Dans la nuit Mozambique de Laurent Gaudé
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Passé inaperçu au début de l’été 2007, ce recueil – comme tout ce que Gaudé écrit – mérite un coup d’œil. Un regroupement de quatre textes, masculin, rude, violent, d’où émane la lassitude chaude de l’Afrique et les senteurs des écumes de mer, sauf pour la nouvelle mélancolique dissonante « Gramercy Park Hotel », située à New York, relatant les sentiments d’un vieillard pour une ancienne flamme. Que fait-elle là?
Celle qui donne son titre au livre représente parfaitement le thème sous-jacent. Quatre hommes se réunissent autour de la table et se racontent les grands moments de leurs voyages. Le récit du commandant Passeo – un lynchage non expliqué sur son bateau - est particulièrement captivant mais souffre d’une absence de finalité. La même constatation est faite pour « Sang négrier » - une fantastique chasse à l’homme dans le port de Saint-Malo marquée par une malédiction digne de Poe - dont la chute nous laisse sur notre faim. Enfin, « Le Colonel Barbaque » - le témoignage d’un traître ayant trouvé sa place au sein de l’ennemi, est un hommage prenant au continent noir, sans plus.
On meurt beaucoup dans les histoires de Gaudé. On se fond dans la nature, redevient animal et se mélange à la terre. Les personnages principaux cherchent leur voie, sont fiers et toujours réalisent à quel point ils sont fragiles. Le talent de raconteur de l’auteur est indéniable. Les phrases sont simples mais rondes et pleines de signification. Toutefois ici, il est dommage que l’on nous offre cette belle prose dans une collection un peu bâclée. Des aventures frustrantes comme des promesses non tenues.
Les éditions
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Dans la nuit Mozambique [Texte imprimé], et autres récits Laurent Gaudé
de Gaudé, Laurent
Actes Sud / Domaine français (Arles)
ISBN : 9782742767816 ; 16,30 € ; 03/05/2007 ; 146 p. ; Broché -
Dans la nuit Mozambique [Texte imprimé], et autres récits Laurent Gaudé
de Gaudé, Laurent
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742776832 ; 7,00 € ; 15/08/2008 ; 159 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (4)
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Ou la complexité du cerveau...
Critique de Mcchipie (, Inscrite le 16 mai 2007, 47 ans) - 4 juin 2012
"Le sang négrier", "Grammercy Park Hotel", "Le colonel Barbaque", "Dans la nuit Mozambique" : quatre récits qui explorent la culpabilité, la violence et les souvenirs... De New York à Saint-Malo, de l'Afrique au Portugal, qu'ils soient poètes, esclaves, soldats ou marins, les personnages tentent d'échapper à la fatalité. Le talent de conteur de Laurent Gaudé fait merveille, mêlant magie noire, guerres destructrices et histoires d'amour, avec, toujours, en arrière-plan, la mer et l'ombre entêtante de l'Afrique.
Mon avis :
Je ne suis pas friande de nouvelles, cependant, celles-ci se sont laissées dévorer sans laisser une miette.
Le thème : La conscience, la mémoire, l'état psychologique. Ce phénomène qui fait que le cerveau même si on n'en est pas conscient sent que la limite est franchie, et fait que nous débloquons.
Entre celui qui se rend compte qu'il a tué inutilement un homme et que cette mort le poursuit
Celui qui sent sa fin proche et revoit sa vie en laissant affleurer ses regrets
Celui qui a été rongé par la barbarie de la guerre et comprend à son dernier instant la stupidité de son comportement
et ceux qui ont besoin de se remémorer certains passages de leurs vies pour vivre heureux
on se rend compte que l'être humain c'est une machine très complexe.
Des histoires sans fin... mais avec de bons débuts
Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 19 janvier 2012
Gaudé est indubitablement très bon conteur, et le lecteur ne doit pas se faire de souci, il sera emporté dans l'histoire.
Quelle dommage que ces deux histoires se terminent... par le néant.
Rien. C'est fini. Mais... les réponses aux mille questions qu'on se pose ? Comment se fait-il que... ? Qui est réellement... ? Par quel malheur ce personnage est-il... ?
Non. Pas de réponse. On n'aurait bien aimé savoir... ça, Monsieur Gaudé, vous ne l'emporterez pas au Paradis !
Merci quand même pour les bons moments passés.
Les Douceurs de l’Apocalypse !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 27 octobre 2011
On y retrouve l’écriture flamboyante de son roman Goncourt « Le soleil des Scorta ».
Une écriture lumineuse , des personnages forts , des émotions intenses et des images qui jaillissent. Laurent Gaudé est sans conteste un grand écrivain.
L’auteur nous embarque dans les noirceurs de l’âme humaine ou violence , passion , culpabilité parviennent à côtoyer de petits moments de bonheur.
Sang négrier :
5 esclaves noirs , embarqués sur l’Ile de Gorée , s’échappent d'un navire à quai à St Malo.
S’ensuit une traque ( une battue ) pour retrouver et châtier les évadés. Mais ils ne parviendront pas à reprendre le dernier qui semble se jouer d’eux.
Violence , vengeance aveugle , lynchage . Des actes qui saliront à jamais l’âme du commandant , rongé par le remord.
Gramercy Park Hôtel :
Moshe S.Cravicz est au crépuscule de sa vie quand il est violemment agressé au bas de son immeuble.
Acte qui lui fera dérouler sa vie et se souvenir de son unique Amour, Ella, et de leur mariage à Gramercy Park Hotel.
Un récit sensible sur la nécessité de vivre l’instant présent.
Le Colonel Barbaque :
Quentin Ripoll est « psychologiquement mort » dans les tranchées de la Guerre 1914-18.Il est fatigué d’avoir tant tué.
Il doit la vie à M’Bossolo – soldat africain – qui mourra de la grippe espagnole.
Révolté de constater que les nègres meurent dans l’indifférence pour une guerre qui ne les concerne pas.
Il quitte femme et enfants pour rejoindre l’Afrique et étancher sa soif de « hyène qui s’ennuie lorsqu’elle ne tue pas ».
« Le ciel est vide » se complait à dire Quentin , désormais surnommé Colonel Barbaque par ses frères africains.
Un récit fort , poignant.
Dans la nuit Mozambique :
Amiceto de Medeiros , Fernando Pimenta , Manuel Passeo et le Contre-amiral Da Costa se réunissent régulièrement dans le restaurant de Fernando pour « raconter des histoires ».
Celle de « la fille de Tigirka » résonne en eux avec acuité.
« C’est comme déguster les Douceurs de l’Apocalypse » ( choux à la crème ) dira Fernando.
Un voyage sur les côtes du Mozambique de Beira à Maputo . Trafic de marchandises et d’hommes… avec son lot de pertes.
Récit poignant empli de dureté et d'une belle amitié d'hommes.
A consommer sans modération !
Au seuil des ténèbres
Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 18 juin 2008
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