Ernie Pike, Tome 2
de Hugo Pratt (Dessin), Hector Oesterheld (Scénario et dessin)

critiqué par Shelton, le 22 décembre 2007
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note: étoiles
La guerre, révélateur d'humanité ?
La seconde guerre mondiale est entièrement au cœur de ces récits de tailles différentes. Mais, vous ne trouverez rien, ou presque, sur les causes de la guerre, les grandes stratégies et les chefs militaires de ce désastre. En fait, il s’agit de gros plans, d’instantanés, de rencontres, qui mettent en jeu des hommes, des femmes aussi, avec, surtout, les qualités et les défauts de l’humanité montrés du doigt, les doigts du scénariste, Hector German Oesterheld, et du dessinateur, Hugo Pratt, du moins pour les épisodes qui sont relatés dans ces rééditions des éditions Casterman.
Ernie Pike, un reporter de guerre nous raconte ces histoires soit parce qu’il en a été le témoin, soit parce qu’elles sont arrivées jusqu’à lui…
La fuite, première histoire, tout en étant tragique, présente un petit côté humoristique car on y voit un soldat américain confronté aux soldats japonais, qui va subir la torture… et qui trouve un stratagème pour être certain de ne pas parler… Le chef japonais le traitera, alors, avec réalisme, de gros malin !
J’ai beaucoup aimé le second récit, Convoi pour Malte, un de ces récits de guerre où hommes et femmes se retrouvent dans la même galère. Le capitaine Butch et la belle Jill vont œuvrer ensemble pour sauver l’île de Malte d’un blocus terrible. Que deviendront-ils en fin d’histoire ? L’amour peut-il naître lors d’un tel conflit ? Vous le découvrirez en fin de ce récit qui est assez long et de très grande qualité…
L’histoire suivante, Poilu, est assez sanglante mais lisible, quand même… La sentinelle, elle, est certainement une des plus tendres car elle montre que la guerre, les tenues et les idéologies peuvent épargner quelques êtres humains… Même, si les réconciliations ont souvent lieu sur les tombes encore fraîches… Enfin, Destins croisés est une sorte de clin d’œil, de sketch, de tragi-comédie à l’antique, bref une histoire beaucoup plus légère que les deux précédentes…
Encore un très bel album qui montre la qualité du travail de Hugo Pratt dont on ne connaît trop souvent que les aventures de Corto Maltese, certes de très bonne tenue, mais qui ne doivent pas étouffer et dissimuler le reste qui, lui aussi, est le témoignage d’une narration graphique tout simplement remarquable, en tous cas à mes yeux !!!