Fraise et chocolat, tome 2
de Aurélia Aurita

critiqué par Bluewitch, le 28 novembre 2007
(Charleroi - 45 ans)


La note:  étoiles
Un nouveau fond de commerce?
Le premier tome de Fraise et Chocolat avait créé la surprise et touché un large public par sa vivacité, son adorable absence de pudeur, son charme coquin.
Le dessin minimaliste mais néanmoins efficace et ludique d’Aurelia Aurita a amplement séduit et séduit toujours dans cette suite plus épaisse des ébats de Chenda et de son amoureux Frédéric.

On entre davantage dans la réflexion plus en profondeur sur le couple, sur les attentes mutuelles, sur l’évolution de la sexualité, des envies, mais toujours sur un ton joyeusement dévergondé, même si parfois tout en questionnement.

Pourtant… là où l’on trouvait une certaine franchise détachée dans le premier tome, on ne peut s’empêcher de ressentir une forme de «prolongement» de bonne recette dans le second. Les mélanges de fiction et réalité sont toujours un risque, risque bien abordé justement au sein même de Fraise et Chocolat 2, lorsque l’amoureux de l’héroïne lui conseille de maintenir une certaine retenue dans son quotidien si elle ne veut pas passer pour l’exhibo de service… Que penser quand voilà que, bêtement, cette «innocente» spontanéité sexuelle qu'on appréciait se trouve gâchée par la photo de l’auteure en fin d’ouvrage, inutilement suggestive. Mais pas seulement. Gâchée aussi par l’interrogation qui surgit quand on se demande où cette nouvelle approche de la vie sexuelle de Chenda, avec ses doutes et ses peurs sur la relation même, nous mène vraiment : vers une défense de son émancipation ou un camouflage d’un ouvrage volontairement désinhibé mais quand même un peu naïf ? C’est dommage.

Dommage, aussi, cette fin qui n’en est pas vraiment une, laissant supposer ou même exiger une suite, avec la crainte de transformer l’ingéniosité du premier album (qui se suffisait parfaitement à lui-même) en un phénomène marketing perdant de son originalité et de son charme. On y sent moins le naturel…

Une agréable lecture, néanmoins, je ne le cache pas. Fraise et Chocolat 2 se lit d’une traite, tout en sourires et humeurs diverses, malgré la déception insidieuse dont on aurait aimé pouvoir se passer…
Le roman graphique suit son cours 8 étoiles

Je suis tout à fait d'accord avec la critique de Bluewitch, l'effet de surprise n'étant plus, la découverte n'est plus ce qu'elle était, et l'on peut s'attendre sans trop de risques à tome 3.
Pour les souvenirs que j'ai du tome 1 de Fraise et Chocolat, je dirai qu'il y a dans ce tome 2 un peu moins de lit et un peu plus de vie. Le roman graphique est lancé, et s'il reste ouvertement érotique, il s'ouvre un peu plus au monde extérieur.
Frédéric Boilet visite le monde de dédicaces en dédicaces et Chenda l'accompagne, jalouse de toutes celles qui peuvent approcher son amoureux. Plus anxieuse aussi, et si les 20 ans d'écart d'âge avaient raison de leur amour ? et s'il la quittait ? Sensibilité, humour et inquiétude (la scène du voisin avec ses onomatopées et leurs incompréhensions réciproques !), le dessin d'Aurélia Aurita continue de narrer sa vie de couple, sans rougir aux expériences les plus... légumineuses. (Lisez, vous comprendrez !)

Laure256 - - 52 ans - 6 décembre 2007