Bicentenaire
de Lyonel Trouillot

critiqué par Ddh, le 25 octobre 2007
(Mouscron - 83 ans)


La note:  étoiles
un sujet qui laisse à réfléchir
1804 : Haïti devient indépendante. 2004 : fête du bicentenaire de l’indépendance. Mais cette indépendance est factice. Il règne à Haïti une dictature policière. Une révolte d’étudiants pointe et c’est la manifestation à Port-au-Prince qui provoque un bain de sang.
Lucien, étudiant et aussi répétiteur du fils d’un médecin, se rend à la manifestation des étudiants pour la démocratie. A cette occasion, il réfléchit sur sa vie et son pays. Il revoit sa pauvre mère qui lui conseille la prudence, l’épicier qui vit dans une nostalgie du temps passé où la musique emplissait son univers, son jeune frère qui tourne mal et la belle étrangère, une journaliste pour qui il voue une passion qu’il n’ose avouer. Cette manifestation tourne mal suite à la malveillance des forces de l’ordre qui se font aider par des jeunes qu’ils payent. Des coups de feu font du dégât ! L’auteur nous dépeint dans ce roman la situation politique corrompue à Haïti.
Lyonel Trouillot manipule la langue française avec beaucoup de délicatesse et de poésie. Ce roman procède du poème et du conte avec une intrigue qui se développe inexorablement vers une fin qui ne peut être que tragique. Poésie dans les descriptions, phrases répétitives comme dans un conte, le parcours de Lucien qui se transforme en chemin de croix.
Toutefois, une certaine lenteur dans la progression dramatique gêne le lecteur.
Bouleversant!! 10 étoiles

Ce roman a pour fond cette journée de répression en Haïti, mais surtout il parle d'un homme qui est bouleversant de courage, de solitude et de détermination.
Au fond de lui il y a l'envie plus forte que tout de sortir de cette misère qui l'entoure, qui est partout.
Il a acquis un bagage culturel qui lui fait entrevoir qu'il y a une autre vie possible. Il croit qu'il peut y arriver, mais au bout du compte ce sont des montagnes gigantesques qu'il y a à franchir, la difficulté est quasi insurmontable pour lui, pour sa famille déjà tellement abîmée, pour tout son peuple, et la tentation du désespoir est permanente.

Pas d'effets appuyés, pas d'exercices de style, Lyonel Trouillot a des mots simples et terriblement justes qui vous visent là où ça fait très mal.

J'ai découvert ce Bicentenaire par hasard il y a quelques années. Ce livre avait été une révélation. J'ai été très émue quand j'ai vu que Lyonel Trouillot était dans les finalistes du prix Goncourt de l'année 2011.

Marimori - Gif-sur-Yvette - 73 ans - 15 février 2012