Invisibles
de Frédéric Boudet

critiqué par Cuné, le 23 octobre 2007
( - 57 ans)


La note:  étoiles
De l'intranquillité et des intranquilles
Les premières des douze nouvelles réunies dans ce recueil m'ont plongée dans la perplexité : je ne suis pas certaine de les avoir comprises, en fait. Et je ne goûte toujours pas l'exercice d'extrapoler à partir d'éléments dispersés, de bâtir ma propre interprétation à partir d'un texte volontairement ouvert. Mais ceci étant dit, dans le même temps dès ces premières nouvelles Frédéric Boudet installe un ton, une manière de s'adresser directement au petit coin de cerveau ou de coeur du lecteur qui est justement à même de déclencher l'empathie, ce qui provoque une irrépressible envie de continuer, d'aller voir la suivante.

La quatrième de couverture emploie un terme que j'affectionne particulièrement et qui me paraît être ici superbement juste : les personnages de toutes ces nouvelles sont intranquilles.
C'est subtil mais notable, il ne s'agit jamais d'angoisse ou de stress, de folie ou de franc chagrin, mais bel et bien d'intranquillité, qui nous est forcément familière dans l'une ou l'autre de ses manifestations.

Et de nouvelle en nouvelle, le malaise des premières se disperse pour laisser place à une acceptation totale, à une reconnaissance et enfin à un vrai plaisir de lecture.

"Noces de cuir", par exemple, nous entretient en un tout petit nombre de pages de ce couple qui vient pour la troisième fois fêter son anniversaire de mariage au même endroit. Rien n'a vraiment changé, mais pourtant tout est différent, et chacun des deux le sent très bien, à défaut de pouvoir l'exprimer correctement. C'est triste, la fin d'un amour, même polie et pleine de bonne volonté...

Teintes douces-amères qui sont juste à la limite du désespoir, sur le fil en permanence, on retient son souffle tout du long finalement et on note précieusement le nom : Frédéric Boudet, à suivre !