Mon cinéma
de John Irving

critiqué par Tistou, le 5 octobre 2007
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Littérature et adaptations cinématographiques.
A mi-chemin entre l’autobiographie et le bilan des mises à l’écran, ou des tentatives de mises à l’écran, des oeuvres de John Irving.
On est loin de la verve débordante d’imagination d’Irving, même si le constat qu’il tire est régulièrement frappé du coin d’un bon sens mâtiné de rouerie auquel il nous habitue régulièrement.
Où l’on apprend l’existence du docteur Frederick C. Irving, grand-père de John Irving, qui manifesta en son temps une verve hilarante et acquit une notoriété certaine de la création d’une chanson, dite de « carabin », et qui n’est pas pour rien, d’une part dans la vocation d’écriture de John, et d’autre part dans le personnage du docteur Larch, l’un des héros de « L’oeuvre de Dieu, la part du Diable ».
Où l’on suit les diverses péripéties qui auraient dû donner naissance à un film adapté de son premier roman ; « Liberté pour les ours », et qui en resteront au stade des péripéties.
Où l’on assiste aux efforts pour « l’accouchement de « Un enfant de la balle », le travail sur un scénario jusqu’à l’écriture du roman qui paraîtra finalement alors que le film restera à l’état de limbes.

« Bien qu’il m’ait fallu cinq ans et demi pour écrire le roman « Un enfant de la balle », une fois fini, le livre a été publié comme prévu, en 1994. Le scénario, lui, avait été programmé pour être produit en 1997, mais ça n’a pas marché. Puis on est passé à une programmation pour l’hiver 1999. Les deux fois, c’est Jeff Bridges qui devait prendre le rôle du missionnaire. Et dans les deux cas, il a manqué au film la même somme, un million et demi de dollars. La seconde production s’est effondrée tout comme la première. »

Où l’on suivra de près également les incessantes tractations, discussions, compromissions, sacrifices, recréations, … à mettre en oeuvre pour faire d’un roman un scénario, formaté en temps, coût et intérêt. C’est assez épuisant, il faut bien dire et la sortie de « L’oeuvre de Dieu, la part du Diable » s’étale sur quelques années.
C’est d’ailleurs dans ces explications qu’Irving nous donne que réside l’intérêt de ce livre. Il nous donne à voir, à toucher, l’énorme travail de redécoupage, de disparitions de personnages, de création d’autres, avec ce que cela représente sur le plan affectif et l’ego de l’auteur. Il nous livre là des confidences qui nous permettent de toucher du doigt la réalité de la création (vue par le filtre Irving). On est un peu Irving , il est notre confident.
La lecture de « Mon cinéma » est à recommander aux fans d’Irving. Et il est souhaitable d’avoir lu les trois romans cités ; « Liberté … », « Un enfant de la balle » et « L’oeuvre de Dieu, … », pour parfaitement appréhender les doutes et soucis que lui occasionnent les mises sur pied de ces différents scénarios.
Un passionné de scénario, ou de conception des films, y trouvera aussi son intérêt.