce.

Cuné - - 57 ans - 17 décembre 2004


Certainement mieux au théâtre qu'en livre 6 étoiles

J'ai beaucoup aimé cette pièce de Molière dont je trouve qu'on ne met pas assez en avant. Mais je dois avouer quand même qu'on ne doit certainement pas ressentir le même effet en la lisant qu'en la regardant dans un théâtre surtout pour la scène finale. En tout cas, Molière revisite le mythe de Don Juan et c'est un succès.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 2 août 2004


Un défi au Ciel 10 étoiles

Encore une remarque sur le Dom Juan de Molière : je me suis amusé une fois (on s'amuse comme on peut) à compter le nombre d'emplois du mot "Ciel" dans cette pièce. Résultat : 57, dont 30 dans le seul dernier acte. Plus que l'entreprise peu reluisante d'un dragueur enrubanné, cette aventure est d'abord un défi au Ciel. C'est d'ailleurs le sens de l'admirable dénouement : ce ne sont ni les frères de Done Elvire, ni la justice des hommes qui viennent à bout du libertin, mais la statue du commandeur, c'est-à-dire la main de Dieu. "Donnez-moi la main", dit la statue. "Le tonnerre tombe avec un grand bruit et de grands éclairs sur Dom Juan; la terre s'ouvre et l'abîme". Le caractère fantastique de cette page ne laisse aucun doute sur le caractère surnaturel du châtiment. Bien mis en scène, ce passage ne peut qu'éveiller un frisson dans l'esprit du spectateur le plus endurci. Ce frisson qu'apporte aussi, immanquablement, la simple audition du même extrait ("Da mi la mano...") transcendé par la musique de Mozart.

Lucien - - 69 ans - 27 mars 2002


Et le libertin? 10 étoiles

L'auteur de cette critique insiste sur le Dom Juan séducteur, et c’est normal : son nom n'est-il pas devenu synonyme de cette catégorie d'hommes à femmes justement vilipendés par Thémis ? Mais Molière voulait aussi (surtout ?) tracer le portrait d'un libertin, l’un de ces ancêtres du libre examen, voire de l'agnosticisme : «Je crois que deux et deux sont quatre, Sganarelle, et que quatre et quatre sont huit.» La scène la plus critiquée par les dévots est celle où Dom Juan promet un louis à un pauvre pourvu qu’il veuille jurer (c’est-à-dire blasphémer). Le mendiant refuse. Le «grand seigneur méchant homme» lui donne tout de même la pièce «pour l’amour de l'humanité».
Certes, il s’en tire par une pirouette. Mais il sous-entend tout de même que l’humain pourrait être une valeur apte à contrebalancer le poids du divin. Ce n’est pas par hasard que Camus, dans «Le mythe de Sisyphe», a fait de Dom Juan un modèle de l’homme absurde. Que Don Juan Tenorio ait aussi servi de modèle au Don Giovanni de Mozart, voilà une raison supplémentaire de lui accorder cinq étoiles !

Lucien - - 69 ans - 26 mars 2002


Séduites, oui....mais par Molière uniquement ! 10 étoiles

Un homme qui vous laisse choir dès qu'il vous a possédée pour passer à la suivante, c'est nul...et pourtant si courant de nos jours... On aurait pu croire que les années "SIDA" allaient refroidir ces messieurs, et bien pas du tout. Ils continuent d'additionner les conquêtes et les histoires sans lendemain. Sont-ils si peu sûr de leur pouvoir de séduction pour ainsi se rassurer sans cesse sur l'effet que continue à avoir celui-ci sur les femmes? Fort heureusement, tous les hommes ne sont pas des goujats!!

Thémis - Ligny - 54 ans - 13 septembre 2001