Hurrah Zara
de Jean Raspail

critiqué par CC.RIDER, le 26 octobre 2007
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Chevaleresque
Voici, sous la plume épique de Jean Raspail, la saga imaginaire de la famille Pikkendorf, cette longue lignée aristocratique née, au plus profond des forêts de l’antiquité germanique, d’une guerrière teutonne nommée Zara hâtivement béatifiée pour cause de christianisation de peuplades barbares…
Frédéric, dernier descendant de la prodigieuse lignée et ami d’enfance de l’auteur, pour compenser une vie médiocre, se fait un devoir de brosser pour l’auteur les portraits des figures les plus marquantes de sa famille disséminée aux quatre coins du globe. Selon leur orgueilleuse devise : « Je suis d’abord mes propres pas ! », les Pikkendorf en bons guerriers de noble extraction, se retrouvèrent de tous les combats, de toutes les guerres même les plus improbables et souvent simultanément des deux côtés du front.
Le propre père de Frédéric fut exécuté en 1944 pour avoir participé au complot de von Stauffenberg contre Hitler. Un autre de ses ancêtres accompagna l’archiduc Maximilien dans sa calamiteuse expédition mexicaine et y trouva la mort. Mais ce sont les femmes qui se taillèrent peut-être la part la plus remarquable. Elles portaient toutes le nom de Zara ou Zara- quelque chose. Au début du siècle, Zara-Elena, grande navigatrice, fit la chasse aux sous-marins allemands en Mer du Nord avec son bateau personnel après avoir fait preuve d’une grande vaillance comme ambulancière sur le front côté français. Une autre Zara, actrice célèbre, soigna avec dévotion les rescapés de Dien Bien Phu dans le secret d’un hôpital parisien qui accueillait les blessés les plus esquintés de la guerre d’Indochine. Monde moderne oblige, la dernière représentante de la tribu ne s’est illustrée que dans… une tentaculaire chaîne de pizzerias de luxe…
Une grande saga historique, follement romantique, dramatique et rocambolesque. Le lecteur est bluffé par l’imagination et l’érudition du grand romancier. Quel souffle, cette famille, quel panache ! A travers elle, Raspail a voulu montrer ce qu’est la quintessence du véritable idéal aristocratique, c'est-à-dire l’esprit chevaleresque allié à une bravoure sans faille qui ne supporte comme mots d’ordre qu’honneur, fidélité et… liberté. Quelque chose de définitivement incompréhensible, inadmissible et impraticable dans le monde tel qu’il est devenu. Un très grand livre. Hurrah Raspail !
La grande aristocratie . 8 étoiles

Il n' y a pas grand chose à ajouter par rapport à la critique précédente qui résume très bien l'ambiance générale du livre. En effet Jean Raspail trace un portrait de l'aristocratie qui a dû se perdre dans les oubliettes de la médiocrité de notre époque. Jean Raspail est l'écrivain de l'agonie. Celle des civilisations, des dynasties d'aristocrates, de peuplades primitives dont l'écho de la perdition vient nous chatouiller les oreilles et nous faire entendre le cri ultime d'agonie des valeurs sublimes de nos sociétés. Ecrivain polémique car situé du mauvais côté de l'échiquier littéraire, c'est à dire à l'opposé du conformisme intellectuel. Raspail est plus que talentueux, il est prophétique. Un seul bémol, le récit perd un peu de son allant vers la moitié du livre et repart sur les chapeaux de roues pour finir de manière pathétique et superbe.

Hexagone - - 53 ans - 16 décembre 2009