La bête à chagrin
de Paule Constant

critiqué par Alma, le 30 octobre 2007
( - - ans)


La note:  étoiles
A vous de juger!
A nous lecteurs de juger le degré de responsabilité de Cathie dans la mort de son mari et de son bébé, son mari qui l’a quittée enceinte pour vivre avec Malou, amie du couple et collègue de bureau de Cathie .

Raconté ainsi, le propos du livre semble le scénario d’un téléfilm . Il n’en est rien, car l’intérêt de ce roman est qu’au lieu de raconter les faits de manière univoque, Paule Constant multiplie les points de vue sur l’affaire : celui de l’héroïne ; celui de Jeff, étrange ami inquiétant et envahissant, compagnon de Lili, son ancienne camarade de classe ; ceux du policier enquêteur ; du juge et de l’avocat de la défense .
Les faits et les attitudes de Cathie sont interprétés par chacun de ces personnages, selon sa fonction, son humeur, son intérêt ou ses préjugés .
Cathie est-elle la femme perverse et manipulatrice que présente la juge , est-elle au contraire la victime de Jeff, cette sorte de psychopathe qui aurait devancé son désir secret de voir disparaître ce mari qui a brisé sa vie ? L’assassin est-il le vrai coupable ? Le crime n’est-il que le résultat de l’interaction entre ces deux personnages ?
La première phrase du roman est celle du juge s’adressant à Cathie « Vous racontez que …. » Nous sommes donc bien appelés à écouter, juger, au milieu de ce puzzle constitué des dires des différents intervenants et à reconstituer à partir de la version de chacun, la vérité de l’histoire

Paule Constant, sans juger son héroïne, parvient à rendre perceptible la spirale qui mène de la solitude de l’épouse abandonnée à une sorte de folie où se confondent victime et coupable . Elle sait aussi recréer l’atmosphère du bureau, les relations entre collègues contraints de travailler ensemble et de se supporter : Malou : la collègue exubérante, la stagiaire, la concierge, « le crapaud » à l’accueil, au milieu desquels se glisse un peu en retrait la discrète Cathie .
Si l’auteure a su également, jusqu’à la scène de la mort de l’enfant, traduire l’étrange lien qui se tisse entre Cathie et son bébé accepté/refusé, qu’elle nourrit, surveille et dont elle redoute d’être séparée, il me semble dommage qu’elle passe presque sous silence ensuite les effets de cette disparition pour ne plus s’attarder que sur celle du mari . L’enfant semble s’être dissous dans l’eau du bain et dans la conscience de sa mère, comme s’il s’était perdu dans un monde d’oubli et de silence .

Un roman juste, à l’écriture sobre, qui fait pénétrer parfois dans un monde en marge, qui accroche et dont on ne sort pas indemne
"L'assassin est-il le vrai coupable?"... 4 étoiles

... pour reprendre une phrase de la critique principale d'ALMA sur ce livre. Je ne vais d'ailleurs pas la paraphraser, je vous propose tout simplement de la lire pour vous faire une idée du sujet.

Pour part, je n'aurai que ma conclusion à apporter :

Malgré la qualité du sujet et de son approche, l'écriture sobre, j'ai été relativement hermétique à ce livre, je me suis ennuyée la plupart du temps... Ce livre ouvre pourtant plusieurs pistes de réflexion et permet, si on y adhère, de se faire sa propre lecture et son propre jugement des héros....

Paquerette01 - Chambly - 53 ans - 26 septembre 2008