Nébulosité croissante en fin de journée
de Jacques Côté

critiqué par Grass, le 14 décembre 2007
(montréal - 47 ans)


La note:  étoiles
Garder espoir
Étant toujours pratiquement vierge dans ma connaissance du polar québécois, j’ai enfin cru bon commencer à mettre un terme à cette lacune en me lançant avec l’un des auteurs qui me semblaient le plus fiable. Jacques Côté a écrit trois romans de « littérature générale » avant de se lancer dans le récit policier. Nébulosité… est la première enquête de l’enquêteur Daniel Duval, de la SQ. Nous sommes à Québec à l’été 1976 alors qu’un repris de justice qui s’est fait renvoyer du garage où il travaillait en réinsertion décide de se venger en tirant au hasard des automobilistes, selon ce que lui dira la carte de Mille-Bornes pigée préalablement. Le criminel ne lésine pas sur les coups bas, et alors que les médias de Québec s’emparent de l’affaire, Duval et son collègue Louis Harel, dit Le Gros, subissent les assauts de leur chef Pouliot, qui veut avant tout redorer l’image publique de la police.

Daniel Duval peut presque se ranger aux côtés du Wallander de Mankell, ou encore du Rebus de Rankin. Tout ce que l’on espère de ce genre de récit s’y retrouve : une enquête tordue, des relations malsaines entre collègues policiers, une histoire d’amour naissante, un policier pris entre son devoir de justicier et son rôle de père, presque tout y est. Mis à part que Duval ne semble pas avoir de défauts. Pas que j’aie un problème avec les super héros, seulement, Duval est tellement politically correct, limite téteux. Les défauts se trouvent dans les personnages qui l’entourent, principalement dans la personne de Louis, qui est tout le contraire de Duval, gros, maladroit, vulgaire, instable, mais tellement attachant.

Peut-être cette impression est-elle accentuée par le langage utilisé par l’auteur. Je suis capable de laisser passer certaines tournures convenues dans la narration, mais passé un certain point, j’essoufle. Le roman s’étend quelque peu dans le verbiage et les descriptions, certaines fins de chapitres ou de parties tombent à plat, et les dialogues auraient besoin d’être passés à l’eau de javel. D’abord, ceux entre Duval et sa nouvelle flamme Laurence sont souvent inintéressants et gagas, et ont pour principale qualité de ralentir l’histoire. Malgré une certaine intention de l’auteur à faire parler ses personnages de façon à ce qu’on les différencie, la rigueur prend souvent le bord de sorte que l’on se retrouve avec des dialogues absolument impossibles. En aucun cas, je ne concèderai que le personnage de Louis « Le Gros » Hamel dise à son collègue, entre deux Jos Louis, « J’ai finalement été exonéré de tout doute ». Impossible. Et la fille préadolescente de Duval parle souvent comme une femme. Au début, ça passait, mais c’est vite devenu lourd. L’histoire aurait gagné à être coupée en certains endroits et les dialogues sérieusement revisés à voix haute.

Quoi qu’il en soit, ça ne m’empêchera pas de lire la suite, « Le Rouge Idéal », qui semble-t-il est un grand roman. Peut-être celui-ci n’était-il qu’un tour d’essai.
Nubulosité Croissante 10 étoiles

Ce roman est une belle surprise pour moi. J'ai complètement pris un guest car je me cherchais un polar québécois. Je n'ai pas été déçu. C'est vraiment une bonne idée que l'histoire se passe dans les années 1970. J'aime ce petit côté vintage. Le second livre de la série est encore meilleur d'après moi.

Exarkun1979 - Montréal - 44 ans - 6 août 2011