Karl et Lola de Caroline Lamarche

Karl et Lola de Caroline Lamarche

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Aaro-Benjamin G., le 1 novembre 2007 (Montréal, Inscrit le 11 décembre 2003, 55 ans)
La note : 5 étoiles
Moyenne des notes : 6 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 4 étoiles (50 848ème position).
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Une relation malsaine

L’année dernière Max Monnehay explorait la soumission d’un homme à sa femme. Cette année, il s’agit de celle d’une sœur à son frère dans ce roman. Décor de ville perdue, climat de décrépitude pesant, rappelant Agota Kristof. Une ambiance sombre pour décrire les aléas de ce couple uni par le sang, de l’enfance à l’âge adulte, emprisonné dans une dynamique de sadomasochisme. La pauvre se fait gifler à répétition. Elle accepte et y consent. La présence de Stefan - ami d’enfance et éventuellement amoureux de Lola – ne sera pas assez pour briser le lien étrange et viscéral la retenant à Karl.

Une autre œuvre un peu lyrique, un peu morbide. La violence et la cruauté est sentie sans être explicite. De même, il n’est pas clair qu’un véritable amour tordu existe entre frère et sœur. Est-ce que toute cette agressivité cache une peur de l’Inceste? Ou ont-ils renoncé à s’extirper d’une coquille intime et confortable? On ne le saura pas.

Il est toujours difficile de deviner si un auteur a volontairement rendu son texte énigmatique ou tout simplement, n’est pas allé au bout de ses idées, par paresse. Quoi qu’il en soit, ce genre de bouquin me laisse toujours sur ma faim. L’écriture est belle. Mais dans cette chaîne de chapitres poétiques, certains ne sont pas à leur place : un achat chez IKEA utilisé pour faire une critique de la consommation moderne et une soirée de bowling. Dissonant.

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Roman impossible

7 étoiles

Critique de Kinbote (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans) - 24 août 2008

Caroline Lamarche décrit un monde qui tire à sa fin, où, sous couvert de pratiques aseptisées, la barbarie s’est généralisée. Un monde où la nature est niée etc. Voir les chapitres remarquables intitulés Ikea, Jonagold et Gala ou encore le passage sur le prélèvement du sperme des porcs, désormais interdits d’accouplement.
Dans cet univers, elle met en scène un duo de fin du monde, un frère et une sœur, comme unique garants d’une humanité en déréliction, car attachés par ses gènes, son histoire à un même lieu d’origine. La relation est basée sur une agressivité rentrée certes (qui s’exprime par des gifles répétées du garçon à la fille) mais aussi par un lien fort, incassable, qui ne va jamais à l’excès.

« Voilà ce qui a sauvé Lola : que celui que sa mère payait en échange d’une confiance aveugle, le Dieu à qui elle confiait ses pensées, lui embrasse les genoux en pleurant. Le choc ressenti par la transformation du Corbeau en amoureux vagissant l’a rendue folle, peut-être, dérangée certainement, mais libre de ne plus aller au fond, délivrée de cette obligation débarrassée de toute croyance, là où son frère, qui se prétend agnostique, se révèle prêt à mourir comme un Christ moderne. »
A partir de ce constat, page 43, les parcours du frère et de la sœur vont diverger, du moins sur le plan existentiel : la sœur veut vivre tandis que le frère poursuit son parcours d’autodestruction. Lola dès lors se porte en sauveuse de Karl qu’elle admire, qu’elle place au-dessus des autres. La petite sœur qui veut protéger son frère tout en n’étant pas dupe de l’issue fatale est ce qui donne tout son prix à cette fable qu’on peut trouver pas assez fouillée, parfois sèche, comme l’esquisse d’un roman désormais impossible à écrire.

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