Bouncer, tome 4 : La vengeance du manchot
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), François Boucq (Dessin)

critiqué par Shelton, le 2 novembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Une histoire de vengeance qui fait froid dans le dos...
Certainement l’album de la série le plus délicat à présenter sans détruire la construction haletante du scénariste… Mais relevons le défi !
Bouncer, alors bourreau temporaire de la ville, a été contraint d’exécuter deux personnes qu’il aimait, qu’il appréciait, sans pour autant savoir si ces connaissances étaient ou pas coupables… Il ne veut pas seulement se venger, il veut savoir, comprendre et, éventuellement, si nécessaire, se venger… Mais, avant, il ne connaîtra aucun repos.
Les choses seront délicates car il doit faire face à Cooper et sa bande. Ces derniers s’apprêtent à attaquer un pauvre paysan qui refuse de vendre ses biens, qui n’accepte en aucun cas de faire allégeance à ce despote infect. Mais il doit défendre son exploitation avec une grand-mère, une femme, un enfant… Bouncer, le manchot, peut-il apporter une aide décisive ?
Ce tragique épisode aura, aussi, du bon. Bouncer fera la connaissance de Yin Li, une belle chinoise… Sans être le grand amour, on sent que c’est une grande tendresse qui naît chez elle… et qui ne le laisse pas complètement indifférent…
Bouncer découvre, aussi, quelques éléments de son histoire personnelle, comme le lecteur, d’ailleurs. Son père est un Indien, le dernier survivant d’une tribu, celle qui était très proche du fameux « coral verde », le serpent qui tue beaucoup, décidément dans cette petite ville…
Bouncer a donc du sang indien et on découvre toute son initiation. Ce n’est pas sans faire penser aux aventures de Blueberry, un autre acteur des aventures western en bédé qui a été initié au monde des Indiens, à leur mentalité, leur philosophie de vie…
Dans la dernière partie de l’album, on apprend qu’un nouveau bourreau arrive à Baro-City pour remplacer Bouncer, démissionnaire depuis déjà quelques temps. Ce nouveau venu est, en fait, une femme, Antoine Grant. Habillée de noir et cigare à la bouche, elle fait peur…
Le travail de nos deux auteurs est toujours d’une très grande qualité. La narration graphique est dynamique, précise et elle tient le lecteur sans qu’il puisse refermer l’album.
Je n’ai pas encore parlé des couleurs de cette série. Elles sont réalisées depuis le début de la série par des équipes différentes. Le tome 1 par Ben Dimaégmaliw et Nicolas Fructus, le tome 2 par Nicolas Fructus seul comme pour le troisième que j’ai beaucoup aimé sous cet angle, puis le quatre est assuré par Sébastien Gérard et François Boucq lui-même comme ce sera le cas pour le cinquième. Ce dernier duo est très sombre et tragique dans ses couleurs ce qui est approprié et permet au lecteur d’avoir une narration textuelle prolongée par le dessin, renforcée par les couleurs ce qui est parfait.
Excellente série western pour adultes et passionnés… Mais je me répète un peu.
Bourreau pour un temps, manchot pour toujours 9 étoiles

Ca commence fort avec une vingtaine de planches mettant en scène l'attaque d'une modeste bicoque : c'est à couper le souffle ! On souffre littéralement pour les assiégés, d'autant plus que nous sommes maintenant habitués avec cette série à ce que l'horreur peut être montrée à tous moments... donc on s'attend au pire en tournant chaque page.
Personnellement, je trouve que les couleurs plus sombres sont plus appropriées ; tout comme les vignettes que j'ai trouvé plus grandes (donc moins nombreuses).
Petite anecdote, la fin du tome 3 nous invitait à poursuivre dans le suivant qui serait intitulé "La vengeance du bourreau" ; mais ce sera finalement "La vengeance du manchot" qui sera choisi.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 10 janvier 2013